Le nombre de bénéficiaires du RSA toujours en hausse en Corse

L’information est donnée sur un ton presque amer. « En Corse, le nombre de bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité Active) a augmenté sur les trois dernières années ». Ce vendredi 10 juin dans le bureau du directeur régional de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales), à Bastia, ses deux présidents départementaux partagent le même constat : la précarité touche de plus en plus de monde sur l’île. Et elle le fait avec une différence marquée entre le nord et le sud.

Jacques-Yves Bonavita, président de la CAF de Haute-Corse, feuillette l’épais dossier devant lui : « Malgré une baisse du nombre de bénéficiaires à hauteur de 6,48 % sur le département entre 2020 et 2021, sur ces trois dernières années, ce nombre a augmenté de 2,72 % ». La Corse-du-Sud, elle, dépasse largement ce score. « Près de 7 % en moins l’année dernière mais on compte 12,65 % de bénéficiaires en plus en trois ans », calcule le président de la CAF de Corse-du-Sud, Renaud Mazin, en désignant un tableau ou la quasi-totalité des indicateurs sont en augmentation.

RSA, prime d’activité, allocations familiales, aides aux logements. Tous ces coups de pouces financiers fournis par la CAF sont en augmentation. En 2020, en Corse, 317 millions d’euros de prestations légales ont été versées sur l’île. « C’est presque un million d’euros par jour », remarque Renaud Mazin. Selon les chiffres de la CAF, près de 40 % de la population corse est couverte par ses prestations. Si elle signe les chèques, la CAF « n’a pas de marge de manœuvre sur ces aides, notamment sur le RSA », précise Jacques-Yves Bonavita.

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Pourtant, les deux caisses départementales n’ont pas toujours les pieds et poings liés par les directives nationales et ne sont pas que de simples exécutants. « Par exemple, nous avions mis en place une aide exceptionnelle allant jusqu’à 500 euros, pour les ménages aux plus faibles revenus qui ont des dépenses de mécaniques automobiles imprévues. Car sans voiture, on ne peut pas aller travailler », détaille Jacques-Yves Bonavita.

Chaque CAF est autonome. Mais les deux présidents corses, élus en 2021, ont choisi de mutualiser leurs efforts, dans les domaines logistiques mais aussi dans leur vision de l’action sociale : celle d’un investissement accru sur le territoire, dans les initiatives privées, associatives et publiques touchant au domaine social. « Ces actions sont moins visibles car elles agissent indirectement sur la population », indique Renaud Mazin.

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De l’accompagnement financier des gestionnaires de crèches aux animations destinées aux personnes âgées en passant par le financement de centres sociaux, près de 21 millions d’euros ont été dépensés sur le territoire insulaire en 2020 dans le cadre de ce budget d’action sociale. Stratégie de maillage territorial qui s’applique également via les maisons France Services et une expérimentation effectuée par quelques régions françaises : « la méthode ‘’Aller vers’’ les usagers plutôt que de les attendre dans nos centres est de plus en plus utilisée », explique Renaud Mazin. De quoi tendre vers le zéro non-recours aux droits, cheval de bataille des organismes sociaux. Ce qui pourrait faire grimper toujours plus les chiffres de la précarité en Corse, en mettant la lumière sur des cas inconnus jusqu’alors.