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Prix de carburants : les agriculteurs bloquent les dépôts pétroliers de l'ile


M.V. le Lundi 21 Mars 2022 à 10:19

La mobilisation des agriculteurs corses ne faiblit pas. Cinq jours après le début du blocage du dépôt pétrolier de Lucciana pour dénoncer la hausse des prix qui menace leurs exploitations et réclamer des mesures fortes de la part de l'Etat, c'est aussi le dépôt d'Ajaccio qui est bloqué depuis ce lundi 21 mars



Florent Rengade, président des Jeunes Agriculteurs de Haute-Corse et d'autres agriculteurs ce lundi matin devant le dépôt pétrolier de Lucciana
Florent Rengade, président des Jeunes Agriculteurs de Haute-Corse et d'autres agriculteurs ce lundi matin devant le dépôt pétrolier de Lucciana

"On ne lâchera pas tant que nous n’obtiendrons pas gain de cause" prévient Florent Rengade, président des Jeunes Agriculteurs de Haute-Corse. Depuis jeudi 17 mars, il bloque avec d’autres agriculteurs le dépôt pétrolier de Lucciana pour dénoncer la hausse des prix qui les étrangle et menace leurs exploitations. "Nous demandons au gouvernement qu'il soit mis en place un plan de résilience adapté à la Corse, car nous ne sommes plus en mesure d’absorber les surcoûts liés à la flambée des prix " , résume le jeune éleveur qui détaille "les tarifs du Gazole Non Routier (GNR) utilisé pour les tracteurs a augmenté de 100 % en un an, passant de 0,87 centime à 1,75 le litre, mais on a aussi subi une augmentation de 25% su les aliments du bétail et de 300% sur certains engrais. Aujourd'hui on est au bord de la faillite, on a les exploitations qui ne dégagent plus aucun bénéfice. Aujourd'hui, ça nous coûte même de l'argent de produire."


Pour les exploitants agricoles présents ce lundi 21 mars devant le dépôt de Lucciana le constat est unanime : "on est dans une situation que si rien n'est fait rapidement dans six mois, il sera trop tard. En on est là aujourd'hui pour manifester notre ras-le-bol. Ce ne sont pas une remise à la pompe de 15 centimes par litre qui va nous sortir de cette situation, on veut que le gouvernement prenne en compte le contexte de l'insularité qui fait que tout c'est qui est transporté nous coûte plus cher et que malgré une TVA plus basse sur le gasoil, on le paye plus cher."


Un rendez-vous aura lieu ce lundi vers 17 heures à Bastia entre le préfet de Haute-Corse et les agriculteurs qui sont bien décidés à poursuivre la mobilisation jusqu'à ce qu'une réponse concrète leur soit apportée de la part de l'Etat.
Si la situation s'enlise, les stations essence de l'ile pourraient être bientôt à sec.

 


La FDSEA de Haute-Corse apporte son soutien aux agriculteurs

Présent ce lundi matin devant le dépôt pétrolier de Lucciana, Joseph Colombani, président de la Fédération Départementale des Syndicats des Exploitants Agricoles de Haute-Corse (F.D.S.E.A.), apporte son soutien aux jeunes agriculteurs et s'associe à leurs revendications : "Aujourd'hui que l’on connaît le plan de résilience, on voit qu'il n'est pas du tout adapté à la Corse et il semblerait même que ce plan exclue la problématique insulaire." 
Selon le président de la Chambre d'Agriculture de Haute-Corse, il est donc "logique de réagir". 
Au nom de la FSAD, il demande un "vrai Plan Marshall pour la Corse". Pour Colombani "il est urgent, non pas trop tard, de contenir les prix issus de cette conjoncture,mais aussi de favoriser enfin la production locale."

 

 

 


Le soutien des Chambres consulaires


Les présidents la chambre régionale d'Agriculture de Corse, de la la chambre de Métiers et de l'artisanat et de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse signent un communiqué commun relatif à la situation en Ukraine et ses conséquences économiques pour l'île. 

La guerre d’agression russe en Ukraine, ainsi que les sanctions d’une ampleur inédite prises par la France et ses partenaires à l’encontre de la Russie, ont déjà des conséquences économiques d’une gravité considérable.


Les Chambres Consulaires de Corse tiennent à manifester leur soutien aux agriculteurs dans leur légitime revendication d’un volet territorialisé du plan national de résilience économique et sociale.


En effet, au même titre que les Organisations Professionnelles du Transport Routier qui viennent d’obtenir un volet sectoriel complémentaire tout aussi légitime, il ressort clairement que d’autres secteurs économiques méritent une prolongation des efforts des pouvoirs publics, nationaux et locaux, pour les soutenir efficacement.


C’est notamment le cas des agriculteurs, producteurs et acteurs de l’industrie agroalimentaire qui subissent de plein fouet, et en Corse plus qu’ailleurs, la triple incidence de l’envolée des prix des intrants majeurs : les hydrocarbures, les céréales et l’alimentation des cheptels, ainsi que les engrais.


Force est de constater que les mesures nationales, si elles constituent un socle précieux et important, méritent d’être adaptées et complétées par un nouveau volet pour venir coller à la réalité de notre écosystème productif, constitué de petites unités, et organisé de manière spécifique à notre histoire, notre culture et nos terroirs.
C’est l’urgence du moment et il convient d’y apporter des réponses rapides.


Hélas la conjoncture et sa dégradation rapide nous indiquent que cela ne sera pas la seule, et nous resterons attentifs et mobilisés pour œuvrer au soutien de l’ensemble des secteurs de l’économie insulaire impactés.