
Depuis l'an dernier, la Sant'Isidoru accueille à Bunifazziu u Festivale di a ruralità, pour une célébration complémentaire des bienfaits de l'agriculture. PHOTO VENERABILE CUNFRATERNITA DI SANTA MARIA MADDALENA
« Jusqu'à près de soixante ans en arrière, les anciens Pialinchi (les paysans bonifaciens) se rendaient au petit matin du 15 mai, dans la magnifique église paroissiale Sainte Marie Majeure de Bonifacio, rappelle Marc Porcu, le président et massaru de la Vénérabile Cunfraternità di Santa Maria Maddalena. Devant l'autel-tombeau secondaire du Saint Sauveur dit de Saint Isidore, où se trouvait, comme encore aujourd’hui, le tableau de l'apparition du Christ à Sant’ Isidoru, ils assistaient à la messe en mémoire de leur protecteur et faisaient bénir leurs ânes. C’est ce moment de grâce que nous avons voulu faire revivre en le magnifiant pour remettre la terre et la nature à la place qu’elles n’auraient jamais dû quitter : le centre de nos vies. »
Depuis le temps de la République de Gênes, Bunifazziu exploitait pleinement ses terres agraires, principalement situées sur le Piale, son plateau calcaire. Ainsi, durant des années, les Bonifaciens ont démaquisé et cultivé des hectares de terres en les rendant arables. Huiles d’olives, blés, orges, fruits, légumes, vignes, ovins, bovins, caprins... les produits de cet Extrême-Sud si prodigue ont permis aux descendants des premiers colons génois de vivre en pleine autonomie durant près de 1 000 ans. « Saint Isidore, c’était un saint patron de Madrid, un saint très pieu du XIIe siècle, situe Etienne Serra, le secrétaire de la Cunfranternità bonifacienne. Il est devenu le patron des Pialinchi, qui étaient des gens qui rentraient dans la ville de Bonifacio le soir après être partis cultiver la terre le matin, comme un pêcheur ferait avec son bateau au port. »
"Préserver ces territoires vivriers"
Malheureusement aujourd’hui, le Piale fait pâle figure en matière d’autonomie alimentaire et, en bien des endroits, le maquis a repris ses droits sur les cultures. « Aujourd’hui, on est à 3 % d’autonomie alimentaire en Corse. C’hè un problema... », regrette Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica, et cheville ouvrière du Festivale di a ruralità qui passe depuis l'an dernier par Bunifazziu. Selon lui, « il faut préserver ces territoires vivriers, en valorisant la terre auprès de notre jeunesse qui s’installe et au travers de nos produits exceptionnels. »
Pour ce faire, le travail de mémoire est essentiel et c’est ce que propose l’événement bonifacien durant tout le week-end via des conférences historiques, des processions et des événements en lien avec les produits du terroir (marche gourmande, fête caritative avec les vignerons, éleveurs et cultivateurs bonifaciens). « On a pu surfer sur la reprise de l’exploitation des vignes à Bonifacio, souligne Etienne Serra. On n’en avait plus à cause du phylloxéra et de la guerre. Il y a six viticulteurs à Bonifacio aujourd’hui. On est en territoire calcaire et on arrive à faire quelque chose de super. »
"Santa Ghjulia, ce n'est pas qu'une plage !"
