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L’Ochju, cette prière qui ne se transmet que la nuit de Noël


La rédaction le Mercredi 24 Décembre 2025 à 17:00

Quand la nuit de Noël tombe sur les villages corses, c’est le moment d’a Veghja, un temps où l’ancestral et le sacré se rencontrent, seule nuit de l’année qui permet de transmettre les prières qui chassent l’Ochju.



L’Ochju, cette prière qui ne se transmet que la nuit de Noël
Elle ne s’apprend pas dans les livres, ne se note pas, ne se diffuse pas au hasard. En Corse, la prière de l’ochju occupe une place à part. Elle ne se transmet qu’une seule nuit dans l’année, celle qui relie le 24 au 25 décembre, selon un rituel immuable et précis.
 
La transmission commence après minuit, lorsque le 24 bascule vers le jour de Noël. Un moment chargé de symboles, où le temps semble suspendu. C’est à cet instant seulement que la prière peut être donnée, de bouche à oreille, sans témoin, sans support écrit. Celui ou celle qui la reçoit doit l’apprendre immédiatement, la retenir, l’emporter avec soi pour pouvoir la pratiquer. La prière ne se transmet en effet qu’à ceux jugés capables de la recevoir. Elle se donne comme un don, et conserve sa force uniquement lorsqu’elle est accueillie par ceux qui sauront la porter.
 
Il faut dire que l’Ochju est indissociable des signadore. Ces hommes ou femmes, connus dans leur village ou leur entourage proche, pratiquent parfois depuis plusieurs décennies. Ils interviennent lorsque le mal se fait diffus et inexplicable : douleurs à la tête, malchance, nausées, fatigue... Les signes de quelqu'un qui "a l'oeil" peuvent être nombreux et ne sont, dit-on, soulagés par aucun médicament. La lutte contre le mal se fait alors par le biais d’un rituel immuable : la signadore utilise une assiette blanche contenant de l’eau, dans laquelle tombe quelques gouttes d’huile d’olive.. Suivant la forme que prennent alors les gouttes, des paroles sont murmurées, à voix basse, dans le silence. Elles constituent le cœur du rituel et ne se transmettent qu’à ceux jugés dignes. Car si elle a longtemps été familiale, la transmission n’est ni automatique ni systématique. Elle relève d’un choix longuement mûri, parfois pendant des années. Certaines signadore attendent longtemps avant de transmettre, d’autres n’ont jamais trouvé de personne jugée prête.
 
L’Ochju n’est pas un simple folklore. Il s’agit d’un rite ancien, qui mêle références chrétiennes et croyances plus anciennes qui aujourd’hui encore se transmet discrètement, dans le respect de règles strictes. Une prière qui se transmet une nuit par an et qui se garde toute une vie.