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Kaouther Ben Hania : « La liberté est le véritable thème de mon film »


Laurent Hérin le Vendredi 9 Octobre 2020 à 20:14

La cinéaste tunisienne est à Bastia pour présenter « L’homme qui a vendu sa peau » dans le cadre du Festival Arte mare. Un film de la compétition qui fait déjà office de favori.
CNI a rencontré Kaouther Ben Hania.



Kaouther Ben Hania au Théâtre de Bastia, pas loin d'une œuvre d'art
Kaouther Ben Hania au Théâtre de Bastia, pas loin d'une œuvre d'art
Vous venez pour la première fois à Bastia ?
- Oui, c’est la première fois que je viens ici. Je découvre la ville et je suis déjà sous le charme. La Belle et la Meute [son précédent long métrage, NDLR] avait été présenté en 2017 et avait remporté le prix du Jury Arte Mare. Je suis heureuse de découvrir enfin ce grand festival et Bastia.
 
- Votre film vient d’être récompensé à Venise, c’est important d’être en Festival ?
- Oui, c’est une année particulière. Cannes a été annulé, du moins sous sa forme habituelle. Du coup, beaucoup de films ont été présenté à Venise, je n’en revenais pas d’être sélectionnée ! Je suis tellement contente. Et encore plus avec les deux prix que nous avons obtenu.
 
- Comment choisi-t-on un tel sujet ?
- Je fais des films sur les choses que j’aime, qui me passionnent. Sur des sujets que je connais. J’ai travaillé plus de trois ans sur ce film. L’art contemporain m’intéresse et c’est surtout l’idée d’une rencontre entre cette discipline et un réfugié qui me passionnait. J’ai été notamment inspirée par un artiste plasticien, Wim Delvoye, qui repousse les limites et défie le marché de l’art. Il fait d’ailleurs un caméo dans mon film (il joue le rôle d’un assureur avec une réplique particulièrement glaçante, NDLR). Mais derrière cette histoire, c’est le thème de la liberté qui est au cœur de mon film. C’est un des maître mot dans l’art et c’est aussi ce qui caractérise ce réfugié syrien : il porte en lui un désir de liberté.
 
- Un réfugié incarné par Yahya Mahayni.
- Sans jeux de mots, il fallait un acteur qui « porte le film sur son dos ». Yahya Mahayni est incroyable. Le casting a été très long, je voulais vraiment trouver la perle rare. J’ai rencontré beaucoup d’acteurs syriens. Il y a une grande tradition et de vrais formations d’acteurs, surtout pour le théâtre et la télévision, en Syrie.
 
- Un réfugié, de l’art mais aussi une grande histoire d’amour !
C’est vrai ! Elle m’a parfois été reprochée mais je ne pouvais concevoir cette histoire sans elle. Au-delà de la liberté, Sam Ali (interprété par Yahya Mahayni) à une motivation affective qui n’a rien de rationnelle. C’est aussi par amour qu’il accepte le deal. J’ai grandi avec des mélodrames, des grands films égyptiens. Ils ont forcément influencé mon travail. Cette histoire d’amour est essentielle pour moi…

L'Homme qui a vendu sa peau

Le pitch : Sam Ali, jeune syrien sensible et impulsif, fuit son pays pour le Liban afin d’échapper à la guerre. Pour se rendre en Europe et vivre avec l’amour de sa vie, il accepte de se faire tatouer le dos par l’artiste contemporain le plus sulfureux au monde. En transformant son corps en une prestigieuse œuvre d’art, Sam finira toutefois par découvrir que sa décision s’est faite au prix de sa liberté.

De Kaouther Ben Hania
Avec Monica Bellucci, Yahya Mahayni et Koen De Bouw
Français, Tunisien
Sortie en salle le 16 décembre 2020
Drame / 1h 40min

Kaouter Ben Hania présente son film au Régent de Bastia
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