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Rispettu, le réseau d’hôteliers corses qui mise sur le tourisme durable


Léana Serve le Samedi 31 Mai 2025 à 20:41

Créée il y a douze ans par un groupe d’hôteliers corses, l’association Rispettu œuvre pour un tourisme plus durable sur l’île. Avec une méthodologie concrète et des partenaires locaux, elle accompagne aujourd’hui 87 établissements engagés dans une démarche de développement durable.



L'association Rispettu compte 87 établissements membres (crédit : Rispettu)
L'association Rispettu compte 87 établissements membres (crédit : Rispettu)

Promouvoir un tourisme durable et respectueux de l’environnement en Corse : c’est le but de l’association Rispettu. Fondé il y a douze ans, ce projet est né d’une idée commune de dix hôteliers à travers l’île. “On voulait faire du développement durable, mais on ne voulait pas que l'écologie passe avant notre métier d'hôtelier”, explique Dominique Vaschalde, animateur au sein de Rispettu. “On a fait venir plusieurs organismes, mais aucun ne nous correspondait, parce qu’ils mettaient toujours l'écologie avant l'hôtellerie. Étant donné qu’on n’a pas trouvé de démarche ni de méthode qui nous permettait de garder notre métier au cœur du projet, on s'est dit qu’on allait le créer.”
 

Pour mettre cette idée de développement durable en pratique, les hôteliers se sont basés sur une méthodologie bien précise. “Si une nuitée coûte 100 euros, on a calculé la quantité d’énergie utilisée en euros et en kilowattheures. On a fait la même chose pour l’eau, les produits d’entretien, les produits d’accueil, les textiles et les denrées alimentaires. Avec ce calcul, on a vu notre dépense, et on s’est ensuite demandé comment on pourrait réduire nos consommations sans diminuer le confort du client et tout en donnant le côté le plus identitaire possible à notre prestation.”

L’association souhaite aussi travailler en circuit court avec des producteurs locaux. “L’idée, c'est de développer l'économie régionale et de travailler avec des entreprises corses. On ne veut pas qu'un référentiel nous oblige à faire ce qu'on n'a pas envie de faire. Par exemple, 80 % des produits du petit-déjeuner sont en circuit court. Notre miel, notre fromage, notre jambon, nos confitures sont corses, et c’est une vraie expérience pour les clients, qui achètent les produits qu’ils ont consommés à l’hôtel directement chez le producteur. On est en partenariat avec eux, et on essaie aussi de développer l'activité des petits producteurs qui travaillent avec nous. Chacun essaie de développer l'autre”, détaille Dominique Vaschalde. Aujourd’hui, le réseau Rispettu compte pas moins de 87 membres à travers l’île.


Pas de label mais une formation

Si les membres du réseau Rispettu mesurent leur consommation et travaillent en circuit court, c’est uniquement dans le but de s’améliorer en termes de développement durable. Pour Dominique Vaschalde, pas question de parler de label. “On ne veut surtout pas être un label, parce qu’on ne veut pas que les gens fassent semblant juste pour l’obtenir. On veut que les choses soient vraies”, affirme-t-il. “À partir du moment où ils sont d’accord avec nos cinq piliers, ils font partie du réseau. On veut vraiment être un programme d'amélioration continue identitaire, corse et durable. Bien sûr, il y a quelques contrôles, mais on paye des auditeurs pour le faire.”
 

L’association Rispettu mise avant tout sur de la formation auprès des hôteliers. “On est en partenariat avec l’Akto qui finance les formations, parce que le développement durable se fait par de la formation et non pas par de l’expertise. L’expertise ne permet pas aux hôteliers de progresser. De toute façon, à partir du moment où les hôteliers s’intéressent à la démarche, ils voient que c’est vrai et que c’est basé sur des consommations chiffrées. Si chacun progresse dans son service, c’est tout l’établissement qui progresse.”
 

Leur but est de proposer un développement durable sur trois aspects : économique, écologique et social. “C’est la définition du développement durable. On travaille sur l'économie avec des chiffres, sur l'écologie avec un impact environnemental, et sur le social avec la satisfaction de nos salariés, de nos clients, mais aussi des populations locales. On respecte les habitants des villes et des villages dans lesquels on se trouve, et on essaie de ne pas être trop envahissant pendant les mois d’ouverture.”

Récemment, l’Agence du Tourisme de la Corse a déposé la candidature de la Corse au label international Green Destinations, une certification qui s’appuie sur plus de 80 critères touchant aux dimensions environnementales, sociales et économiques. Pour Dominique Vaschalde, l’obtention de ce label permettrait d’appuyer le travail effectué depuis plus de dix ans par l'association. En effet, encore aujourd’hui, le réseau Rispettu cherche toujours à progresser dans le tourisme durable. “On cherche la progression, on ne cherche pas la conformité. Il faut continuer à protéger l’île des déchets, des manques d'eau, des manques d'électricité générés par nos activités”, indique Dominique Vaschalde.