Nicolas Dupont-Aignan avait prévu de venir en Corse dans le cadre de sa campagne électorale avant le premier tour mais il a précipité sa visite, « c’est, dit-il, en raison des annonces superflues effectuées par le Gouvernement. Il était important, dans ce contexte délicat, qu’une autre voix s’exprime. »
Au cours de la conférence de presse donnée ce vendredi à Ajaccio, le leader de « Debout la France » a, momentanément, mis de côté son programme et est vite revenu sur une possible autonomie de la Corse promise aux Corse par le gouvernement. « Ce sont des manœuvres préélectorales, a-t-il commenté en guise de préambule, en réalité, le gouvernement n’a pas pris la mesure de ce qui s’est passé le 2 mars à la prison d’Arles. »
« L’État n’a rien fait depuis cinq ans pour la Corse »
Argumentant autour de l’un de ses axes majeurs de campagne, « La France Indépendante », Dupont-Aignan n’a pas manqué d’évoquer « le comportement des islamistes radicaux dans les prisons françaises, quel que soit le statut des prisonniers. C’est un acte inadmissible et l’État y est grandement responsable. »
Le candidat a ensuite analysé les violences de ces deux dernières semaines, tapant au passage, de nouveau, sur l’actuel gouvernement. « On ne peut pas justifier la violence, ajoute-t-il, elle ne mène à rien. Mais ceci étant, l’État n’a rien fait pour la Corse depuis cinq ans et jette, aujourd’hui, en pâture, le mot d’autonomie qui peut être dangereux pour les Corses. Ce mot veut tout et rien dire à la fois. Tout dépend de ce que l’on met à l’intérieur. Le sort de la Corse ne se joue pas entre MM.Darmanin et Simeoni. »
Autonomie, un mot qui fait encore grincer les dents du côté de « Debout la France ». « La Corse a eu quatre statuts depuis 1982, pour autant rien n’a été résolu, peste le candidat, avant de parler d’autonomie, il serait plutôt judicieux de poser les bonnes questions et de voir où en sont les compétences attribuées à la Collectivité de Corse. ».
Toujours sur le même sujet, Nicolas Dupont-Aignan propose des États généraux d’une durée de six mois dans l’île afin d’évaluer la situation et la marche à suivre. « Le statut actuel est-il efficace ?, s'interroge-t-il, Faut-il aller plus loin et comment ? voilà les bonnes questions à se poser. »
Martelant l’unité de la République, le candidat à l'élection présidentielle insiste sur le fait que la Collectivité de Corse « règle avant tout les problèmes dont elle a la charge notamment l’utilisation du statut actuel. Calquer la Corse sur le modèle de la Polynésie serait un grave danger pour la République, un pas de plus vers l’Indépendance que la majorité des Corses ne souhaitent pas. » Une manière de camper sur des positions qui semblent obsolètes et une conception de la République qui s’effrite. Pas question, pour le candidat, de prôner une décentralisation qu’il juge « dangereuse pour les fondamentaux de la République. Il est important, pour avancer, de prendre en compte la vision bureaucratique de l’Europe qui gère tout depuis Bruxelles sans se soucier des spécificités. C’est aussi cela, l’un des axes majeurs de ma campagne. La notion de liberté. En Corse, elle peut impliquer plus de moyens et de pouvoirs... »
Le français est la seule langue
Pour autant, pas question non plus d’évoquer les fondamentaux des majorités territoriales depuis 2015 (coofficialité de la langue, statut de résident, reconnaissance du peuple corse…). « La Corse a une spécificité, commente-t-il, et il faut le respecter mais dans le cadre d’une République qui reste une et indivisible où le français est la seule langue. »
Une visite-éclair où le candidat est allé à la rencontre des Ajacciens. Ces derniers étant plus préoccupés par l’actualité de ces derniers jours et le retour de la Madonnuccia. Pas sûr que Nicolas Dupont-Aignan aitfait le bon choix de venir à Ajaccio en ce 18 mars...
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