Des touristes toute l’année en Corse. C’est le défi qu’entend relever l’Exécutif nationaliste de la Collectivité de Corse (CdC), en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), pour lutter contre la dépendance de l’économie insulaire à une hyper-saisonnalité touristique aussi courte que fluctuante et incertaine. L’idée est de mettre en œuvre une stratégie de développement par l’achat de flux hors saison. Le dispositif choisi, il y a plus d’un an à l’assemblée de Corse, est basé sur le principe de contrats de concession de transport aérien à destination de l’île. Mis en œuvre dans le cadre d’une procédure d’appel d’offre public à la concurrence, 36 lots ont été proposés. Seulement 12 lots ont été attribués à deux compagnies attributaires : Volotea pour neuf vols domestiques – Bordeaux, Nantes, Strasbourg vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari - et Air Corsica pour trois vols internationaux – Bruxelles-Charleroi vers Bastia et Ajaccio et Rome vers Ajaccio. C’est à la quasi-unanimité, moins l’abstention de Core in Fronte, que majorité et opposition ont validé cette attribution sous le regard attentif des représentants de la CCI présents dans les tribunes du public. Cette unanimité cache néanmoins des craintes et des incertitudes.
Marcher sur deux jambes
C’est pourquoi le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, s’est attaché à longuement expliquer une démarche qui, dévoilée quelques jours plus tôt, a déjà déclenché quelques critiques dans l’opinion. « Nous avons une vision claire des principes fondamentaux à respecter pour un territoire insulaire qui veut, à la fois, la maitrise de ses portes d’entrée et la maîtrise des flux qui contribuent à son économie, notamment à son activité touristique, qui, en Corse, a une importance forte. Notre desserte aérienne a vocation à s’appuyer sur deux piliers qu’il nous faut rendre complémentaire : le service public et la desserte libre. Nous devons avancer le mieux et le plus vite possible, et sur nos deux jambes ». Près de 4 millions de passagers sont transportés par voie aérienne de ou vers l’île, 2 millions sur la Délégation de service public (DSP) et 2 millions sur la desserte libre. « L’enjeu fondamental est de maintenir la DSP avec son périmètre, le tarif résident et une desserte régulière en termes de qualité, en réinventant une équation budgétaire qui devient de plus en plus complexe ». Gilles Simeoni prend soin de rappeler la singularité du modèle actuel avec la problématique tendue de la DSP, un système d’OSP (Obligation de service public) fermé, les incertitudes liées à Air France et ses conséquences sociales, et surtout le spectre menaçant d’une dotation de continuité territoriale structurellement insuffisante et qu’il faut renégocier sur le fil du rasoir chaque année avec l’Etat. D’où, ajoute-t-il, la nécessité de de réadapter les stratégies pour répondre aux besoins : « Nous y travaillons activement. Air Corsica a engagé un plan de transformation dans le respect du dialogue syndical pour lui permettre de s’adapter à un contexte national et international de plus en plus exigeant ».
Marcher sur deux jambes
C’est pourquoi le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, s’est attaché à longuement expliquer une démarche qui, dévoilée quelques jours plus tôt, a déjà déclenché quelques critiques dans l’opinion. « Nous avons une vision claire des principes fondamentaux à respecter pour un territoire insulaire qui veut, à la fois, la maitrise de ses portes d’entrée et la maîtrise des flux qui contribuent à son économie, notamment à son activité touristique, qui, en Corse, a une importance forte. Notre desserte aérienne a vocation à s’appuyer sur deux piliers qu’il nous faut rendre complémentaire : le service public et la desserte libre. Nous devons avancer le mieux et le plus vite possible, et sur nos deux jambes ». Près de 4 millions de passagers sont transportés par voie aérienne de ou vers l’île, 2 millions sur la Délégation de service public (DSP) et 2 millions sur la desserte libre. « L’enjeu fondamental est de maintenir la DSP avec son périmètre, le tarif résident et une desserte régulière en termes de qualité, en réinventant une équation budgétaire qui devient de plus en plus complexe ». Gilles Simeoni prend soin de rappeler la singularité du modèle actuel avec la problématique tendue de la DSP, un système d’OSP (Obligation de service public) fermé, les incertitudes liées à Air France et ses conséquences sociales, et surtout le spectre menaçant d’une dotation de continuité territoriale structurellement insuffisante et qu’il faut renégocier sur le fil du rasoir chaque année avec l’Etat. D’où, ajoute-t-il, la nécessité de de réadapter les stratégies pour répondre aux besoins : « Nous y travaillons activement. Air Corsica a engagé un plan de transformation dans le respect du dialogue syndical pour lui permettre de s’adapter à un contexte national et international de plus en plus exigeant ».
