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Rentrée scolaire en Corse : le nouveau protocole sanitaire inquiète parents et enseignants


Julia Sereni le Lundi 23 Août 2021 à 15:26

Dimanche 22 août, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a dévoilé le nouveau protocole sanitaire pour la rentrée scolaire, dit de « niveau deux ». Un dispositif qui ne rassure ni les syndicats d’enseignants, ni les représentants de parents d’élèves insulaires



La rentrée scolaire est prévue le vendredi 3 septembre. Photo : Michel Luccioni
La rentrée scolaire est prévue le vendredi 3 septembre. Photo : Michel Luccioni
Jean-Michel Blanquer l’a annoncé dans le Journal du Dimanche ce 22 août, le protocole qui prévaudra pour la rentrée du vendredi 3 septembre est celui de « niveau deux ». En clair, il repose sur le retour des cours en présentiel dans les écoles, collèges et lycées, le port du masque obligatoire à l'intérieur dès le primaire, la limitation du brassage et une aération renforcée des salles. À cela, s’ajoute la mise en oeuvre de campagnes de vaccination au collège et au lycée

« Difficilement applicable »

Des annonces qui ne sont pas de nature à rassurer les parents d’élèves, à l’instar de Denis Luciani, président de l’Associu di i Parenti Corsi (APC). « Ce protocole nous parait difficilement applicable » estime t-il. « Il manque un peu de cohérence, je pense notamment à la décision de faire la séparation entre enfants vaccinés et non vaccinés, qui instaure une inégalité entre les enfants. » En effet, en cas de contamination dans une classe, une période d'isolement de sept jours, donc d'école en distanciel, sera requise pour les élèves non-vaccinés. Le président de l’APC note aussi des mesures « contradictoires » concernant la pratique des sports. Ceux-ci seront autorisés en extérieur comme en intérieur, à la condition d'adapter la distanciation en fonction de l’activité.
 
« La différence entre cette rentrée et la précédente, c’est le variant delta, plus contagieux, et le vaccin »
pose Denis Luciani. « Elle se doit de concilier trois impératifs : éducatif, de santé, et égalité entre les enfants, et il ne nous apparait pas que ce protocole puisse répondre à ces impératifs » analyse t-il. « Je ne vous cache pas que nous avons donc une grande inquiétude. »

« On sait très bien que ça va repartir »

Du côté des enseignants, le ressenti n’est pas meilleur. Sur la forme d’abord. « Nous sommes interpellés par la communication de Jean-Michel Blanquer, sur Youtube ou dans le JDD, mais jamais directement avec le monde enseignant… On apprend tout par la presse, c’est regrettable » déplore Fabien Mineo, secrétaire général du syndicat enseignant Snuipp-FNSU de Haute-Corse. Sur le fond ensuite, l’enseignant dénonce une absence de prise en compte des situations locales : « Ce qu’on ne comprend pas, c’est que l’on puisse décider dix jours avant la rentrée que toute la France, de Dunkerque à Bonifacio, sera en niveau deux, sans prendre en compte les différences de taux d’incidence ». Et pour la Corse, l’enseignant juge le niveau deux « trop léger ».

« L’Éducation nationale a besoin de matériel de protection : des masques, du gel hydroalcoolique et une grande campagne régulière de tests » insiste t-il, regrettant par ailleurs que « rien n’ait été fait pour accélérer la campagne de vaccination des enseignants ». Fabien Mineo craint donc les conséquences pour les semaines à venir : « Nous avons été la première école à essuyer les plâtres des cas de Covid, on sait très bien que ça va repartir ».

Ne pas « forcer la main » aux parents

La campagne de vaccination annoncée à destination des collégiens et lycéens pourrait-elle changer la donne ? « Ce qu’on réclame nous, ce n’est pas une campagne de vaccination, car les parents doivent décider eux-mêmes, il ne faut pas leur forcer la main. Cela ne doit pas se faire dans un cadre scolaire » indique Fabien Mineo.

Un point de vue qui semble largement partagé par les parents d’élèves, si l’on en croit les résultats de notre appel à témoignages réalisé sur les réseaux sociaux, majoritairement opposés à la vaccination des adolescents. « Non. Inutile , il y a des traitements approuvés par la Commission Européenne depuis le 7 août . Et non merci, pas d’expérimentation sur des enfants qui sont en parfaite santé . » écrit cette internaute. « Pourquoi les enfants mais pas les enseignants ? » interroge une autre personne. Les « pour », en minorité, ont, pour certains, choisi l’ironie : « Mon fils de 14 ans est vacciné, ses copains aussi. Et à l’heure actuelle ils sont toujours vivants, n’ont pas de troisième bras qui a poussé et ne captent pas la 5G » raille ce parent d’élève.
 
Face à ces interrogations, les représentants des parents d’élèves, tout comme les instances représentatives des enseignants, sollicitent « au plus tôt » une réunion de pré-rentrée avec les autorités académiques. La balle est donc désormais dans le camp du rectorat.