Un travail de mémoire qui repose aussi sur la toponymie : « Sans San Martinu (Saint-Martin de Tours), il n’y aurait pas d’abbaye et d’histoire monastique en Corse. Or, le patrimoine de San Martinu en Corse, c’est 111 communes. » Ce légionnaire romain du IVe siècle, devenant, au fil de l’Histoire, le saint-patron protecteur des territoires de productions agraires. Et Bunifazziu n’échappe pas à son influence, puisque l’ensemble de son territoire, qui part du Piale, jusqu’à l’entrée de Portivechju au ponte bunifazzincu, s’appelle a Comarca di San Martinu. « Et Santa Ghjulia, ce n’est pas qu’une plage, des paillotes et des jet-ski, rappelle malicieusement Christian Andreani. On oublie que c’est en hommage à Santa Ghjulia di Nonza, martyre, la seule sainte ayant été représentée crucifiée. »
La règle des trois C
Selon le président du Centru cultural San Martinu Corsica, la Corse a tout à gagner à diversifier son tourisme sur des aspects cultuels ou culturels, en proposant notamment de marcher sur les traces des pèlerins : « Imaginez l’impact d’un chemin de Compostelle en Corse ! » C’est précisément le projet qu’il porte depuis des années avec la Via San Martinu Corsica, soit un itinéraire de 250 km du Cap Corse à Bonifacio. Un premier tronçon de 15 km a été inauguré l’an dernier, entre Patrimonio et Ville-di-Pietrabugno. « Et le 12 mai, annonce Christian Andreani, nous inaugurerons à Paris le carré d’or des itinéraires de pèlerinage d’Europe. L’itinéraire San Martinu en fait partie. »
Mais avant cela, Sant’Isidoru et San Martinu marcheront main dans la main à Bunifazziu. Etienne Serra se dit satisfait de la formule actuelle de la Festa Pialinca : « Nous avons voulu mettre en place "la règle des trois C" : culte, culture et charité. C’est la règle que nous a enseignée le cardinal Bustillo que nous avons pu rencontrer. »
Depuis le temps de la République de Gênes, Bunifazziu exploitait pleinement ses terres agraires, principalement situées sur le Piale, son plateau calcaire. Ainsi, durant des années, les Bonifaciens ont démaquisé et cultivé des hectares de terres en les rendant arables. Huiles d’olives, blés, orges, fruits, légumes, vignes, ovins, bovins, caprins... les produits de cet Extrême-Sud si prodigue ont permis aux descendants des premiers colons génois de vivre en pleine autonomie durant près de 1 000 ans. « Saint Isidore, c’était un saint patron de Madrid, un saint très pieu du XIIe siècle, situe Etienne Serra, le secrétaire de la Cunfranternità bonifacienne. Il est devenu le patron des Pialinchi, qui étaient des gens qui rentraient dans la ville de Bonifacio le soir après être partis cultiver la terre le matin, comme un pêcheur ferait avec son bateau au port. »
"Préserver ces territoires vivriers"
Malheureusement aujourd’hui, le Piale fait pâle figure en matière d’autonomie alimentaire et, en bien des endroits, le maquis a repris ses droits sur les cultures. « Aujourd’hui, on est à 3 % d’autonomie alimentaire en Corse. C’hè un problema... », regrette Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica, et cheville ouvrière du Festivale di a ruralità qui passe depuis l'an dernier par Bunifazziu. Selon lui, « il faut préserver ces territoires vivriers, en valorisant la terre auprès de notre jeunesse qui s’installe et au travers de nos produits exceptionnels. »
Pour ce faire, le travail de mémoire est essentiel et c’est ce que propose l’événement bonifacien durant tout le week-end via des conférences historiques, des processions et des événements en lien avec les produits du terroir (marche gourmande, fête caritative avec les vignerons, éleveurs et cultivateurs bonifaciens). « On a pu surfer sur la reprise de l’exploitation des vignes à Bonifacio, souligne Etienne Serra. On n’en avait plus à cause du phylloxéra et de la guerre. Il y a six viticulteurs à Bonifacio aujourd’hui. On est en territoire calcaire et on arrive à faire quelque chose de super. »
"Santa Ghjulia, ce n'est pas qu'une plage !"
