Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci (2e à gauche) et Norbert Samama (à droite), maire du Pouliguen, ont fait part de leurs expériences respectives en matière de meublés de tourisme dans leurs communes.
« Des problèmes de riches... » Jean-Charles Orsucci en était presque à s’excuser, au moment d’évoquer sa décision d’interdire la construction de résidences secondaires à Bonifacio. Car quelques minutes auparavant, Madi Madi Souf, le président de l’association des maires de Mayotte, s’était exprimé pour faire part de la réalité des Mahorais en matière de logements : « 77 % des gens à Mayotte vivent sous le seuil de pauvreté, et quatre logements sur dix sont des constructions fragiles, en tôle, qu’on appelle communément les bidonvilles. » « Quand on entend quelles sont les problématiques chez nos amis ultra-marins, qui n’ont parfois pas d’eau potable, qui souffrent des conditions climatiques extrêmes, on gagnerait en Corse à avoir plus de rassemblements avec des représentants d’autres territoires, on se plaindrait peut-être moins souvent », a repris Jean-Charles Orsucci, s’exprimant en sa qualité de maire de Bonifacio et non dans le cadre de ses nouvelles fonctions à la présidence de l’ANEL.
Il n’en demeure pas moins que les effets pervers des meublés de tourisme sont un problème, en Corse comme ailleurs sur le littoral français, et pas pour les riches : pour des gens moins aisés, désireux de trouver un logement à l’année, mais dont les prix prohibitifs sur le marché de l’immobilier, à l’achat ou à la location, les conduisent à renoncer à faire aboutir leur projet. Jean-Charles Orsucci le sait bien, et ce n'est pas anodin s'il a été l’un des premiers maires de France à décider d’instaurer dans son Plan local d’urbanisme une servitude de résidence principale. Autrement dit, interdire la construction de nouvelles résidences secondaires sur les terrains constructibles de Bonifacio, ce que permet désormais la loi Le Meur, qui est entrée en vigueur en novembre 2024.
Il n’en demeure pas moins que les effets pervers des meublés de tourisme sont un problème, en Corse comme ailleurs sur le littoral français, et pas pour les riches : pour des gens moins aisés, désireux de trouver un logement à l’année, mais dont les prix prohibitifs sur le marché de l’immobilier, à l’achat ou à la location, les conduisent à renoncer à faire aboutir leur projet. Jean-Charles Orsucci le sait bien, et ce n'est pas anodin s'il a été l’un des premiers maires de France à décider d’instaurer dans son Plan local d’urbanisme une servitude de résidence principale. Autrement dit, interdire la construction de nouvelles résidences secondaires sur les terrains constructibles de Bonifacio, ce que permet désormais la loi Le Meur, qui est entrée en vigueur en novembre 2024.
Les exemples de Saint-Malo et du Pouliguen ?
« A Bonifacio, 55 % des logements sont des résidences secondaires, a rappelé Jean-Charles Orsucci. Si on ne faisait rien, on partait sur une trajectoire de 60 à 70 %. On allait sur une catastrophe. Pour qui je travaille, à la fin, s’il n’y a plus de Bonifaciens habitant Bonifacio ? » Un diagnostic est en cours, annonce le maire : « La loi Le Meur nous autorise aujourd’hui à avoir un numéro d’enregistrement et une vue sur les changements de destination. C'est la première mesure que nous avons prise, pour connaître notre territoire. La deuxième phase que nous aborderons avec le conseil municipal et la population, c’est que dans cette idée d’équilibre, une personne qui possède un bien à la location touristique, on peut considérer que c’est lui permettre de mettre un peu de beurre dans ses épinards. Mais quand on commence à avoir quelqu’un qui a cinq ou six appartements, là on a changé de monde, on est sur du commerce. Je ne jette pas la pierre, je dis simplement qu’à partir de ce moment-là, il faut encadrer. »
Avant même l’adoption de la loi Le Meur par les parlementaires, une commune française avait joué les précurseurs : Saint-Malo. En 2021, la station balnéaire bretonne avait pris, par le biais de son maire Gilles Lurton (divers droite), un arrêté municipal qui avait fixé des quotas de location de courte durée. Une décision qui avait été contestée en justice par des propriétaires mécontents, mais trois ans plus tard, en octobre 2024, le tribunal avait jugé l’arrêté légal, ouvrant droit à une jurisprudence qui a depuis été confortée par la loi Le Meur. Norbert Samama, le maire du Pouliguen en Loire-Atlantique, avait emboité le pas malouin dès 2021, convaincu que la situation ne pouvait plus durer dans sa commune : « On avait 60 % de résidences secondaires et le prix du mètre carré était de 7 500 euros, autrement dit inaccessible pour beaucoup de nos habitants. » Norbert Samama revient sur la nouvelle donne qu’il avait proposée à ses administrés : « Is avaient droit à un logement secondaire. Et pour un deuxième, il fallait qu’ils proposent en équivalent un logement en location longue durée. » Et la pilule n’est pas passée au début : « On s’est fait dézinguer par des propriétaires qui arrivaient fous de rage en mairie. Puis l’orage est passé. A force d’explications, ils ont compris que si on continuait ainsi, il n’y aurait plus de jeunes actifs sur la commune pour s’occuper d’eux demain. »
