Corse Net Infos - Pure player corse
Corse Net Infos Corse Net Infos

CorseNetInfos


Présidentielle : que proposent les douze candidats pour la Corse ?


Julia Sereni le Jeudi 31 Mars 2022 à 16:15

Alors que la question corse s’est invitée dans la campagne présidentielle, les candidats ne sont pas toujours d’accord sur les solutions à apporter pour l'île. Autonomie, statut, langue : tour d’horizon des propositions des douze prétendants à l’Élysée.



Les affiches à Ajaccio. Photo Michel Luccioni
Les affiches à Ajaccio. Photo Michel Luccioni

Pour Emmanuel Macron, « l'autonomie n'est pas un tabou »

« L'autonomie n'est pas un tabou. » La phrase, prononcée par Emmanuel Macron le 17 mars dernier à Aubervilliers, au sujet de la Corse, n’est pas passée inaperçue. Toutefois, si le président-candidat s’est dit prêt à « reconnaître les spécificités historiques, géographiques et culturelles », cela se fera « dans la République française et la langue française ».

Envoyé sur l’île pour engager un « cycle sans précédent de discussions » avec les élus et les forces vives, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, a enfoncé le clou. « Le gouvernement est prêt à aller jusqu'à l'autonomie », a t-il annoncé. Ce statut pourrait voir le jour d'ici la fin de l'année 2022, sauf si, bien sûr, le locataire de l'Élysée venait à changer...

Nathalie Arthaud : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes

« Je suis pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, donc il faut que les Corses puissent dire comment ils veulent s’administrer », a déclaré la candidate Lutte ouvrière ce mardi 29 mars sur le plateau de RMC et RMC Story.
 
Toutefois, pour Nathalie Arthaud, le combat à mener est, avant tout, économique. « La Corse, c'est un département (sic) qui est pauvre. Quand on est pauvre, sans boulot, mal payé, l’autonomie administrative ne suffit pas pour gagner sa vie. Il faut autre chose. Je suis convaincue que la Corse, c'est le combat de tous les travailleurs. »

L'autonomie, mot « dangereux » pour Nicolas Dupont-Aignan

En déplacement sur l’île le 18 mars dernier, le candidat de Debout la France a indiqué qu’il voyait d’un mauvais oeil la perspective d’une autonomie pour la Corse, jugeant le terme « dangereux ». « Ce mot veut tout et rien dire à la fois. Tout dépend de ce que l’on met à l’intérieur. Le sort de la Corse ne se joue pas entre MM. Darmanin et Simeoni », a t-il ajouté.
 
Pour Nicolas Dupont-Aignan, les diverses évolutions institutionnelles n’ont rien apporté de concret. « Avant de parler d’autonomie, il serait plutôt judicieux de poser les bonnes questions et de voir où en sont les compétences attribuées à la Collectivité de Corse. » Sur la coofficialité, il s’est montré clair : « La Corse a une spécificité, commente-t-il, et il faut le respecter mais dans le cadre d’une République qui reste une et indivisible où le français est la seule langue ».

Autonomie « législative » dans la République pour Anne Hidalgo

La candidate du Parti socialiste a estimé le 16 mars dernier au micro d'Europe 1 qu'il fallait « donner des pouvoirs à des collectivités qui ont des statuts particuliers comme la Corse ».

Sur le processus d'autonomie, Anne Hidalgo s'est déclarée plutôt favorable. « Il faut discuter et aller vers une autonomie législative », a-t-elle assuré. Pour autant, la maire de Paris trace une limite : « rester dans la République ».

Yannick Jadot : oui à l'autonomie

En déplacement en Corse fin janvier, le candidat écologiste s'est déclaré favorable à l'autonomie. « Je souhaite, dans cette relation nouvelle que nous mettrons en place avec la Corse, pousser toutes les logiques d’autonomie : autonomie politique, autonomie économique, autonomie énergétique, autonomie alimentaire. »

Yannick Jadot a appelé le 28 mars dernier sur Europe 1 à « construire avec la Corse une relation apaisée ».

