Après l’annulation de la cérémonie de pose de la première pierre du futur centre de surtri de Monte en fin de semaine dernière, dans un communiqué publié lundi soir vous fustigez un « fiasco politique », fruit selon votre parti d’une « incapacité du conseil exécutif à développer une vision cohérente et ambitieuse, ainsi qu’à dégager des perspectives à 20 ou 30 ans, pour tous les dossiers majeurs de la Corse ». Pourquoi ?
Le fiasco de Monte est véritablement un cas emblématique et symptomatique d'un logiciel à la manœuvre depuis le cours Grandval rempli de dogmatisme, d'inertie, qui fait des petits coups de communication politique d'une semaine sur l'autre. Le plan déchet adopté à l’Assemblée de Corse en juillet 2024 prévoit en théorie deux sites de surtri, l’un en Haute-Corse l’autre en Corse du Sud. Or l’Exécutif qui est chargé depuis 2015 d’élaborer ce plan déchets au final tergiverse et est plein de revirements. D’abord il a soutenu le projet, puisque les élus de Fà Populu Inseme qui représentaient la collectivité en CTPENAF ont voté favorablement pour ce projet. Puis, lors de la session de mars, lorsque Core in Fronte a posé une question orale pour dénoncer la construction de ce site, l’Exécutif, à travers la voix du président de l’Office de l’Environnement, a fait une réponse assez virulente à l'endroit de ce groupe politique, afin défendre le projet de Monte. Et maintenant, quelques semaines plus tard, une fois que ce projet est financé, que les marchés publics sont attribués et que l’on annonce la pose de la première pierre symbolisant le début de travaux, l’Exécutif fait de nouveau un revirement politique pour faire un effet d'annonce autour de ce centre de sur-tri. Mais s’il considérait que le projet de Monte n'était pas viable, il fallait peut-être le dire plus tôt ! Cette polémique autour du futur centre de Monte, c'est véritablement le meilleur exemple du logiciel qui est en œuvre du côté de cette majorité territoriale, c'est-à-dire l'absence de cap stratégique, des effets d'annonce perpétuels, aucun investissement structurant et aucun projet en parallèle. On peut être contre ce projet de Monte, mais à ce moment-là il faut proposer une alternative qui soit réalisable sur le plan financier, technique et opérationnel en termes de calendrier, parce qu'aujourd'hui, on ne peut pas encore attendre 5, 6, 15 ou 20 ans pour avoir des centres de tri, de sur-tri ou d'autres technologies plus ou moins modernes pour régler la question des déchets.
Face à cette crise lancinante des déchets qui persiste en Corse depuis plusieurs décennies, la construction du centre de surtri de Monte est selon vous aujourd’hui indispensable ?
Aujourd'hui, nous n’en sommes plus au stade où on peut se demander si le centre de surtri de Monte est un projet qui a du sens ou non, ou s’il est ou non un bon projet techniquement, mais on en vient à dire que malheureusement nous n’avons plus le choix. Ce que nous reprochons à l’Exécutif, c'est cette forme de fatalité. La crise des déchets perdure depuis trop longtemps en Corse. On ne peut pas dire qu'on est contre tout ce qui se fait un peu partout, et continuer de dire que les centres de Prunelli-di-Fiumorbu et Viggianello qui sont les éternels sacrifiés depuis plusieurs décennies et accueillent toutes les poubelles de la Corse, ont vocation à rester ouverts, avec des capacités d'enfouissement qui sont augmentées d'année en année. De plus, les Corses payent le prix fort de cette absence de politique des déchets puisque le coût du traitement d’une tonne de déchets sur l’île est quand même trois fois supérieur à ce qui existe sur le continent. Et cela devient insoutenable financièrement pour les intercommunalités. Le secteur des déchets en Corse est un véritable millefeuille, puisque les intercommunalités ont la charge de la collecte, le Syvadec a la charge du traitement et de la valorisation, et la collectivité a un peu un rôle de chef d'orchestre, pour établir un plan de prévention et de gestion et a un budget en matière d'investissement pour faire des sites structurants, de façon à gérer le problème au fond. Mais aujourd'hui, on voit bien qu'il y a une défaillance : les intercommunalités collectent, le Syvadec traite, mais le problème, c'est que quand on n'a que deux sites d'enfouissement sur l'île, ce n'est pas suffisant. Parallèlement à cela, même s'il y a des objectifs qu'on peut considérer comme louables en matière de tri et de recyclage dans le plan déchet, force est de constater que la collectivité ne s'est pas donnée les moyens en termes d'investissement pour favoriser et augmenter le tri au porte-à-porte ou encore cette notion de recyclage.
Justement, que manque-t-il à ce plan territorial de prévention et de gestion des déchets selon vous ?
Avant tout, au-delà d'une vision politique, il faut que l’on puisse enfin identifier et financer des sites qui soient capables d'accueillir et de traiter les déchets qui sont produits sur l'île. Nous n’avons pas de problème avec le tri au porte-à-porte, avec l'économie circulaire, avec la réduction des déchets à la source, mais force est de constater que si, en théorie, ce sont des concepts intéressants, depuis le nombre d'années qu'on en parle il semblerait que cela ne fonctionne pas aussi bien qu'on n'ait pu l'espérer. Donc aujourd'hui, je pense qu'il faut que la collectivité applique véritablement son plan, sans faire des revirements politiques toutes les semaines. On ne peut pas inscrire dans le plan territorial de prévention et de gestion des déchets qu'il faut deux sites de surtri, en Haute-Corse et en Corse du Sud, et en même temps, s'opposer à des projets qui sortent de terre et dont le montage financier est déjà finalisé. Donc il y a peut-être avant tout la nécessité de faire preuve d'un peu plus de pragmatisme et d'enfin se donner les moyens de sortir la Corse du carcan des déchets. Aujourd’hui, je pense que les Corses en ont marre de tout cela. Et surtout ils le payent. Ils peuvent véritablement quantifier ce que l'inertie politique coûte, et cela coûte de plus en plus cher et ce n'est pas fini malheureusement.
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