Pas d'effets visibles à court terme
Le prochain recensement de l’Insee dira si cette politique a porté ses fruits. Car pour l’heure, rien ne permet d’affirmer que la courbe des logements secondaires a été enrayée. Au contraire : au Pouliguen, le nombre de résidences principales a ainsi continué à diminuer entre 2016 et 2022 (de 2 534 à à 2 359), la courbe étant toujours en faveur des résidences secondaires (3 756 en 2016 et 4 206 en 2022). Et à Saint-Malo, on est passé de 69,5 % de résidences principales en 2016 à 68 % en 2022, pendant que dans le même intervalle les résidences secondaires ont bondi, de 24,9 % à 27,1 %. Impossible, donc, de tirer un quelconque enseignement de cet équivalent de la loi Le Meur, pris avant l’heure par ces communes de l’ouest. Jean-Charles Orsucci sait que les effets de sa décision n’apparaîtront pas immédiatement : « On fera un bilan dans quatre ou cinq ans. Si on s’est trompé, on pourra toujours reculer, mais je mise sur la taxe sur les plus-values. Car les maisons qui sont déjà construites aujourd’hui sur notre territoire, elles se vendront plus chères demain. »
« A Bonifacio, 55 % des logements sont des résidences secondaires, a rappelé Jean-Charles Orsucci. Si on ne faisait rien, on partait sur une trajectoire de 60 à 70 %. On allait sur une catastrophe. Pour qui je travaille, à la fin, s’il n’y a plus de Bonifaciens habitant Bonifacio ? » Un diagnostic est en cours, annonce le maire : « La loi Le Meur nous autorise aujourd’hui à avoir un numéro d’enregistrement et une vue sur les changements de destination. C'est la première mesure que nous avons prise, pour connaître notre territoire. La deuxième phase que nous aborderons avec le conseil municipal et la population, c’est que dans cette idée d’équilibre, une personne qui possède un bien à la location touristique, on peut considérer que c’est lui permettre de mettre un peu de beurre dans ses épinards. Mais quand on commence à avoir quelqu’un qui a cinq ou six appartements, là on a changé de monde, on est sur du commerce. Je ne jette pas la pierre, je dis simplement qu’à partir de ce moment-là, il faut encadrer. »
Avant même l’adoption de la loi Le Meur par les parlementaires, une commune française avait joué les précurseurs : Saint-Malo. En 2021, la station balnéaire bretonne avait pris, par le biais de son maire Gilles Lurton (divers droite), un arrêté municipal qui avait fixé des quotas de location de courte durée. Une décision qui avait été contestée en justice par des propriétaires mécontents, mais trois ans plus tard, en octobre 2024, le tribunal avait jugé l’arrêté légal, ouvrant droit à une jurisprudence qui a depuis été confortée par la loi Le Meur. Norbert Samama, le maire du Pouliguen en Loire-Atlantique, avait emboité le pas malouin dès 2021, convaincu que la situation ne pouvait plus durer dans sa commune : « On avait 60 % de résidences secondaires et le prix du mètre carré était de 7 500 euros, autrement dit inaccessible pour beaucoup de nos habitants. » Norbert Samama revient sur la nouvelle donne qu’il avait proposée à ses administrés : « Is avaient droit à un logement secondaire. Et pour un deuxième, il fallait qu’ils proposent en équivalent un logement en location longue durée. » Et la pilule n’est pas passée au début : « On s’est fait dézinguer par des propriétaires qui arrivaient fous de rage en mairie. Puis l’orage est passé. A force d’explications, ils ont compris que si on continuait ainsi, il n’y aurait plus de jeunes actifs sur la commune pour s’occuper d’eux demain. »
Pas d'effets visibles à court terme
Le prochain recensement de l’Insee dira si cette politique a porté ses fruits. Car pour l’heure, rien ne permet d’affirmer que la courbe des logements secondaires a été enrayée. Au contraire : au Pouliguen, le nombre de résidences principales a ainsi continué à diminuer entre 2016 et 2022 (de 2 534 à à 2 359), la courbe étant toujours en faveur des résidences secondaires (3 756 en 2016 et 4 206 en 2022). Et à Saint-Malo, on est passé de 69,5 % de résidences principales en 2016 à 68 % en 2022, pendant que dans le même intervalle les résidences secondaires ont bondi, de 24,9 % à 27,1 %. Impossible, donc, de tirer un quelconque enseignement de cet équivalent de la loi Le Meur, pris avant l’heure par ces communes de l’ouest. Jean-Charles Orsucci sait que les effets de sa décision n’apparaîtront pas immédiatement : « On fera un bilan dans quatre ou cinq ans. Si on s’est trompé, on pourra toujours reculer, mais je mise sur la taxe sur les plus-values. Car les maisons qui sont déjà construites aujourd’hui sur notre territoire, elles se vendront plus chères demain. »
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