Jean Lassalle pour une autonomie « très large »

Le député des Pyrénées-Atlantiques, qui siège au sein du groupe Libertés et Territoires aux côtés des élus nationalistes, plaide pour un statut d'autonomie pour la Corse.  Il entend s'appuyer sur l'exemple des Açores, « qui ont un statut d’autonomie très large, avec un pouvoir régalien qui reste au Portugal ». 

Marine Le Pen : « La Corse doit rester française »

En réaction aux annonces gouvernementales, la présidente du Rassemblement National a tweeté, le 16 mars dernier : « Passer de l’assassinat d’un préfet à la promesse d’autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique ? Je refuse que le clientélisme cynique d'Emmanuel Macron brise l'intégrité du territoire français : la Corse doit rester française ».

Jean-Luc Mélenchon pour l'autonomie

Dès le mois de décembre dernier, Jean-Luc Mélenchon s'était dit « d'accord pour que l'article 74 de la Constitution, qui est déjà le statut de la Polynésie française, soit appliqué à la Corse si elle le demande ».

Ugo Bernalicis, député Insoumis, en visite à Ajaccio le 21 mars dernier, a confirmé la déclaration de son candidat  : « Nous sommes convaincus que c’est vers l'autonomie qu’il faut aller ».

Valérie Pécresse : un « oui » et des lignes rouges

Pour la candidate de droite, « l’autonomie, c’est un processus ». Valérie Pécresse dit souhaiter, si elle est choisie par les Français en avril prochain, « lancer un processus de décentralisation qui sera le plus ambitieux que la République ait connu depuis les lois Deferre ». Pour la Corse, « cela veut dire la possibilité d’évoluer vers un statut d’autonomie, mais ce statut il faudra le construire sur dix ans ». 

Si un pouvoir réglementaire accordé aux régions « ne choquerait pas » la candidate de la droite, elle affiche tout de même ses « lignes rouges » sur les principales revendications nationalistes : la coofficialité et le statut de résident, des mesures considérées comme des « atteintes à une nation une et indivisible ».

Philippe Poutou pour l'autodétermination

À Ajaccio, le 23 mars dernier, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste a dénoncé « la violence de l'État français  ».  Il revendique le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : « Il y a un peuple, il faut lui reconnaitre des droits. Après, c’est au peuple de décider de ces choses-là. Jusqu’où aller, quelle forme d’autonomie, quels liens avec la France ? C’est au peuple corse et à la jeunesse corse qui est en train de se battre de se prononcer. »

Mais reste prudent sur la question de l'indépendance : « Si jamais on va vers un processus d’indépendance, comment garantir la question des droits sociaux pour les populations ? »

L'autonomie « ne va pas remplir le frigo des Corses » pour Fabien Roussel

Sur l'île début février, le candidat du Parti communiste français s'est montré plutôt réticent à une évolution institutionnelle. Concernant l'autonomie, il déclarait : « Moi je veux savoir ce qu’il y a derrière ce mot. On parle de quoi exactement ? Que demandent ceux qui proposent cela ? ». 
Propos qu'il a, par la suite, confirmé de manière plus tranchante : « L'autonomie ne va pas remplir le frigo des Corses ». 

Éric Zemmour dit non à une autonomie « qui va vers l'indépendance »

L'ancien polémiste a marqué son opposition à une autonomie « qui va vers l'indépendance » de la Corse, le 17 mars dernier sur France 2. Pour Éric Zemmour, l'île dispose déjà d'un statut particulier, à modifier à la marge. « Cette collectivité a des compétences, on ajuste. » Sur la langue, pas question d'accepter la coofficialité : « La langue française est la langue de la République française », a-t-il indiqué. 

« Mais la question qui se pose à la Corse, c'est une question identitaire », a estimé Éric Zemmour. « La Corse veut défendre l'identité corse et ils ont raison. Les Corses aiment la France quand la France est grande. »