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« Massimu sempre vivu » : 800 personnes rassemblées à Corte pour dire "non" à la gangrène mafieuse


Rémi Di Caro le Dimanche 29 Septembre 2019 à 20:16

Ce sont pas moins de 800 personnes qui ont rempli, dimanche, les rangs de l'amphithéâtre Landry de l'Université de Corse, à Corte. Représentants politiques, militants, ou simples citoyens, ils ont tous tenus à répondre à l'appel du mouvement "Core in Fronte" pour clamer leur ras-le-bol de l'emprise mafieuse sur la société insulaire. Un rassemblement sous forme de refus de cette situation après l'assassinat de Massimu Susini, à Carghjese, le 12 septembre dernier, qui avait provoqué un émoi général à travers toute la Corse.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Il n'est pas encore 15 heures, ce dimanche 29 septembre, lorsque les premières personnes venues des 4 coins de la Corse commencent à affluer devant les bâtiments de l’Université de Corte. S'ils sont venus en nombre, c’est pour dire stop à l'emprise mafieuse que subit la Corse depuis maintenant un long moment, tout en rendant un hommage unanime à Massimu Susini, jeune homme abattu à Carghjese, 2 semaines auparavant, alors qu’il se rendait sur son lieu de travail.


« Massimu sempre vivu », « Mutu, più, oghje parlemu per tè » sont quelques-unes des nombreuses phrases que l'on peut lire sur quelques pans de murs de la cité cortenaise, et aux 4 coins de la Corse depuis maintenant plusieurs jours.
Après que les nombreux présents aient observé une minute de silence en mémoire à ce dernier, c’est Paul-Félix Benedetti, leader du mouvement « Core in fronte » qui a introduit ce premier débat afin de dénoncer « la situation exécrable de la Corse, où des bandes se permettent de tuer pour assouvir leurs intérêts personnels ».
Pour celui qui a été un compagnon de route de Massimu, « il est hors de question d'en faire un martyr, car c’est un héros et il est toujours parmi nous ».
Il a ensuite tenu à se pencher sur la triste réalité statistique qui sévit en Corse depuis des décennies : 375 homicides ces 20 dernières années, et 8 en 2019. « Nous avons les noms en tête de ceux qui symbolisent cette crapulerie » s’est-il exclamé avant d’indiquer qu’il « fallait faire de notre possible pour mettre le moins d’argent dans les circuits mafieux, car la Corse doit s'administrer elle-même».

Si tout au long de la journée les nombreuses prises de parole de tout bord se sont succédé, celle qui a semblé avoir le plus d’impact et d'écho dans la salle est celle de Ghjuvan'Santu Plasenzotti, oncle de Massimu, pour qui « il y a une mafia en Corse, et Massimu a été assassiné par la Mafia ».
Pour lui, aucun doute sur l'origine de ce fait : « Massimu se savait lui-même menacé, il s’est opposé physiquement à une bande de dealers rattachés à une autre bande puissante qui sévit à Ajaccio : pour autant il n’était pas armé, il refusait de vivre comme un voyou ! »

(Photos Michel Luccioni)
L'intervenant a surtout tenu à faire prendre conscience à son auditoire que ça ne serait que le début d'une longue série si rien ne venait interrompre ce processus mortifère qui n’est que trop bien réputé aujourd'hui, « si certaines personnes ont pris leurs précautions aujourd’hui, d'autres ne le savent pas mais ont leur vie en danger ! »
C’est pour cette raison, qu’après le collectif anti-mafia qui s’est mis en place ces derniers temps, une nouvelle organisation devrait voir le jour au début du mois d’octobre afin de tenter d’enrayer cette machine bien ancrée dans la société insulaire.


Malgré son absence en raison d'un déplacement protocolaire aux Pays-Basque prévu de longue date, Gilles Simeoni, le président de l’Exécutif de Corse a tenu à réaffirmer que « le seul chemin pour la Corse est celui de la démocratie réelle. »
Les nombreux partis politiques présents aujourd’hui tels que Corsica Libera, Core in Fronte, Per a Corsica, A Manca ainsi que des associations comme ABCD ou U Levante, sans oublier les nombreux citoyens et anciens militants politiques sont, tour à tour; intervenus pour débattre sur le souci majeur qui gangrène la Corse aujourd’hui.


Trafic de stupéfiants, spéculation immobilière, rôle de l’État ou encore « porosité » avec la classe politique ont été les nombreux sujets qui ont animé cette journée et sont venus définir ce sentiment justifié « d'emprise mafieuse sur la société civile et économique. »
Sur les coups de 19 heures, c'est Paul.Félix Benedetti, qui a conclu ce premier rassemblement avec une citation significative du célèbre André Malraux : « Il n'y a pas 50 manières de combattre, il n'y en a qu'une : c'est d’être vainqueur. »