Un tourisme 4 saisons
Le marché libre, pour sa part, s’est beaucoup développé par l’arrivée de nombreuses compagnies qui ont, indique le président Simeoni, « une logique économique qui n’est pas la nôtre. La concurrence n’est pas à armes égales. Les volumes globaux de passagers rendent beaucoup plus difficiles l’atteinte des effets de seuil. Le fait que nous soyons un marché étroit conduit souvent un low-cost à s’imposer sur une destination par rapport aux autres, et dès qu’il est seul, les prix deviennent moins intéressants. Cela renforce les effets d’hyper-saisonnalité de l’activité touristique avec des phénomènes négatifs de sur-fréquentation et de dépendance à une saison courte ». Face au poids du tourisme dans l’économie insulaire et ses 35 000 emplois induits, il martèle l’importance de faire évoluer cette activité « dans un sens qui soit cohérent avec notre volonté de construire une économie diversifiée, articulée à une logique de développement durable ». L’un des enjeux majeurs, toujours brandi et jamais atteint, est de réussir à désaisonnaliser le flux et de l’étaler sur l’année afin de réduire la dépendance du secteur aux aléas de la saison estivale. Un tourisme quatre saisons, dont Gilles Simeoni vante les effets positifs grâce notamment à « une offre de formation renforcée par l’ouverture prochaine de l’Ecole du tourisme pour rendre attractif les métiers du tourisme, y compris aux jeunes Corses. Ce tourisme à l’année permettra de toucher une clientèle à haute valeur ajoutée qui est intéressée par le tourisme culturel, patrimonial, gastronomique, il a vocation à profiter à tous les territoires de l’île. Les contraintes structurelles actuelles, qui pèsent sur nous, ne permettent pas de faire ce flux annuel ».
Un dispositif innovant
L’obstacle vient des règles juridiques dans le domaine aérien en matière d’aides d’Etat. Les dispositifs traditionnels existants ne permettant pas de répondre à cet enjeu, l’Exécutif, avec l’aide de la CCI et des acteurs du secteur, a créé un dispositif que Gilles Simeoni qualifie de « sans équivalent en Europe ». L’idée est donc d’acheter des flux de touristes l’hiver à travers des contrats de concession qui sont de véritables marchés publics. « Nous identifions un besoin, nous fixons des objectifs et un cahier des charges, et les opérateurs font des propositions. Nous rémunérons leur activité à travers un prix qui est versé par la Collectivité de Corse. C’est simple, innovant, efficace, totalement compatible avec le droit européen ». Ce dispositif a d’ailleurs séduit les compagnies aériennes : « Lorsque nous avons lancé la procédure, nous sommes rendus compte que notre produit juridique rencontrait l’adhésion des compagnies aériennes puisque sur plusieurs destinations, nous avons eu des réponses, y compris de gros opérateurs. Des lots ont été déclarés infructueux, non par manque de réponse, mais à cause d’un cahier des charges sans doute mal construit. Nous allons mieux le construire pour l’avenir ». Parmi les lots infructueux, Londres, Munich ou Francfort, Genève et Milan. L’Etat, plutôt réticent, reste ambigu et frileux devant une innovation qui peut faire boule de neige et bouleverser certains équilibres entre les opérateurs. « Je ne peux pas garantir que ce dispositif ne sera pas contesté. Il est innovant, donc il n’y a pas de jurisprudence. Je n’ai pas de garantie de l’Etat. Il n’a pas dit non, il n’a pas dit oui. Je ne pense pas qu’il s’opposera à un mécanisme sécurisé juridiquement et vertueux économiquement et socialement », reconnaît le président Simeoni. Il ne nie pas les risques éventuels, notamment une interrogation a postériori de Bruxelles ou le recours d’une compagnie tiers. « Nous voulons avancer parce que les gains que nous escomptons et qui découleront de cette décision sont infiniment supérieurs aux risques encourus ».