Un travail de mémoire qui repose aussi sur la toponymie : « Sans San Martinu (Saint-Martin de Tours), il n’y aurait pas d’abbaye et d’histoire monastique en Corse. Or, le patrimoine de San Martinu en Corse, c’est 111 communes. » Ce légionnaire romain du IVe siècle, devenant, au fil de l’Histoire, le saint-patron protecteur des territoires de productions agraires. Et Bunifazziu n’échappe pas à son influence, puisque l’ensemble de son territoire, qui part du Piale, jusqu’à l’entrée de Portivechju au ponte bunifazzincu, s’appelle a Comarca di San Martinu. « Et Santa Ghjulia, ce n’est pas qu’une plage, des paillotes et des jet-ski, rappelle malicieusement Christian Andreani. On oublie que c’est en hommage à Santa Ghjulia di Nonza, martyre, la seule sainte ayant été représentée crucifiée. »
La règle des trois C
Selon le président du Centru cultural San Martinu Corsica, la Corse a tout à gagner à diversifier son tourisme sur des aspects cultuels ou culturels, en proposant notamment de marcher sur les traces des pèlerins : « Imaginez l’impact d’un chemin de Compostelle en Corse ! » C’est précisément le projet qu’il porte depuis des années avec la Via San Martinu Corsica, soit un itinéraire de 250 km du Cap Corse à Bonifacio. Un premier tronçon de 15 km a été inauguré l’an dernier, entre Patrimonio et Ville-di-Pietrabugno. « Et le 12 mai, annonce Christian Andreani, nous inaugurerons à Paris le carré d’or des itinéraires de pèlerinage d’Europe. L’itinéraire San Martinu en fait partie. »
Mais avant cela, Sant’Isidoru et San Martinu marcheront main dans la main à Bunifazziu. Etienne Serra se dit satisfait de la formule actuelle de la Festa Pialinca : « Nous avons voulu mettre en place "la règle des trois C" : culte, culture et charité. C’est la règle que nous a enseignée le cardinal Bustillo que nous avons pu rencontrer. »
Le programme
Vendredi 9 mai
- 17 h, haute-ville, salle Saint-Jacques : projection du film « Napoléon, Albine, Betsy et les autres » de Dominique Maestrati. Entrée libre.
- 18 h 30, église San Dumè : ouverture officielle de Sant’Isidoru Bunifazziu, festa Pialinca avec le président et le Massaru de la Venerabilie Cunfraternita di Santa Maria Madalena.
- 18 h 45 : conférence « Les Statuts de Bonifacio, l’organisation d’une ville médiévale en Corse », par Philippe Colombani, professeur d’histoire et docteur en histoire médiévale.
19 h 30 : concert « Romancero Iberico, contes chantés de l’Espagne ancienne », par Laetitia Marcangeli, voix, panderetta, ceterina, vielle à roue, et Morgan Astruc, guitare. Entrée libre.
Samedi 10 mai
- 10 h, parking du collège : « I licarezzi spasigiendu versu a Trinità di Bunifazziu », marche gourmande sur les traces des pélerins bonifaciens jusqu’à l’Ermitage de la Trinité.
- 10 h 30 : premier départ du parking du collège.
- 11 h 30 : deuxième départ, avant le carrefour de la grande stratégique. Etape finale par le chemin des moines franciscains jusqu’à l’Ermitage A Trinità.
- 12 h 30, Ermitage A Trinità : spuntinu partagé avec la Venerabile Cunfraternita di Santa Maria Madalena.
- 15 h, église : conférence « Confréries, culture paysanne et petits villages », par Jean-Charles Adami, de la Cunfraterna di u Santissimu crucifissu di a Serra.
- 16 h : canti di a tradizioni corsa Caramusa.
- 17 h 30 : jumelage de la Venerabile Cunfraternita Santa Maria Maddalena di Bunifazziu avec la Cunfraternita Santa Croce di Trinita d’Agultu (Sardegna). Office des Vêpres de la Sant’Isidoru.
- 18 h 30 : « A Supà pialinca davanti a u sacrau di a gisgia », avec Joëlle Benigni. Canti è musichi suttanaci Caramusa.
Dimanche 11 mai
- 9 h 45, église San Dumè : départ de la procession vers l’église Santa Maria Maggiu.
- 10 h, église Santa Maria Maggiu : messe chantée en langue corse et bonifacienne avec la Venerabile Cunfraternita Santa Maria Madalena, les autres confréries bonifaciennes et les confréries de la Corse invitées.
- 11 h 15 : procession des Rogations vers le Bastion de l’Etendard.
