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Territoriales : Dans une tribune, José Orsini apporte son soutien à Jean-Charles Orsucci


Jean-Paul-Lottier le Samedi 25 Novembre 2017 à 13:22

Elu d'opposition à l'Ile-Rousse, connu pour ses idées de gauche, dans une tribune qu'il nous a fait parvenir, José Orsini livre son analyse sur la situation de la Corse et annonce son soutien à Jean-Charles Orsucci, maire de Bunifaziu.



Territoriales : Dans une tribune, José Orsini apporte son soutien à Jean-Charles Orsucci

"A l’orée du premier tour des élections territoriales, un constat peut déjà être dressé. Cette élection ne revêt aucune dimension politique. Il semblerait qu’une partie des acteurs politiques de l’île se soit résolue à ne pas faire naître les conditions d’un véritable débat d’idées dans l’île. Or, plus que jamais, les problématiques qui touchent les Corses (paupérisation de la société, économie à deux vitesses, enjeux ayant trait à l’identité…) doivent être ardemment débattues. La société corse, où prévaudra demain une autonomie politique accrue, ne saurait faire l’économie d’une confrontation idéologique entre les projets de société portés par les différentes forces politiques.

L’alliance nouée en 2015 entre les autonomistes et les indépendantistes aurait-elle contribué à faire advenir une sorte de fin de l’histoire politique insulaire permettant d’évacuer les clivages et les antagonismes qui structurent notre communauté ? Est-ce à dire que désormais le consensus prévaudrait au sein de notre société, et que les oppositions idéologiques devraient être rangées au rang des veilles lunes de l’histoire ?

Les autonomistes, rangés derrière Gilles Simeoni, et les indépendantistes de Corsica Libera, en dépit des divergences qui à certains moments ont semblé traverser leur alliance, constituent le nouveau pôle hégémonique. Entre le bloc nationaliste et les élus enclins à mener des batailles rétrogrades sous prétexte d’un prétendu front républicain, la Corse a besoin d’un bloc progressiste et humaniste à même de contrebalancer l’hégémonie des nationalistes. Je ne crois pas à la politique du consensus permanent, mais plutôt à une démocratie de la pluralité dans lequel des blocs politiques, conscients de leur identité et de leur différence, s’opposent. Cette dialectique entre forces politiques est la véritable garante du principe démocratique.

En tant que progressiste corse, et soutien de Jean-Charles Orsucci dans le cadre de cette élection, je ne peux que me réjouir de voir qu’un concept comme celui d’autonomie n’est plus marqué du sceau de l’infamie, et a enfin le droit de cité dans notre assemblée.

Mais, par-delà la question relative à l’autonomie, il s’agit avant tout de définir le cadre philosophique, idéologique et politique dans lequel nous souhaitons évoluer à l’avenir. La société Corse, n’en déplaise aux tenants d’une vision monolithique et fantasmée, est tiraillée par des lignes de fractures réelles. Loin de ressortir du domaine du prosaïque, cette réalité insulaire constitue un support particulièrement signifiant, à partir duquel celles et ceux qui aspirent à diriger notre collectivité doivent exposer leur vision du monde.

Je m’étonne également que nous puissions faire l’économie d’une réflexion, voire, osons le terme, d’une remise en cause, de notre système économique. Comment peut-on raisonnablement parler d’autonomie politique, sans se soucier de l’état d’exclusion permanent dans lequel vit une partie de la population. Les Corses, et les nationalistes l’ont bien reconnu, sont désireux de davantage de reconnaissance. Mais cette reconnaissance elle n’est pas uniquement d’ordre politique. Nous devons sortir du dialogue de sourds entre la périphérie et la métropole. La reconnaissance à laquelle aspire les femmes et les hommes de cette terre elle concerne avant tout la structure économique, et avec elle la dignité de l’homme.

Dans certains territoires de l’île, la Corse du XXIe siècle, loin d’être une terre bercée par les espoirs enivrants d’une autodétermination prochaine, est plutôt appréhendée à l’aune d’un sentiment d’exclusion particulièrement violent. Avant même de parler d’autonomie politique, le véritable front à ouvrir concerne tout particulièrement ces franges marginalisées de la société qu’il convient de remettre au cœur même du discours et de l’action politique.

Comme l’a montré l’INSEE, en Corse « les revenus sont parmi les plus faibles de France ». « L’écart de revenus entre les personnes les plus pauvres et les plus aisées est important » et « un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté ». Dans de telles conditions, comment expliquer que la précarité ne figure pas à l’ordre du jour de cette élection ?

Entre les nationalistes et les forces politiques héritières d’un système politique désuet, l’enjeu des prochaines années est de faire émerger une force politique progressiste, autonomiste et humaniste, à même d’incarner cette vision alternative pour la Corse.

Cette force aujourd’hui est en train de se construire et s’édifier. Elle est, aujourd’hui, portée par Jean-Charles Orsucci, avec qui je chemine depuis plusieurs années, et qui, à rebours de nombre d’élus insulaires, a le mérite d’avoir été constant sur sa vision de la Corse.

Le maire de Bunifaziu ne s’est pas converti il y a quelques jours à l’autonomisme, comme cela a été le cas pour certains caciques de la vie politique insulaire. Avec d’autres, il est de ceux qui contribuent à incarner ce discours progressiste et humaniste qui est, dans le contexte présent, plus que jamais nécessaire. La démocratie insulaire a besoin de cette pluralité de visions du monde qui, loin d’être forcément irrévocables, contribuent à la vitalité de notre vie politique".
A la lutte pour les places, je préfère la lutte pour et par les idées."