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EN IMAGES - Haute-Corse : les bénévoles de la SNSM en formation sur les pontons


David Ravier le Mardi 28 Novembre 2023 à 07:28

La semaine dernière, du vendredi 24 au dimanche 26 novembre, les bénévoles des équipes de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Bastia, Saint-Florent et de Calvi ont suivi une formation au port de Toga pour perfectionner leur maîtrise de la navigation en situation hostile.



Les bateaux semi-rigides de la SNSM effectuent leurs manœuvres de navigation lors d'un exercice. Crédit photo: David Ravier.
Les bateaux semi-rigides de la SNSM effectuent leurs manœuvres de navigation lors d'un exercice. Crédit photo: David Ravier.

Savoir rapidement se repérer en mer peut parfois être une question de vie ou de mort, une réalité bien connue des volontaires de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Du 24 au dimanche 26 novembre, 11 sauveteurs en mer de Haute-Corse, des équipages de Bastia, Calvi et Saint-Florent ont suivi une formation de navigation en milieu hostile. Durant ces trois jours, ils ont reçu des cours théoriques et, bien évidemment, ont dû appliquer ce qu’ils avaient appris en condition réelle. 

Recréer des conditions réelles 
Dimanche matin, peu avant 9 heures, les équipages sont partis du port de Toga pour mettre le cap au large d’Erbalunga à bord d’une vedette et de quatre bateaux semi-rigides. Toutefois, plutôt que de se diriger avec les moyens modernes, les examinateurs, venus aussi bien de Propriano que du continent, leur ont réservé une épreuve plus complexe. « L’objectif des stagiaires, c’est d’approfondir leurs connaissances des nombreux instruments de navigation », insiste Pierre-Marie Luciani, le président de la station de Bastia. Et quoi de mieux qu’une simulation de panne électronique pour parfaire ses connaissances en navigation? Pour le début de l’épreuve, les stagiaires devront se rendre au point de rendez-vous d’Erbalunga sans utiliser de GPS. « C’est la norme sur un bateau: si l’électronique venait à lâcher, nous devons être en mesure de nous débrouiller avec une carte en papier et un compas de relèvement », précise Pierre-Marie Luciani.


Les sauveteurs prennent les mesures de leur destination sur une carte, à l'aide d'une règle et d'un compas. Crédit photo: David Ravier.
Les sauveteurs prennent les mesures de leur destination sur une carte, à l'aide d'une règle et d'un compas. Crédit photo: David Ravier.
À bord de la vedette, Nicolas Thiollent est spécialement venu du continent pour tester les stagiaires. Pour rendre l’exercice le plus réaliste possible, le formateur de la SNSM joue le rôle d’un opérateur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en mer (CROSS), l’instance qui coordonne les actions des sauveteurs sur le terrain. Il  communique ses instructions par radio aux stagiaires: « Je vous demande de rallier la position: latitude 42°45.368 Nord, longitude 009°28.887 Est ». À plusieurs centaines de mètres de distance, sur les semi-rigides, les stagiaires notent consciencieusement les indications avant de se pencher sur les cartes. Lors de ces exercices, les sauveteurs en mer doivent réussir à trouver le point de ralliement en mer uniquement à l’aide d’une règle et d’un compas. Le but de cette manœuvre, c’est qu’ils apprennent à se repérer sans équipements électroniques si jamais ces derniers venaient à tomber en panne au cours d’une mission, ce qui « est assez fréquent », à en croire les mots de Stéphane Lucchini, le patron de la SNSM de Bastia. « Cela fait partie des automatiques qu’il faut avoir, car il faut se dire que l’on peut toujours être tributaire d’un problème électrique ou d’une vague qui viendrait couper les installations à bord de l’embarcation, précise Stéphane Lucchini. Tous les sauveteurs embarqués qui ont l’aptitude pour la navigation doivent maîtriser cela ». Comme en condition réelle, une fois les calculs faits, le navigateur informe le CROSS de la distance qui le sépare de la cible, du cap qu’il va prendre ainsi que l’estimation de temps qu’il lui faudra pour arriver sur place avant de se mettre en route.

