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Le chiffre du jour : 19


Laurent Hérin le Vendredi 30 Avril 2021 à 11:08

Ce n’est pas le nombre de spectateurs par salle mais bien la date – tant attendue – de réouverture des salles de cinéma. Les distributeurs – on parle de plus de 400 films en attente de sortie –, les exploitants mais surtout le public sont dans les starting-blocks. CNI a interrogé les uns et les autres sur cette réouverture.



Les spectateurs veulent retrouver les cinémas, ici dans la grande salle du Régent à Bastia
Les spectateurs veulent retrouver les cinémas, ici dans la grande salle du Régent à Bastia

Objectif 19 mai
Les portes des théâtres, des musées, des cinémas, des monuments et des salles de spectacles vont pouvoir rouvrir à partir du 19 mai avec une jauge fixée à 800 personnes en intérieur et 1 000 personnes en extérieur. Dans tous les cas, le public accueilli devra être assis.
 
Le 9 juin
Les lieux culturels et sportifs pourront accueillir jusqu’à 5 000 personnes à partir du 9 juin. Ces rassemblements seront conditionnés à un « pass sanitaire ». C’est-à-dire, qu’il faudra présenter un test négatif ou un certificat d’immunité. Interrogé sur ce « pass sanitaire », le président de la République a déclaré qu’il sera demandé dans les lieux accueillant un nombre important de personnes, comme les stades, les festivals, les foires ou les expositions. En revanche, « il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis », a précisé Emmanuel Macron.
 
A plus long terme
Enfin, à partir du 30 juin, le couvre-feu sera levé et les jauges imposées dans certains lieux pourront aussi être supprimées en fonction de la situation sanitaire locale. Une annonce encourageante pour les salles mais aussi pour les Festivals de l’été en Corse.

Réactions
Concernant la réouverture des salles, la première réaction vient de Richard Patry, président de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF) : « On va pouvoir enfin faire notre métier. […] Il y aura une jauge à 35%. […] Aujourd'hui, notre jauge est à 0%. Alors je peux vous dire que 35% c'est déjà mieux. Le couvre-feu à 21 heures, ça veut dire faire une dernière séance à 19 heures. Là aussi, c'est mieux que rien. […] L'important, c'est qu'on soit là, qu'on soit ouvert, qu'on joue notre rôle et que nos concitoyens puissent venir se détendre dans une salle de cinéma et reprendre un semblant de vie normale. »
 
Arnaud de Gardebosc, programmateur du Régent à Bastia et du Festival Arte Mare vit cette annonce comme : « un soulagement ! ça fait du bien d’avoir enfin une date. Même si l’on a encore des interrogations. Cette réouverture reste suspendue aux nombres de cas… » En effet, il faut rappeler que ces mesures seront nationales, « sauf situation sanitaire départementale dégradée » a prévenu l’Élysée. Dans les départements où le taux d'incidence serait trop élevé (plus de 400 cas pour 100 000 habitants), le gouvernement pourra bloquer les réouvertures. « Imaginons que Paris reste en zone rouge, confirme Arnaud, je vois mal les distributeurs se priver de plus de 400 écrans. La région parisienne est stratégique. » Il poursuit : « On a tout de même de l’espoir et cette envie de reprendre notre activité. En plus, beaucoup de films sont attendus, c’est un problème de riche ! » Concernant la programmation du Régent ? « Je pense reprendre des films qui étaient à l’affiche à la fermeture d’octobre [les cinémas ont fermé le 30 octobre dernier, NDLR], comme ADN de Maïwenn, Drunk ou encore Michel Ange. Sur les nouveautés, nous devrions proposer Slalom de Charlène Favier. » (lire ici)
 
Ceccè Acquaviva se dit lui aussi « soulagé de pouvoir enfin proposer des films, de la culture, à son public de Balagne. » Le directeur du Fogata de l’Île Rousse est « impatient mais aussi inquiet. J’espère que les distributeurs vont jouer le jeu avec des mono écrans comme le nôtre. Il y a de la matière à programmer, contrairement à la réouverture de juin dernier, mais encore faut-il qu’on obtienne les films en sortie nationale. » Le couvre-feu l’inquiète également : « La séance de 21 heures est celle qui fonctionne le mieux au Fogata, surtout en semaine. L’envie des spectateurs de revenir en salle me rassure tout de même. J’espère reprendre des films qui étaient à l’affiche comme Adieu les Cons d’Albert Dupontel. Surtout qu’il a été récompensé aux César. »
 
Marilyn Lours
, distributrice chez Bac Films, est plus partagée : « Pour être vraiment honnête ? Ça va être super tendu, on risque l’embouteillage. Il y a tellement de films à sortir d’un coup. Bien sûr il y a la joie de voir enfin les salles rouvrir mais aussi beaucoup d’inquiétude. Sans parler de l’incertitude sur les taux d’incidence par département. Chez Bac, nous avons déjà trois films prévus en juin, en plus d’une rétrospective Rossellini. » Le distributeur a d’ailleurs daté au 2 juin le très beau film de Kaouther Ben Hania, L’Homme qui a vendu sa peau, qui avait fait sensation lors de sa présentation au Festival Arte Mare (lire ici).
 
Geneviève Lodovici, spectatrice, réagit également : « J’attends cette réouverture avec impatience, depuis le temps que les salles sont fermées. J’ai pour habitude de noter les films que je vais voir et mon carnet est désespérément vide cette année. Je me considère comme une “puriste” de la salle, que ce soit au théâtre ou au cinéma. Le petit écran ne remplacera jamais le grand. J’ai tellement hâte de retourner m’asseoir dans une salle, avec du monde autour, pour tous regarder dans la même direction… Vivement le 19 mai ! »