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Luc Bereni (Air Corsica) : "une baisse de 97% de notre activité"


Livia Santana le Mardi 28 Avril 2020 à 17:12

En raison de la crise sanitaire, la compagnie aérienne Air Corsica a vu une baisse de 97% de son activité. Quelles conséquences économiques ? Comment penser l'avenir ? Après les présidents des compagnies maritimes Corsica Linea , Pierre-Antoine Villanova et Corsica Ferries, Pierre Mattei, Luc Bereni, président du directoire d'Air Corsica, répond aux questions de CNI.



Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne Aircorsica.
Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne Aircorsica.
- Quelles sont les conséquences du confinement sur votre activité ?
- Air Corsica transporte actuellement une moyenne de 200 passagers par jour, contre environ 7.000 lors d'une journée habituelle de printemps. Seuls 5 aller-retour Corse-continent sont assurés actuellement, à destination de Marseille et de Nice uniquement. Les horaires sont validés quotidiennement par l'Office des Transports de la Corse. Nous avons 4 appareils qui sont maintenus en activité à tour de rôle pour assurer le service minimum, ce qui implique que les 8 autres sont au sol dans le même temps. Pour ce qui est de nos employés, la quasi-totalité sont concernés par l'activité partielle.

- Quelle est la part représentée par le fret ?
- Nous maintenons un Airbus l'après-midi sur les deux vols au départ de Marseille vers Ajaccio et vers Bastia en raison de la capacité de ses soutes (plus de 20 mètres cubes) nécessaire au transport des médicaments, de la presse et d'autres catégories de fret. Le volume général n'est pas en hausse par rapport à une activité normale mais le fret transporté sur ces deux vols justifie pleinement des Airbus qui partent chaque jour de Marseille avec leurs soutes pleines.

- Comment appréhendez-vous le déconfinement ?
- Nous attendons les annonces officielles sur les possibilités de déplacement de la population et les conditions d'accueil des touristes en Corse pour déterminer le programme de vols, qui sera établi avec l'Office des Transports en ce qui concerne les lignes de service public. Toute autre attitude de modélisation de l'offre serait prématurée.

- Craignez-vous des conséquences économiques pour votre société ?
- Elle seront bien évidemment très importantes pour l'exercice 2020 puisque notre activité a baissé de 97%.
Mais Air Corsica est une entreprise solide qui a déjà su relever de nombreux défis au cours de ses 30 années d'existence. Même si la crise actuelle est hors normes par rapport aux précédentes, nous avons les moyens de "tenir" dans la durée et Air Corsica sait qu'elle pourra compter sur le soutien de ses actionnaires dans le futur.

- L'entreprise surmontera-t-elle la crise ? 
- Les compagnies qui disparaissent aujourd'hui sont celles qui avaient déjà des difficultés financières et pour lesquelles la crise actuelle a eu un effet d'accélérateur. Air Corsica ne fait pas partie de cette catégorie, car elle avait des finances saines à fin-février et elle peut, depuis le mois de mars, continuer de s'appuyer sur un bon niveau de trésorerie.  Ensuite, tout dépendra de la manière dont s'effectuera la saison d'été. En ce sens, nous sommes comme toutes les entreprises insulaires impliquées dans le tourisme, notre résultat annuel est en grande partie dépendant de la réussite de la haute saison.

- Quelles leçons en tirer ?
-Le bilan sera fait à l'issue de la crise. Dans l'immédiat, comme au cours de l'hiver dernier quand la tempête Fabien a frappé la Corse, je pense sincèrement que l'on ne peut que se réjouir d'avoir en Corse un service public aérien organisé autour d'un opérateur dédié tel que l'est notre compagnie. Sans ce schéma, il est fort probable que la Corse aurait été totalement isolée du Continent sur le plan aérien pendant plusieurs semaines. Je vous laisse imaginer les conséquences qu'aurait pu avoir une telle situation sur le plan médical, social et économique.

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