- 11 h 30, Bastion de l’Etendard : bénédiction du Piali bunifazzincu. Procession de retour vers l’église San Dumè.
- 12 h, église San Dumè : bénédiction du vin. Salut au Saint Sacrement.
- 12 h 30, ancien oratoire Santa Maria Madalena : Festa Pialinca, fête caritative avec les vignerons, les éleveurs et les cultivateurs de Bonifacio. Buffet à volonté de spécialités locales. Entrée : 20€ (une partie sera reversée à l’association Inseme). Canti à musica cù a Brigata San Martinu è tutti. Avant-première de l’exposition « Mission O, voyage en Méditerranée sur les traces de l’agriculture du mare nostrum », avec le service culturel de la ville de Bonifacio.
Vendredi 9 mai
- 17 h, haute-ville, salle Saint-Jacques : projection du film « Napoléon, Albine, Betsy et les autres » de Dominique Maestrati. Entrée libre.
- 18 h 30, église San Dumè : ouverture officielle de Sant’Isidoru Bunifazziu, festa Pialinca avec le président et le Massaru de la Venerabilie Cunfraternita di Santa Maria Madalena.
- 18 h 45 : conférence « Les Statuts de Bonifacio, l’organisation d’une ville médiévale en Corse », par Philippe Colombani, professeur d’histoire et docteur en histoire médiévale.
19 h 30 : concert « Romancero Iberico, contes chantés de l’Espagne ancienne », par Laetitia Marcangeli, voix, panderetta, ceterina, vielle à roue, et Morgan Astruc, guitare. Entrée libre.
Samedi 10 mai
- 10 h, parking du collège : « I licarezzi spasigiendu versu a Trinità di Bunifazziu », marche gourmande sur les traces des pélerins bonifaciens jusqu’à l’Ermitage de la Trinité.
- 10 h 30 : premier départ du parking du collège.
- 11 h 30 : deuxième départ, avant le carrefour de la grande stratégique. Etape finale par le chemin des moines franciscains jusqu’à l’Ermitage A Trinità.
- 12 h 30, Ermitage A Trinità : spuntinu partagé avec la Venerabile Cunfraternita di Santa Maria Madalena.
- 15 h, église : conférence « Confréries, culture paysanne et petits villages », par Jean-Charles Adami, de la Cunfraterna di u Santissimu crucifissu di a Serra.
- 16 h : canti di a tradizioni corsa Caramusa.
- 17 h 30 : jumelage de la Venerabile Cunfraternita Santa Maria Maddalena di Bunifazziu avec la Cunfraternita Santa Croce di Trinita d’Agultu (Sardegna). Office des Vêpres de la Sant’Isidoru.
- 18 h 30 : « A Supà pialinca davanti a u sacrau di a gisgia », avec Joëlle Benigni. Canti è musichi suttanaci Caramusa.
Dimanche 11 mai
- 9 h 45, église San Dumè : départ de la procession vers l’église Santa Maria Maggiu.
- 10 h, église Santa Maria Maggiu : messe chantée en langue corse et bonifacienne avec la Venerabile Cunfraternita Santa Maria Madalena, les autres confréries bonifaciennes et les confréries de la Corse invitées.
- 11 h 15 : procession des Rogations vers le Bastion de l’Etendard.
- 11 h 30, Bastion de l’Etendard : bénédiction du Piali bunifazzincu. Procession de retour vers l’église San Dumè.
- 12 h, église San Dumè : bénédiction du vin. Salut au Saint Sacrement.
- 12 h 30, ancien oratoire Santa Maria Madalena : Festa Pialinca, fête caritative avec les vignerons, les éleveurs et les cultivateurs de Bonifacio. Buffet à volonté de spécialités locales. Entrée : 20€ (une partie sera reversée à l’association Inseme). Canti à musica cù a Brigata San Martinu è tutti. Avant-première de l’exposition « Mission O, voyage en Méditerranée sur les traces de l’agriculture du mare nostrum », avec le service culturel de la ville de Bonifacio.