Un investissement rentable
Les gains, l’Exécutif en attend d’ambitieux : 250 000 personnes en avant et après saison pour un coût en année pleine de 2,5 millions € et un retour direct attendu de 100 millions € dans l’économie corse, 12 millions € de TVA et 2 à 3 millions de recettes pour la CdC. « Il n’y a pas d’investissement plus rentable pour une collectivité et l’économie qu’elle défend » affirme Gilles Simeoni. « J’ai toujours dit, notamment en matière de DSP, que je ne prendrais pas le risque de faire des choses qui couteraient cher à la CdC et aux Corses ». Et d’expliciter : « Les touristes pourront venir en janvier ou février pour 75 €, 46 € ou 38 € selon les destinations, ce qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui. Nous générons un flux qui n’existe pas l’hiver et nous l’achetons par une mise en concurrence ». Le président de l’Exécutif dit mal comprendre mal les critiques. « Je ne souhaite pas une économie organisée à titre exclusif autour du tourisme. Je souhaite une économie diversifiée qui crée de la richesse et un système global qui répartit cette richesse, mais il faut partir de l’existant et l’améliorer. Ce flux ne va pas perturber la vie économique, sociale, sociétale des Corses, des villages et des villes du littoral pendant l’hiver, au contraire il va la renforcer. Cela fait 30 ans que l’on dit qu’il faut désaisonnaliser l’activité touristique, maintenant que l’on a trouvé un dispositif qui permet de le faire à moindre coût et avec un retour sur investissement sans équivalent, il y a encore des critiques ! ». Quant à la question de savoir si les hôteliers vont jouer le jeu et ouvrir à l’année, il répond : « On a le droit d’être optimiste, même quand on est Corse, et penser qu’on peut marcher tous ensemble. Ce pari, si ça ne marche pas, on n’a rien perdu, mais si on gagne, on a tout gagné ! ».
Le marché libre, pour sa part, s’est beaucoup développé par l’arrivée de nombreuses compagnies qui ont, indique le président Simeoni, « une logique économique qui n’est pas la nôtre. La concurrence n’est pas à armes égales. Les volumes globaux de passagers rendent beaucoup plus difficiles l’atteinte des effets de seuil. Le fait que nous soyons un marché étroit conduit souvent un low-cost à s’imposer sur une destination par rapport aux autres, et dès qu’il est seul, les prix deviennent moins intéressants. Cela renforce les effets d’hyper-saisonnalité de l’activité touristique avec des phénomènes négatifs de sur-fréquentation et de dépendance à une saison courte ». Face au poids du tourisme dans l’économie insulaire et ses 35 000 emplois induits, il martèle l’importance de faire évoluer cette activité « dans un sens qui soit cohérent avec notre volonté de construire une économie diversifiée, articulée à une logique de développement durable ». L’un des enjeux majeurs, toujours brandi et jamais atteint, est de réussir à désaisonnaliser le flux et de l’étaler sur l’année afin de réduire la dépendance du secteur aux aléas de la saison estivale. Un tourisme quatre saisons, dont Gilles Simeoni vante les effets positifs grâce notamment à « une offre de formation renforcée par l’ouverture prochaine de l’Ecole du tourisme pour rendre attractif les métiers du tourisme, y compris aux jeunes Corses. Ce tourisme à l’année permettra de toucher une clientèle à haute valeur ajoutée qui est intéressée par le tourisme culturel, patrimonial, gastronomique, il a vocation à profiter à tous les territoires de l’île. Les contraintes structurelles actuelles, qui pèsent sur nous, ne permettent pas de faire ce flux annuel ».
