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Bastia : A Casa di e Lingue lance sa saison sous le signe de la création et de la transmission


Léana Serve le Vendredi 19 Septembre 2025 à 16:17

Jeudi 18 septembre, A Casa di e Lingue lançait à Bastia sa nouvelle saison culturelle. L’occasion de dévoiler une œuvre dédiée à Pascal Paoli, de présenter une programmation ouverte à tous les publics, mais aussi de réaffirmer son rôle dans la transmission de la langue corse.



Le public était au rendez-vous ce jeudi 18 septembre dans la cour de l’Espace Sant’Angelo à Bastia, où la Casa di e Lingue lançait sa nouvelle saison culturelle. L’événement, à la fois festif et symbolique, marquait le début d’une année placée sous le signe de la création et de la transmission. La soirée a débuté par le dévoilement de l’œuvre d’Adrien Martinetti, commandée spécialement pour célébrer les 300 ans de la naissance de Pascal Paoli. Intitulée Campate felici et installée « dans un espace dédié de manière forte à la langue », l’œuvre représente Pascal Paoli tenant dans ses mains la Constitution de 1755. « On a tout fait pour rendre hommage à ce personnage », a déclaré Adrien Martinetti.

Composée de deux plaques métalliques fines, l’œuvre joue sur les effets de profondeur et de lumière. « C’est comme deux feuilles de papier assemblées l’une sur l’autre », explique l’artiste. « Quand on est face à l’ouvrage, on le voit comme un seul bloc. Mais quand on se met sur le côté, on découvre que chaque feuille est placée avec un écart : la première dimension, c’est le mur, qu’on a volontairement laissé ancien, la deuxième, c’est le personnage, la troisième, c’est le titre de l’œuvre, et enfin, on découvre la signature et le socle en noyer. » Cette œuvre, créée « entre Bastia et Ajaccio », a été réalisée durant cinq mois, « de la réalisation, à l’assemblage, au découpage jusqu’aux finitions sur place ».


Une programmation ouverte à tous les publics
 

Après le dévoilement de l’œuvre, la soirée s’est poursuivie par la présentation du programme du premier trimestre de cette nouvelle saison, avec le même état d’esprit que les années précédentes : « toucher tous les publics, de 7 à 77 ans ». « L’idée, c’est d’évoquer les sujets de notre société à travers des thématiques différentes, comme des présentations d’auteurs, des conférences, des jeux, ou des concerts intimistes », explique Alex Negroni, administrateur de la structure.
 

Dès la semaine prochaine, la saison s’ouvrira avec un concert du groupe polyphonique Tavagna. Viendra ensuite un escape game géant dans toute la ville, conçu autour de la figure de Pascal Paoli, et ouvert aux enfants à partir de 6 ans. Le programme se poursuivra avec un concert de Felì, des temps forts autour de la Sant’Andria, ou encore une rencontre qui réunira auteurs, enseignants et activistes engagés dans la défense et la transmission de la langue corse. « On les invite chez nous à Bastia, et ça va être un moment exceptionnel. » Enfin, la troupe de théâtre de Cervione viendra enrichir la saison, aux côtés de nombreux autres rendez-vous encore à découvrir dans les prochaines semaines.
 

Une langue à transmettre et à partager
 

Au-delà de sa programmation, la Casa di e Lingue poursuit un objectif central : faire vivre et transmettre la langue corse. Pour Pierre Savelli, maire de Bastia, cette mission ne peut prendre tout son sens que si les habitants s’en emparent. « Il ne sert à rien de présenter un programme si les gens ne viennent pas ici pour faire perdurer notre langue. Certaines personnes visitent les lieux simplement et restent pour apprendre le corse, pour que notre langue continue de vivre », a-t-il déclaré dans son discours. Un engagement partagé par Alex Negroni, pour qui la langue est indissociable du peuple qui la parle. « Un peuple, pour qu’il puisse vivre et ne pas disparaître, a besoin de sa langue, et une langue a besoin de son peuple. »
 

C’est dans cet esprit que la Casadi e lingue accueille, en plus de ses événements, des structures résidentes telles que Praticalingua ou Canopé, qui proposent des activités en immersion tout au long de l’année. « On peut trouver des cours du soir pour les débutants, pour un niveau intermédiaire, mais aussi des ateliers tels que la guitare, le violon, le chant, et même l’apprentissage de langues internationales comme l’anglais, l’espagnol, ou l’italien à travers la langue corse comme langue outil : l’enseignement de ces langues étrangères ne se fait plus par le biais de la langue française, mais par la langue corse, et on peut trouver ça assez révolutionnant quand même. »

Un succès qui se confirme d’année en année, puisque les cours du soir attirent un public varié, composé aussi bien de Corses que de nouveaux arrivants souhaitant s’imprégner de la culture insulaire. « On retrouve beaucoup de Corses qui ont ce qu’on appelle un langage passif, c’est-à-dire qu’ils comprennent tout, mais qu’il leur manque seulement un déblocage pour pouvoir parler corse, mais on a aussi beaucoup de nouveaux arrivants qui ont envie d’apprendre la langue. C’est grâce à ça, mais aussi aux activités et aux écoles immersives telles que Scola Corsa que la langue va continuer de vivre. »