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Covid-19 - Réouverture des écoles le 11 mai : l'avis des maires de la CAB


Livia Santana le Jeudi 30 Avril 2020 à 10:07

Alors que l'épidémie ne décroit pas et qu'un retour en classe progressif à partir du 11 mai a été réaffirmé ce mardi 28 avril par Edouard Philippe, nous avons donné la parole aux maires de la communauté d'agglomération de Bastia : Bastia, Santa Maria di Lota, Pietranera et San Martino di Lota. La mairie de Furiani, sollicitée, n'a pas donné suite à notre demande.



Pierre Savelli, maire de Bastia : "Le retour à l’école doit demeurer l’exception, pour les enfants dont la situation familiale le nécessite"

- Que pensez-vous de la réouverture des écoles le 11 mai ?
- Le gouvernement a fait le choix de faire coïncider le début du déconfinement avec la réouverture progressive des écoles. Cette crise sanitaire majeure a des répercussions, sociales et économiques pour chaque famille. Avec des conséquences trop souvent dramatiques. J’entends donc les parents qui par précaution préfèrent garder leurs enfants à la maison et ceux qui sont dans l’obligation de les rescolariser. J’entends également les craintes des personnels impliqués dans la vie scolaire. Ainsi, le principe ne peut pas être la réouverture généralisée. Le retour à l’école doit demeurer l’exception, pour les enfants dont la situation familiale le nécessite.


- En tant que maire comptez-vous autoriser les écoles à rouvrir ?
- Une décision de cette importance doit être prise avec l’ensemble des acteurs concernés : services de l’Education nationale, communauté enseignante, parents d’élèves, les personnels territoriaux pour se décliner sur une organisation précise, au cas par cas. Aussi, comme cela a déjà été fait, je m’entretiendrai très rapidement avec toutes les parties prenantes pour éclairer au plus vite les personnels et familles qui sont dans l’expectative. Quel que soit le mode d’accueil, il ne pourra se faire qu’avec l’absolue certitude que toutes les conditions de sécurité sanitaire auront été prises et cela se fera en concertation avec le Comité Scientifique mis en place par le Conseil exécutif de Corse. Il s’agira de concilier sécurité sanitaire et continuité du service public.

Michel Rossi, maire de Ville di Pietrabugno : " Les enfants doivent pouvoir accéder à l’école avec équité, mais pas à n’importe quel prix"

La réouverture des bâtiments scolaires à compter du 11 mai pour organiser une reprise des cours en CP, CM2 et grandes sections est envisagée par le gouvernement . Ce qui m’importe c’est la sécurité des enfants ainsi que celle des personnels qui auront à évoluer dans un contexte inédit. La question est de savoir si la commune est à même de garantir des conditions d’accueil et d’enseignement conformes à la situation sanitaire, laquelle exige la mise en oeuvre de mesures très contraignantes.
 

- Aujourd’hui les élus et les personnels concernés y travaillent en collaboration avec les enseignants. Il faut savoir que cette réouverture suppose des aménagements d'horaires et de locaux. Il faut équiper nos personnels et les préparer voire les former. Il faudra également envisager des désinfections régulières plusieurs fois par jour mais aussi prévoir l’accueil et le départ des enfants, régler les problèmes de circulation aux abords de l’école, etc... 
A ce jour, nous ne sommes pas encore en possession des moyens logistiques nécessaires. 

- Les enseignants avec qui nous sommes en contact vont évaluer le nombre d’élèves qui seraient accueillis (après consultation des parents) , et nous examinerons avec eux et dans le détail, les procédures à mettre en place.
Malgré toutes ces contraintes, nous avons bien conscience d’avoir un rôle à jouer afin que la communauté scolaire puisse reprendre  progressivement ses activités, que les enfants puissent accéder à l’école avec équité, mais pas à n’importe quel prix.

