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Saint-Florent : la première femme corse commandeur du Mérite maritime est bénévole de la SNSM


Léana Serve le Lundi 22 Septembre 2025 à 15:57

Engagée depuis 38 ans dans le sauvetage en mer dans le Nebbiu, Christiane-Colomba Jacquouton vient d’être nommée commandeur de l’ordre du Mérite maritime, la plus haute distinction de cette institution. Première femme en Corse à recevoir cet honneur, cette ancienne professeure de mathématiques a su transmettre sa passion à plusieurs générations, tout en œuvrant pour une meilleure reconnaissance des professionnels du monde maritime.



Crédit : SNSM de Saint-Florent
Crédit : SNSM de Saint-Florent

C'est une première en Corse. À l’occasion de l'assemblée régionale de la SNSM, organisée ce samedi 20 septembre à Saint-Florent, Christiane-Colomba Jacquouton a été nommée commandeur de l’ordre du Mérite maritime, la plus haute distinction de cette institution créée en 1930. Une reconnaissance exceptionnelle pour cette femme engagée depuis 38 ans dans le sauvetage en mer. « C’est un grand honneur, une immense joie. Jamais je n’aurais pensé atteindre ce grade », confie-t-elle, encore émue. Cette distinction, rare même à l’échelle nationale, est accordée deux fois par an. En devenant commandeur, elle rejoint un cercle restreint, puisqu’elles ne sont plus que deux femmes en France à avoir reçu ce grade.
 
Membre de la SNSM depuis 1987

Fille de marin et passionnée par la mer depuis l’enfance, Christiane-Colomba Jacquouton a consacré une grande partie de sa vie à la SNSM. Elle rejoint la station de Saint-Florent en 1987, d’abord comme simple équipière, avant de gravir progressivement les échelons. « Ma première sortie, c’est sur la vedette 205. Quelque temps après, le patron nous a fait intégrer la station, avec mon mari, une sorte de stage pour voir si  nous tenions le coup. Nous avons été intégrés officiellement en 1990. » Deux ans plus tard, elle obtient le permis C, indispensable pour piloter la vedette de sauvetage de la station. « Je suis passée de radio-navigatrice à sous-patron, patron suppléante, et enfin patron avec la dernière vedette, la 165. »
 

Des vocations nées en mer

Professeure de mathématiques au lycée Paul-Vincensini à Bastia, elle a toujours fait le lien entre sa passion pour la mer et son métier d’enseignante. Très tôt, elle cherche à sensibiliser ses élèves à la culture maritime, en les emmenant au plus près du terrain. « Je les faisais sortir sur la vedette du sauvetage, la vedette des douanes, la vedette des affaires maritimes. Je les ai même emmenés jusqu’à Scandola : nous partions dans trois ou quatre bus avec 200 élèves à l’intérieur. Je vidais le lycée, mais c’était une passion », sourit-elle. Elle se souvient notamment d’une initiative marquante menée avec des élèves de BTS. « Les étudiants en assistance technique d’ingénieur ont passé leur épreuve de BTS à bord de la vedette des douanes. »
 

Son engagement pédagogique a fait naître de nombreuses vocations, puisque certains de ses anciens élèves sont aujourd’hui sauveteurs ou pilotes de navire. «Certains sont partis dans les sous-marins,  un autre est taxi boat à Saint-Florent. Le patron de la vedette de Saint-Florent et la présidente de la station de Bonifacio sont aussi des anciens lycéens», explique-t-elle. « C'est fou ce qu'on peut susciter comme  vocation, et c’est formidable d'avoir quelque chose où on donne autant. »
 

Valoriser les professionnels du secteur
 

Aujourd’hui, en tant que présidente de la section corse de la Fédération nationale du Mérite maritime, Christiane-Colomba Jacquouton milite pour que davantage de professionnels, et notamment de femmes, soient reconnus pour leur engagement. « Il y a plein de femmes qui sont dans le milieu maritime : il y a des navigantes, mais aussi des sédentaires qui sont dans les bureaux et qui oeuvrent pour la mer. Ce que je déplore, c'est qu'il n'y ait pas suffisamment de demandes de compagnies maritimes et de sociétés maritimes pour récompenser les femmes. »
 

Elle regrette aussi le manque de médaillés en Corse, alors que le territoire compte de nombreux professionnels de la mer. « Il faut faire rayonner la mer. Il y a beaucoup de sections qui ont des gens méritants. Par exemple, cette année, j’ai déposé les dossiers pour la médaille du Mérite maritime pour deux personnes, dont un homme qui a  bourlingué sur toutes les mers du monde pour la recherche, surtout sur les océans de plastique. Il a travaillé pour l'ONU, pour l'Europe, pour le gouvernement, mais il n'avait toujours pas de Mérite maritime. C'est son commandant qui m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas eu cette distinction,. J ’ai, alors, déposé un dossier, et il l’a tout de suite obtenu. »  C’est pour cette raison qu’elle milite activement pour multiplier les démarches pour obtenir cette distinction « On ne peut pas le demander pour soi, c’est sûr. C'est aux gens qui côtoient les personnes méritantes de postuler pour ces dernières.  Il ne faut pas hésiter à effectuer les démarches et  à déposer des dossiers. »