 

Acquérir de nouvelles compétences
Une fois à destination, une seconde épreuve attend les sauveteurs. Outre les déplacements sur les zones de recherche à l'aide d'une carte, les stagiaires doivent également apprendre à manœuvrer le bateau à l’aveugle, en se fiant uniquement à la direction indiquée par la boussole et les indications qui leurs ont été confiées par le formateur, et, dans une moindre mesure, avec les outils numériques présents à bord. Dans un premier temps, les quatre bateaux doivent patrouiller en ligne droite les uns à côté des autres, en restant le plus possible dans le couloir imaginaire qui leur a été imposé. Ensuite, après s’être éloignée pour couvrir une zone plus vaste, chaque embarcation doit effectuer des spirales carrées. Derrière le poste de pilotage, le barreur est chargé de tenir le cap tandis que son binôme, le navigateur, qui doit veiller à ce que la trajectoire soit bien respectée. Comme l’explique Gaëtan Cuny Caradonna, formateur SNSM à Propriano chargée de surveiller l’épreuve, ces deux manœuvres constituent des moyens efficaces pour qu’un bateau puisse quadriller une zone lors des missions. « Nous avons plusieurs méthodes de recherche et les plus répandues, ce sont la spirale carrée et le lacet, qui consiste à faire des enchaînements de couloirs de droite à gauche. Au départ, lorsque nous sommes appelés, nous avons peu de moyens sur place, il faut donc connaître les bonnes techniques pour ratisser la zone ».


Le barreur (à gauche) doit faire une confiance aveugle au navigateur (à droite), seul habilité à regarder le GPS en spirale durant l'épreuve. Crédit photo: David Ravier.
Le barreur (à gauche) doit faire une confiance aveugle au navigateur (à droite), seul habilité à regarder le GPS en spirale durant l'épreuve. Crédit photo: David Ravier.

Bien que la mer soit relativement calme, l’exercice n’en reste pas moins périlleux, autant pour le barreur que pour le navigateur, qui doivent constamment être à l’affût des moindres changements en mer et de la bonne cadence du bateau. « Dans ces conditions, on a tendance à se focaliser sur les instruments et oublier qu’il y a un objectif de recherche, souligne Hervé Leroy, le barreau de l’embarcation. Grâce aux deux instructeurs, on arrive à casser des habitudes que l’on a prises avec des équipements électroniques, mais c’est sûr qu’il y aura encore besoin d’un travail de compagnonnage en station une fois que l’exercice sera terminé ». De son côté, Yohann Simoni, le navigateur de l’équipe, acquiesce et ajoute que « cet exercice nous aide à gagner en compétence et à travailler notre complémentarité en binôme. C’est grâce à ce genre de mission que l’on arrive à mettre en place certains codes entre deux personnes qui travaillent régulièrement ensemble, ce qui au final nous rend plus efficaces ».

Une fois rentrés au port, les stagiaires font le débrief de leur expérience, afin de faire remonter à leur direction les points sur lesquels ils ont besoin de travailler afin de devenir plus performants lors de leurs prochaines sorties. « Bien que ce stage n’arrive qu’une fois par an, chaque station reprendra ce qu’elle a appris de cette formation pour pouvoir reproduire des exercices similaires très régulièrement, ajoute Pierre-Marie Luciani. Parce que les instruments de navigation ont beau être performants, pour être performants nous-mêmes, il faut s’entraîner sans cesse et les manipuler régulièrement pour en tirer le meilleur ». Si cette formation permet avant tout aux stagiaires de gagner en expérience et d’être plus efficaces lors d’une sortie en mer, elle se révèle également indispensable pour gravir les échelons au sein de l’association; en complétant ce module, les élèves reçoivent une certification leur permettant de prétendre au poste de navigateur radio, l’une des premières qualifications pour devenir un jour patron d’un équipage.