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A Fiera di u vinu à Portivechju : « Si on veut être bu, il faut être vu ! »


le Samedi 10 Mai 2025 à 14:38

A Fiera di u vinu se tient pour la première fois à Portivechju ce week-end. Il y a deux ans, l’organisation avait souhaité délocaliser l’événement né à Luri en 1989, dans une volonté d’aller à la rencontre des viticulteurs de toute l’île. Ce samedi, à l’heure de l’inauguration, ces derniers étaient au rendez-vous : on en a dénombré pas moins de quatre-vingt, record battu. Et les amateurs de vin ont afflué aussi.



Ce samedi à Portivechju, le public est venu découvrir - avec modération - les différents vins et cépages corses.
Ce samedi à Portivechju, le public est venu découvrir - avec modération - les différents vins et cépages corses.
En 36 ans d’existence, c’est seulement la deuxième fois que A Fiera di u vinu s’exporte, loin de Luri et du Cap Corse. L’an dernier, elle était à Lisula et cette année, c’est à proximité du port de Portivechju qu’elle a pris ses quartiers durant tout le week-end. Mais pour Valérie Tomei, viticultrice cap-corsine au domaine Pieretti, ça ne change rien : « On suit ! On n’a jamais raté une foire. » Comme le souligne Pierre Novella, propriétaire du domaine éponyme à Patrimonio, il y a du bon à rencontrer les viticulteurs de toute l’île : « Chaque région a ses spécificités en matière de fabrication du vin. Et pour nous, c’est l’occasion de faire découvrir les produits de Haute-Corse. »

Maître de chai au domaine de Torraccia de Lecci, Sébastien Eymard met en avant « ce bel esprit d’équipe », lui qui ne boude pas son plaisir de voir la Fiera se tenir à quelques kilomètres de son domaine. « On joue devant nos supporters ! » renchérit Pierre-Paul Nicolai, du domaine Nicolai à Figari, qui a découvert la Fiera ces dernières années, son exploitation n’ayant que cinq ans d’existence: « Je n’en raterai plus une seule. On mange et on boit avec les copains, donc c’est bien ! », sourit-il, non sans perdre de vue l’objectif premier, pour chacun des viticulteurs présents : « Si on veut être bu, il faut être vu ! »

« Les gens, aujourd’hui, consomment de moins en moins de vin »

Joël Rossi, du domaine Petra Bianca, également de Figari, se montre lui plus dubitatif sur le rayonnement de l’événement : « Pour se faire connaître, c’est bien, mais les gens aujourd’hui consomment de moins en moins de vin. » Il s’inquiète du renouvellement générationnel : « Je ne sais pas si ce type d’événement permet d’attirer une nouvelle clientèle. Regardez, vous voyez beaucoup de jeunes ici ? » Néanmoins, il a joué le jeu, aussi parce que A Fiera se tient à domicile cette année : « J’aurais préféré qu’elle soit vraiment à domicile, nous reprend-il. Porto-Vecchio, c’est deux hectares de vigne. Figari, c’est deux cents... »

Sous le grand chapiteau installé derrière la marina, le public est venu en nombre, dès le matin, découvrir (avec modération) les différents vins, à travers les dégustations proposées dans chacun des stands. L’occasion, aussi, de faire la différence entre la diversité de cépages, de pratiques et de personnalités. De plus, des masterclass, conférences et ateliers rythment l’événement durant tout le week-end, avec le soutien de sommeliers, cavistes et chefs de renom.

Grâce à Trump, un marché pour le vin corse au Canada ?

Le Bastiais Laurent est venu à Portivechju avec son chauffeur, Jérôme : « L’avantage d’avoir un chauffeur, c’est que je peux goûter à tous les vins ! », plaisante-t-il. Ledit chauffeur affirme ne pas être frustré : « Je le vis très bien. Je suis venu ici pour manger, moi ! » En effet, si le chapiteau est réservé aux viticulteurs, les abords du site, en extérieur, sont parsemés de stands rendant honneur à la gastronomie corse. « On a initié la petite… Pas au vin, à la charcuterie », précise un couple, Romain et Céline, venus du Continent, leur petite fille sur les épaules du papa. « Quand on vient en Corse, on sait qu’on va bien boire et manger, poursuit Céline. Et on a plaisir à ramener des produits corses pour partager avec les copains. » Venus de Tours, Benoît et Joanna ont fait un giru à la Fiera di u vinu, juste avant de reprendre l’avion : « Il y a un salon du vin aussi chez nous en ce moment. On n’a pas pu le faire, alors on vient ici ! » Margaret, elle, arrive de… Toronto au Canada. Le vin corse ? « J’aime ! C’est insolite pour nous, Canadiens, de pouvoir déguster du vin corse, car il n’y en a pas beaucoup au Canada. » Dans sa volonté de faire la guerre commerciale à ses voisins canadiens, le président américain Donald Trump a provoqué leur colère : « On ne veut plus boire du vin américain, confirme Margaret, les produits américains sont vidés de nos supermarchés. Il y a une opportunité pour les vins corses ! »

Eliane, de son côté, vient d’un peu moins loin, Bocognano. Elle n’aurait manqué pour rien au monde A Fiera di u vinu. Pas parce qu’elle apprécie spécialement le produit, mais pour son esprit de solidarité : « A Bocognano, on a la foire la châtaigne et on est content quand on vient nous voir. Donc c’est normal de rendre visite aux autres. C’est le partage. »