Un dispositif innovant
L’obstacle vient des règles juridiques dans le domaine aérien en matière d’aides d’Etat. Les dispositifs traditionnels existants ne permettant pas de répondre à cet enjeu, l’Exécutif, avec l’aide de la CCI et des acteurs du secteur, a créé un dispositif que Gilles Simeoni qualifie de « sans équivalent en Europe ». L’idée est donc d’acheter des flux de touristes l’hiver à travers des contrats de concession qui sont de véritables marchés publics. « Nous identifions un besoin, nous fixons des objectifs et un cahier des charges, et les opérateurs font des propositions. Nous rémunérons leur activité à travers un prix qui est versé par la Collectivité de Corse. C’est simple, innovant, efficace, totalement compatible avec le droit européen ». Ce dispositif a d’ailleurs séduit les compagnies aériennes : « Lorsque nous avons lancé la procédure, nous sommes rendus compte que notre produit juridique rencontrait l’adhésion des compagnies aériennes puisque sur plusieurs destinations, nous avons eu des réponses, y compris de gros opérateurs. Des lots ont été déclarés infructueux, non par manque de réponse, mais à cause d’un cahier des charges sans doute mal construit. Nous allons mieux le construire pour l’avenir ». Parmi les lots infructueux, Londres, Munich ou Francfort, Genève et Milan. L’Etat, plutôt réticent, reste ambigu et frileux devant une innovation qui peut faire boule de neige et bouleverser certains équilibres entre les opérateurs. « Je ne peux pas garantir que ce dispositif ne sera pas contesté. Il est innovant, donc il n’y a pas de jurisprudence. Je n’ai pas de garantie de l’Etat. Il n’a pas dit non, il n’a pas dit oui. Je ne pense pas qu’il s’opposera à un mécanisme sécurisé juridiquement et vertueux économiquement et socialement », reconnaît le président Simeoni. Il ne nie pas les risques éventuels, notamment une interrogation a postériori de Bruxelles ou le recours d’une compagnie tiers. « Nous voulons avancer parce que les gains que nous escomptons et qui découleront de cette décision sont infiniment supérieurs aux risques encourus ».
Un investissement rentable
Les gains, l’Exécutif en attend d’ambitieux : 250 000 personnes en avant et après saison pour un coût en année pleine de 2,5 millions € et un retour direct attendu de 100 millions € dans l’économie corse, 12 millions € de TVA et 2 à 3 millions de recettes pour la CdC. « Il n’y a pas d’investissement plus rentable pour une collectivité et l’économie qu’elle défend » affirme Gilles Simeoni. « J’ai toujours dit, notamment en matière de DSP, que je ne prendrais pas le risque de faire des choses qui couteraient cher à la CdC et aux Corses ». Et d’expliciter : « Les touristes pourront venir en janvier ou février pour 75 €, 46 € ou 38 € selon les destinations, ce qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui. Nous générons un flux qui n’existe pas l’hiver et nous l’achetons par une mise en concurrence ». Le président de l’Exécutif dit mal comprendre mal les critiques. « Je ne souhaite pas une économie organisée à titre exclusif autour du tourisme. Je souhaite une économie diversifiée qui crée de la richesse et un système global qui répartit cette richesse, mais il faut partir de l’existant et l’améliorer. Ce flux ne va pas perturber la vie économique, sociale, sociétale des Corses, des villages et des villes du littoral pendant l’hiver, au contraire il va la renforcer. Cela fait 30 ans que l’on dit qu’il faut désaisonnaliser l’activité touristique, maintenant que l’on a trouvé un dispositif qui permet de le faire à moindre coût et avec un retour sur investissement sans équivalent, il y a encore des critiques ! ». Quant à la question de savoir si les hôteliers vont jouer le jeu et ouvrir à l’année, il répond : « On a le droit d’être optimiste, même quand on est Corse, et penser qu’on peut marcher tous ensemble. Ce pari, si ça ne marche pas, on n’a rien perdu, mais si on gagne, on a tout gagné ! ».
Des réserves constructives
L’opposition approuve la démarche dans sa globalité, mais exprime quelques réserves dites « constructives ». Le groupe de droite U Soffiu Novu, par la voix de Georges Mela, s’émeut notamment de la déconnexion entre les aéroports corses privilégiés par les délégataires, à savoir Ajaccio et Bastia, par rapport à ceux de Calvi et Figari qui relèvent de bassins touristiques bien plus fréquentés. L’ancien maire de Portivechju professe un certain scepticisme sur le niveau des retombées attendues et l’opportunité pour les hôteliers de rester ouverts hors saison. « Le rapport tient-il compte du fait que la clientèle drainée le sera notamment sur les weekends, obligeant les établissements hôteliers à rester ouverts toute la semaine pour un afflux seulement le week-end ? ». Il s’inquiète également de la mesure de l’efficacité du dispositif. « Nous partageons la finalité. Nous voulons, comme vous, une Corse accessible et attractive toute l’année, mais il est indispensable que cette ambition se traduise par une stratégie plus globale, articulée autour de trois conditions claires : une transparence et un suivi précis des effets sur les prix des billets, une combinaison plus large d’outils incluant la modulation de la taxe de transport, une articulation forte avec une politique de l’offre touristique et de marketing de destination. Ce n’est pas la subvention qui fait la destination, c’est l’équilibre entre l’offre, le prix et l’attractivité perçue. C’est sur ce terrain que la Corse doit se donner les moyens d’agir ».
