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Travailler pendant le Covid-19. Le témoignage de Maryline, buraliste à Bastia : " Il y aura toujours un avant et un après "


Livia Santana le Dimanche 12 Avril 2020 à 19:30

Le confinement ne concerne pas tout le monde à l'image de Maryline, buraliste dans un centre commercial de Bastia, pour qui "cesser de travailler n'était même pas envisageable". Maman de deux jeunes garçons, elle doit concilier 11 heures de travail quotidiennes, la protection de ses employées et le mécontentement des clients.
Pour CNI elle témoigne.



Maryline, buraliste à Bastia
Maryline, buraliste à Bastia
"J'ai l'impression d'avoir vécu deux vies"

Maryline est propriétaire depuis 24 ans d'un tabac dans un centre commercial à Bastia. Pour cette maman de deux garçons de 15 et 9 ans, fermer son commerce était inenvisageable : "N'en déplaise aux non-fumeurs, les buralistes sont des prestataires de service d'utilité publique. Je n'ai pas l'habitude de quitter le navire quand il coule." 

Ainsi, quand le confinement a été annoncé, la buraliste a laissé le choix à ses trois employées, toutes mères de famille, de continuer à travailler ou non. Toutes ont tenu à rester. "Cesser de travailler ce n'était même pas envisageable. Pendant cette période on est pas là pour gagner de l'argent. Même seule j'aurais ouvert, ça aurait été compliqué mais je l'aurais fait pour mes clients", assure-t-elle. 

Dès le 16 mars, la patronne a déployé des mesures de sécurité pour ses employées : mise à disposition de gel hydro-alcoolique, gants et après une journée de recherche, s'est procurée des visières de protection destinées aux électriciens.

La commerçante tient à remercier les travailleurs de l'ombre : " On ne pense pas assez aux fournisseurs, aux personnes qui réceptionnent le fret et les livreurs. Mais aussi aux agents de sécurité du centre commercial sans qui on ne pourrait pas travailler."

Une vie de famille réorganisée 

Maryline travaille de 8h30 à 19 heures, lorsqu'elle rentre chez elle son mari boulanger-pâtissier et ses deux fils l'attendent. Une deuxième journée démarre loin du bureau de tabac : " Quand j'arrive à la maison, mon petit dernier veut m'embrasser mais tant que je ne me suis pas lavée et changée je ne le fait pas. C'est trop dangereux." 

A 20 heures quand elle arrive ce n'est pas le repas chaud qui l'attend mais bien les devoirs. "Bien sûr j'ai toujours aidé mes enfants à faire leurs devoirs mais après 11 heures au tabac c'est compliqué de tout gérer." 

Son mari boulanger a lui aussi un rythme de travail soutenu mais le couple s'épaule tant bien que mal. " Il y aura toujours un avant et un après le Coronavirus, mais toute expérience est enrichissante.", déclare-t-elle en essayant de relativiser.