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Le système éducatif est très moyen en Corse : La formation, fer de lance de l’éducation


José FANCHI le Mardi 31 Octobre 2017 à 18:07

C’est fait ! Le Conseil économique social et culturel de Corse vient de rendre sa copie sur le système éducatif corse. Un texte très complet avec chiffres à l’appui. Le rapport avait été demandé par Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse il y a un peu moins d’un an, afin de traiter des « évolutions que l’on peut envisager et planifier" ainsi qu’à « Alimenter la conférence permanente consacrée à l'éducation, mise en place par la présidence de l'Assemblée de Corse. "



Henri Franceschi (à droite), président du Conseil économique et social de la Corse et Jean-Pierre Luciani ont remis le rapport du CESC sur le système éducatif au président de l'assemblée de Corse
Henri Franceschi (à droite), président du Conseil économique et social de la Corse et Jean-Pierre Luciani ont remis le rapport du CESC sur le système éducatif au président de l'assemblée de Corse
Dans le bureau du président de l’Assemblée de Corse où s’est déroulée la conférence de presse, Henri Franceschi, président du Conseil Economique Social et culturel de Corse et Jean-Pierre Luciani, ont dressé, mardi, les premiers constats au terme d’une année de travail. Comme la souligné Jean-Guy Talamoni, ces commissions permanentes sont extrêmement longues. Elles s’étalent sur des mois sur des sujets de fond donc de prospective. Dans le cadre de la conférence permanente de l’éducation, cette demande avait été faite en novembre 2016.


Un constat négatif !
Le président de l’Assemblée de Corse précisait en outre :
« Un travail conséquent a donc été fait par M. Luciani avec une partie essentielle dans les perspectives qui sont les nôtres, c’est un état des lieux et une autre partie propositions également. Ce rapport a été adopté à l’unanimité, ce qui signifie que le CESC est allé très loin dans le travail pour obtenir un consensus. Ce rapport dit des choses qui sont importantes, notamment sur l’état des lieux. Le constat est très négatif s’agissant du système éducatif actuel appliqué en Corse. Le système éducatif français est très contesté, chacun en est conscient. Ses défaillances sont plus encore accentuées sur notre île. Les inégalités sont plus fortes que le système le plus inégalitaire de l’OCDE. »


Créer nos propres outils…
Le rapport a été présenté par Henri Franceschi. Il a évoqué les grandes lignes du travail effectué sur un cahier d’une quarantaine de pages. Il en tire des conséquences qui ne sont pas flatteuses pour le système éducatif tel qu’il est pratiqué :
« Nous avons en effet rencontré beaucoup de monde, la conseillère exécutive en charge de l’éducation, les enseignants, les directeurs de collèges et lycées, l’ancien et le nouveau recteur de l’Académie, notre travail a été fait dans la plus grande transparence. Nous n’avons pas ressenti au sein des organisations professionnelles une unanimité sur le système éducatif. Tous ont reconnu qu’il fallait que celui-ci évolue. Je pense à titre personnel que l’on s’oriente vers une évolution de ce système en Corse et cela doit se faire dans la concertation avec les professionnels et les politiques qui prendront les décisions qui s’imposent. »

La Corse doit afficher plus d’ambitions

De son côté, Jean-Pierre Luciani a estimé que dans ce rapport, il y avait des positions divergentes, ce qui signifie en clair que la réflexion a été partagée. Il en sort d’ailleurs quelque chose de positif dans la mesure où de ce rapport, émerge un véritable consensus. Il estime que c’est le rôle du Conseil Economique et Social de rapprocher les points de vue.
Explications 



« Je crois qu’un premier pas a été franchi au cours des mois écoulés, des mentalités ont été déverrouillées, c'est-à-dire un autre état d’esprit. On n’a pas peur d’imaginer quelque chose qui ressemble à une véritable transformation du système éducatif en Corse. On imagine un système éducatif « de » Corse. Cela signifie que le système éducatif français n’a pas su faire des transformations en profondeur et surtout ambitieuses.


La Corse subit donc ce système éducatif. Nous sommes dans un contexte d’évolution et l’on ne doit pas s’interdire d’imaginer dans un secteur comme l’éducation des propositions évolutives qui soient tout à fait différentes et contraintes par toutes les réformes prises dans l’immédiateté par les différents gouvernements. On ne peut pas transformer le système éducatif dans ces conditions. Il faut imaginer un système en adéquation avec les aspirations du peuple corse et les ambitions que l’on veut afficher. Je ne vais pas citer de façon exhaustive toutes les propositions mais il y a des points forts. Le système éducatif français a, depuis des années, dévalorisé totalement la formation.


La Corse doit imaginer en termes de formation quelque chose d’ambitieux dans le premier et second degré. On a laissé l’enseignement supérieur de côté, ce qui veut dire en clair que ce rapport est une première étape qui a permis d’engranger des arguments émanant soit des professionnels de l’éducation, mais également des politiques. Des propositions concernant la ruralité ont été faites et cela permettra d’avancer dans ce domaine. La voie du numérique est liée à la problématique de la ruralité.  S’il n’y a pas aujourd’hui, en matière de transition technologique, des avancées dans le maillage du haut débit dans le rural, cela ne va peut-être pas sauver l’intérieur, mais il n’y aura pas d’évolutions possibles en matière d’éducation et de formation, donc il n’y aura pas d’avancées sur le territoire.


Nous sommes la fois dans le constat et dans les propositions. Au niveau des langues vivantes étrangères, on voudrait un rattrapage par rapport à ce qui se fait en France, mais on voudrait surtout imaginer non plus le fonctionnement simpliste du bilinguisme Corse-Français, mais véritablement la même situation Corse-Français-Langues étrangères. Pourquoi ne pas imaginer un modèle qui en plus s’appuie sur la problématique spécifique de l’enseignement de la langue Cors et langues vivantes étrangères dès la maternelle ? Il faut entrer dans une culture de l’évaluation et que l’on crée nos propres outils pour afficher nos objectifs
. »
J.F.