L’opposition approuve la démarche dans sa globalité, mais exprime quelques réserves dites « constructives ». Le groupe de droite U Soffiu Novu, par la voix de Georges Mela, s’émeut notamment de la déconnexion entre les aéroports corses privilégiés par les délégataires, à savoir Ajaccio et Bastia, par rapport à ceux de Calvi et Figari qui relèvent de bassins touristiques bien plus fréquentés. L’ancien maire de Portivechju professe un certain scepticisme sur le niveau des retombées attendues et l’opportunité pour les hôteliers de rester ouverts hors saison. « Le rapport tient-il compte du fait que la clientèle drainée le sera notamment sur les weekends, obligeant les établissements hôteliers à rester ouverts toute la semaine pour un afflux seulement le week-end ? ». Il s’inquiète également de la mesure de l’efficacité du dispositif. « Nous partageons la finalité. Nous voulons, comme vous, une Corse accessible et attractive toute l’année, mais il est indispensable que cette ambition se traduise par une stratégie plus globale, articulée autour de trois conditions claires : une transparence et un suivi précis des effets sur les prix des billets, une combinaison plus large d’outils incluant la modulation de la taxe de transport, une articulation forte avec une politique de l’offre touristique et de marketing de destination. Ce n’est pas la subvention qui fait la destination, c’est l’équilibre entre l’offre, le prix et l’attractivité perçue. C’est sur ce terrain que la Corse doit se donner les moyens d’agir ».
Le loup dans la bergerie
Bien plus critique, le président de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, affiche sa contrariété : « Le projet initial est ambitieux, il a cherché des liaisons internationales qui auraient pu nous emmener un tourisme à forte valeur ajoutée. Au final, deux petites lignes annexes sur Rome et Bruxelles, c’est décevant ! Ce qui me gêne dans ce modèle, c’est qu’on continue de se tourner vers la clientèle française qui, globalement, n’est pas celle attendue pour un tourisme de qualité. Faire des liaisons internes sur un système franco-corse sur des week-ends longs va renforcer les logiques extra-professionnelles et favoriser les Airbnb ». Pour lui, il ne faut pas étaler la saison, mais renforcer l’existante. « Le mois de juillet n’est plus un mois de pointe. Cette année, le flux économique des échanges dans les restaurants, les hôtels et les magasins a été catastrophique. Il faut adapter notre zone de recherche de clients à nos besoins, comme le font les autres régions touristiques qui arrivent à créer un équilibre ». Il déplore également qu’Air Corsica ne se soit pas positionné sur Londres, Genève et Munich, « On aurait pu trouver les moyens de cautionner des affrètements et d’avoir des achats », et surtout que Volotea rafle la totalité de la mise. « On lui crée une rente de situation, une plate-forme de stabilisation économique qui va nous détruire demain. On ne pourra pas tout le temps, sur les prochaines DSP, avoir des accords à la marge. Là, on fait rentrer le loup dans la bergerie et on connaît la fin de l’histoire. Donc ça ne me convient pas du tout ! ».
Bien plus critique, le président de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, affiche sa contrariété : « Le projet initial est ambitieux, il a cherché des liaisons internationales qui auraient pu nous emmener un tourisme à forte valeur ajoutée. Au final, deux petites lignes annexes sur Rome et Bruxelles, c’est décevant ! Ce qui me gêne dans ce modèle, c’est qu’on continue de se tourner vers la clientèle française qui, globalement, n’est pas celle attendue pour un tourisme de qualité. Faire des liaisons internes sur un système franco-corse sur des week-ends longs va renforcer les logiques extra-professionnelles et favoriser les Airbnb ». Pour lui, il ne faut pas étaler la saison, mais renforcer l’existante. « Le mois de juillet n’est plus un mois de pointe. Cette année, le flux économique des échanges dans les restaurants, les hôtels et les magasins a été catastrophique. Il faut adapter notre zone de recherche de clients à nos besoins, comme le font les autres régions touristiques qui arrivent à créer un équilibre ». Il déplore également qu’Air Corsica ne se soit pas positionné sur Londres, Genève et Munich, « On aurait pu trouver les moyens de cautionner des affrètements et d’avoir des achats », et surtout que Volotea rafle la totalité de la mise. « On lui crée une rente de situation, une plate-forme de stabilisation économique qui va nous détruire demain. On ne pourra pas tout le temps, sur les prochaines DSP, avoir des accords à la marge. Là, on fait rentrer le loup dans la bergerie et on connaît la fin de l’histoire. Donc ça ne me convient pas du tout ! ».
