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Prévention des noyades en Haute-Corse : une démonstration grandeur nature à Aregno


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Dimanche 27 Juillet 2025 à 08:22

Une opération de sensibilisation s’est tenue ce samedi 26 juillet sur la plage d’Aregno-Algajola, associant démonstration de sauvetage, pédagogie auprès des jeunes et mobilisation des acteurs locaux. Un engagement collectif pour faire reculer les drames de l’été.les services de l’État, les secours et les communes de Haute-Corse s’associent.



Chaque année en France, environ 1 000 décès sont dus à des noyades accidentelles, dont près de la moitié pendant l’été. La Haute-Corse, avec ses 450 kilomètres de côtes, est particulièrement concernée. En 2024, 19 personnes ont perdu la vie par noyade dans le département. En 2025, trois décès ont déjà été enregistrés.
Face à ce constat, les services de l’État, le Service d’Incendie et de Secours de la Haute-Corse (SIS2B), les communes et les intercommunalités redoublent d’efforts en période estivale. Pour cela, une mise en situation de sauvetage s’est tenue ce samedi 26 juillet sur la plage d’Aregno-Algajola. Une démonstration destinée aux enfants d’une colonie de vacances. Une opération à forte portée symbolique et pédagogique, saluée par les autorités présentes sur place. « La Haute-Corse est un territoire aux multiples visages, avec des plages parfois très fréquentées, parfois plus isolées, mais où les risques sont les mêmes. Il nous fallait adapter notre réponse aux réalités du terrain », souligne Pierre-Yves Argat, directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse.

Sur les 15 postes de secours répartis sur le littoral, 7 en Balagne, 6 sur le Grand Bastia et 2 en Plaine orientale avec près de 45 surveillants de baignade et 9 sauveteurs aquatiques mobilisés chaque jour. « Ces postes de secours sont le fruit d’une collaboration étroite avec les mairies et les intercommunalités, qui jouent un rôle déterminant dans cette coordination. Notre objectif est d’anticiper les risques et de sensibiliser, notamment les plus jeunes, à la sécurité en mer. La meilleure des interventions reste toujours celle que l’on a su éviter », continue le directeur de cabinet. Ce maillage du territorial permet ainsi une vigilance continue sur les plages les plus fréquentées.
 

Aregnu-Algajola,  une plage très prisée 

Partagée entre les communes d’Aregnu et d’Algajola, et mesurant plus d’un kilomètre, cette plage voit passer chaque été, plusieurs centaines de personnes et propose de nombreuses activités. « C’est une plage très fréquentée, connue pour ses épisodes de forte houle et les risques qui en découlent. L’an dernier encore, le poste de secours a dû intervenir à plusieurs reprises. Ce sont souvent lors de ces journées que les gens prennent des risques inconsidérés. Il faut absolument éviter la baignade quand le drapeau orange est hissé. C’est une règle de bon sens, pourtant trop souvent ignorée » souligne le maire.  Face à ces risques, la commune mise sur la prévention et l’information. « Nous avons installé des panneaux, communiqué via les réseaux sociaux, sensibilisé les commerçants, notamment les restaurants de plage et les prestataires nautiques. Tout le monde est impliqué dans la sécurité des baigneurs». 
 
 

En Balagne, la surveillance s’adapte au territoire avec des équipes dynamiques. « Sur la Balagne, nous avons 7 postes de secours et jusqu’à 30 surveillants de baignade mobilisés chaque jour selon les conditions. Leur rôle est multiple, prévenir les risques, informer les baigneurs, intervenir rapidement en cas de besoin», précise le lieutenant Damien Volpei, responsable du secteur ouest pour le SIS2B et coordinateur des opérations sur le terrain. La plage d’Aregno-Algajola bénéficie d’un matériel adapté à sa situation, dont un Polaris buggy, véhicule d’intervention tout-terrain : « Il nous permet d’intervenir d’une extrémité de la plage à l’autre en un temps record. C’est essentiel sur un linéaire aussi long ».  La zone de baignade, elle, est ajustée quotidiennement. « Elle est délimitée par des drapeaux. En fonction du vent, on la déplace pour garantir une sécurité optimale », continue-t-il.

 
 


Sur les plages, les imprudences sont les premières causes d’accidents. Le lieutenant insiste sur le fait que le danger ne se limite pas aux jours de houle ou de vent fort : « Beaucoup de gens pensent qu’une mer calme est synonyme d’absence de risque. Mais c’est faux. Un malaise, une crampe, une imprudence peuvent survenir à tout moment». Et malheureusement, les comportements à risque se répètent. « Des baigneurs qui s’éloignent trop, qui ignorent les drapeaux de signalisation ou les consignes des sauveteurs. C’est souvent ce relâchement qui mène à l’accident ».

La surveillance des plages de Balagne s’étend majoritairement de début juillet à fin août et pour certaines communes, du 15 juin au 15 septembre. Pendant cette période, les interventions sont nombreuses. Elle vont de la piqûre de méduse à la noyade, en passant par les accidents sur la plage ou les incidents médicaux en terrasse. « On est confrontés à toute une palette de situations. D’où l’importance d’être prêts, mais aussi d’inciter chacun à adopter les bons comportements », conclut le lieutenant Damien Volpei.

Cette opération s’inscrit dans une stratégie de prévention en lien avec les élus, les professionnels du littoral et la population. « En s’adressant aux enfants et adolescents, on fait le pari de la prévention durable. Apprendre à repérer les dangers, savoir comment réagir face à une personne en difficulté, ce sont des gestes qui peuvent sauver des vies » conclut Pierre-Yves Argat. Une journée de prévention en présence de Pascal Colombani, chef de groupement territorial de Balagne, de Sandro Bisserier, chef de service des équipes spécialisées du groupement des opérations du SIS2B, Jeremy Samartini et Florian Thomas, sauveteurs aquatiques et des surveillants de baignade.