Marie-Hélène Padovani, mairesse de San Martino di Lota : "Si nous avons la possibilité de mettre en place les gestes barrières, nous rouvrirons l'école"

- Que pensez-vous de la réouverture des écoles le 11 mai ?
- Pour les 6 semaines d’école restantes et au vu de la crise sanitaire que nous connaissons j’aurais tendance à dire que je ne vois pas de prime abord l’utilité de la reprise de l’école encore moins de la maternelle et du primaire.
En revanche d’un point de vue plus pédagogique et sociétal je pense que dans certains cas  et certaines situations familiales il est important que l’école reprenne ne serait-ce que pour une équité sociale et de donner le droit à l’enseignement pour tous les enfants mais pas au détriment de leur santé. 
 
- En tant que maire comptez-vous autoriser les écoles à rouvrir ?
 
- J’ai écouté comme tous le monde l’intervention du Premier ministre sur le plan de deconfinement et plus particulièrement sur l’école. Ce qui est rassurant c’est qu'il n’est pas obligatoire et basé sur le volontariat. Ils pourront poursuivre gratuitement de leur domicile un enseignement à distance. 
 
En revanche, pour les enfants avec du retard scolaire ou pour les enfants dont les parents n’ont pas de solutions pour les garder, ceux rencontrant des problèmes familiaux, je suis obligée de rouvrir l’école, nous nous devons d’assurer et de continuer le service public. Au moment où je vous réponds nous ne connaissons pas encore comment fonctionnera l’école et surtout pour la compétence des communes le fonctionnement des cantines et des garderies. 
Notre priorité est la santé et la protection de nos enfants et de notre personnels des écoles et c’est pour ces raisons que je peux vous dire que pour  l’école de Pietranera la cantine ne rouvrira pas ces portes avec le fonctionnement  actuel. Les restaurants étant fermés, comment peut-on ouvrir des restaurants scolaires ? 
 
Pour le reste ma décision dépendra d’une concertation avec le corps enseignant et les représentants des parents d’élèves afin de préparer cette rentrée et de trouver des solutions ensemble. En revanche si nous avons la possibilité de mettre en place les gestes barrières, des masques en quantité suffisantes pour le corps enseignant, le personnel municipal et la mise à disposition de gel hydroalcoolique, nous rouvrirons l’école.

Guy Armanet, maire de Santa Maria di Lota : "Pour le moment ma position est clairement en faveur d’une fermeture de nos écoles, jusqu’en septembre"

- Dans son allocution du 13 avril 2020, M. le Président de la République a annoncé l'amorce de la phase de déconfinement, à compter du 11 mai prochain. Aussi, il a souhaité la réouverture des crèches, des écoles... au rang des mesures prioritaires à mettre en œuvre. En tant que collectivité compétente dans le domaine de l'éducation, de l'enfance et de la petite enfance, cette information a suscité beaucoup d'interrogations au sein de la Municipalité.
À ce titre, j'ai suivi avec attention la prise de parole, à l'Assemblée Nationale, de Monsieur le Premier Ministre. Si sa présentation a fixé les grandes lignes de la stratégie de retour progressif à la vie normale pour le pays, les mesures d'application concrètes, notamment pour la reprise scolaire, me paraissent, encore à ce jour, beaucoup trop floues.

Je suis convaincu qu'il est fortement prématuré d'envisager le retour à l'école, dès le 11 mai, en méconnaissance des protocoles sanitaires attendus et, de facto, de notre possibilité réelle à les appliquer. Je crois fondamental la nécessité d'engager, dans les plus brefs délais, une concertation avec l'ensemble des acteurs locaux, pour aborder précisément et de manière homogène, à l'échelle de nos territoires intercommunaux :
- les difficultés spécifiques à nos infrastructures. 
- les dispositions pragmatiques et les précautions sanitaires à déployer.

- Pour le moment, et dans l’attente, ma position est clairement en faveur d’une fermeture de
nos écoles, jusqu’en septembre. Toutefois, je souhaite rester particulièrement attentif et vigilant, en collaboration avec le personnel de l’éducation national, garant des bonnes pratiques et des méthodes pédagogiques, aux commodités de l’enseignement à distance et aux éventuels « décrochages scolaires ». L’objectif impérieux étant de garantir la sécurité absolue de l'ensemble de notre communauté éducative : familles, enfants, enseignants et agents publics.