La question du modèle
Le président d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, ne cache pas sa satisfaction : « Travailler sur les ailes de saison, annualiser les flux aériens, désaisonnaliser l’activité touristique, permettre l’accès à l’île à des conditions de tarifs et de fréquence rationnelles, compétitives dans une économie touristique mondialisée, ouvrir le ciel à des compagnies, qui, dans le strict respect d’un certain nombre de prérogatives, pourront desservir notre île, comme elles font pour toutes les îles du monde, sans que ça gêne le périmètre du service public dans son principe, ni même les compagnies historiquement délégataires, sont des objectifs auxquels nous souscrivons pleinement ». Il pose la question du modèle. « La Corse a un surcoût structurel de l’ordre de 20 à 25 % en incluant le coût du logement, le coût de la desserte, etc. Des efforts ont été déployés, mais ils ne peuvent, en l’état, corriger cette anomalie structurelle ». Et aussi du para-tourisme et des retombées réelles dans l’économie locale. « On assiste à une prolifération, non pas seulement des résidences secondaires, mais de leur commercialisation dans des conditions parfois sauvages contre les intérêts fondamentaux de l’économie réelle et du secteur marchand. On peut craindre que pareille mesure ne vienne accentuer cette tendance structurellement à l’œuvre ». Pour lui, l’enjeu n'est pas d’accueillir plus de 3 millions de touristes chaque année, mais de générer davantage de valeur. « C’est d’organiser des retombées économiques et fiscales sur le territoire qui soient de plus en plus profitables ». Il propose d’imaginer « un futur touristique qui soit assumé, qui donne à notre île une ouverture réelle sur le champ des possibles, que nous y croyons, et que nous soyons persuadés que c’est l’une des grandes clés du développement économique de la Corse ». Le dispositif sera opérationnel dès le mois de novembre.
N.M.
Le président d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, ne cache pas sa satisfaction : « Travailler sur les ailes de saison, annualiser les flux aériens, désaisonnaliser l’activité touristique, permettre l’accès à l’île à des conditions de tarifs et de fréquence rationnelles, compétitives dans une économie touristique mondialisée, ouvrir le ciel à des compagnies, qui, dans le strict respect d’un certain nombre de prérogatives, pourront desservir notre île, comme elles font pour toutes les îles du monde, sans que ça gêne le périmètre du service public dans son principe, ni même les compagnies historiquement délégataires, sont des objectifs auxquels nous souscrivons pleinement ». Il pose la question du modèle. « La Corse a un surcoût structurel de l’ordre de 20 à 25 % en incluant le coût du logement, le coût de la desserte, etc. Des efforts ont été déployés, mais ils ne peuvent, en l’état, corriger cette anomalie structurelle ». Et aussi du para-tourisme et des retombées réelles dans l’économie locale. « On assiste à une prolifération, non pas seulement des résidences secondaires, mais de leur commercialisation dans des conditions parfois sauvages contre les intérêts fondamentaux de l’économie réelle et du secteur marchand. On peut craindre que pareille mesure ne vienne accentuer cette tendance structurellement à l’œuvre ». Pour lui, l’enjeu n'est pas d’accueillir plus de 3 millions de touristes chaque année, mais de générer davantage de valeur. « C’est d’organiser des retombées économiques et fiscales sur le territoire qui soient de plus en plus profitables ». Il propose d’imaginer « un futur touristique qui soit assumé, qui donne à notre île une ouverture réelle sur le champ des possibles, que nous y croyons, et que nous soyons persuadés que c’est l’une des grandes clés du développement économique de la Corse ». Le dispositif sera opérationnel dès le mois de novembre.
N.M.













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