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Services sociaux de la Collectivité de Corse : « on est dans l’urgence pour le placement des mineurs »


Laurent Hérin le Lundi 1 Février 2021 à 20:19

A l’appel de plusieurs syndicats, les agents de la Collectivité de Corse de la DISS (Direction des Interventions Sociales et Sanitaires) se sont réunis ce lundi 1er février en assemblée générale pour soulever de graves problèmes de fonctionnement. A l’issue, ils étaient rassemblés sur l’esplanade devant les locaux de la DISS au Fango de Bastia, bien décidés à faire entendre leur colère.



L'intersyndicale à l'origine du mouvement, bien décidée à se faire entendre
L'intersyndicale à l'origine du mouvement, bien décidée à se faire entendre
« Ça ne peut plus durer ! martèle Aurélia Bastiani du STC. Nous sommes dans un état de saturation. Il n’y a plus de places pour le placement des mineurs, ni en famille d’accueil ni dans les établissements spécialisés. La situation dure depuis plusieurs années. Le personnel est épuisé. » Elle poursuit : « On bricole. Il n’y a pas assez de structures spécialisées et plus assez de places dans celles existantes. Pas de renforcement des équipes. Personne n’a par exemple anticipé les départs à la retraite. » Olivier Lapierre-Salvadori de FO insiste : « Nous avons voulu ce rassemblement pour nous faire entendre. Nous attendons avec impatience le rendez-vous de jeudi avec le président du conseil exécutif et avec Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge des domaines social et santé. Nous voulons faire remonter les difficultés auxquelles nous sommes confronté : le manque de places dans les structures et le mal-être des personnels qui doivent s’occuper des jeunes 7 jours sur 7, 24h sur 24. »
Aurélia Bastiani enchaîne : « Nous récupérons des MNA (Mineurs non accompagnés) qui doivent être placés et, par manque de places, ils sont parfois mélangés sans distinction d’âge ou de sexe avec les problèmes que ça entraîne. »


Eric Luciani de la CGT et Véronique Pieve de la CFDT vont dans le même sens : « La situation est insupportable et inédite. Ça dure depuis trop longtemps. Le travail des agents de la Collectivité est d’aider ces mineurs. Aujourd’hui, vu les conditions, on a l’impression de mes mettre encore plus en difficulté. »
 
Alors que le rassemblement se disperse, la colère ne retombe pas. Des familles d’accueil nous interpellent à leur tour : « Ça fait plus de dix ans que nous sommes assistants. La situation se dégrade, aujourd’hui il y a un surnombre dans les placements. Ce qui n’était qu’une simple dérogation devient du long terme. » Ils poursuivent, exténués : « Aujourd’hui, il n’y a pas de postulants pour de nouveaux agréments. Pas de campagne de recrutement, on se sent seul. L’accueil de ces jeunes nous prend 100% de notre temps. Nous n’arrivons plus à poser de congés depuis 4 ou 5 ans. Le confinement n’a rien arrangé. On est en fin de chaîne, une fois les placements décidés. On n’a plus de temps de repos. »

La seule chose qui les rassure un peu : « Ce mouvement et le fait d’y être associé. »

 « On espère que ça va enfin bouger. Ce n’est plus possible. Et il ne faut pas oublier une chose, au final, c’est pour ces enfants que nous sommes inquiets. »