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Le Collectif « Parlemu Corsu » hausse le ton : "Femu campà a lingua materna"


José Fanchi le Samedi 17 Mars 2018 à 19:08

Les membres du collectif se sont réunis samedi après-midi devant la préfecture de région. Ils étaient quelques dizaines munis de drapeaux et banderoles pour dénoncer les propos du Président de la République contre la coofficialité. Ils sont montés au créneau et ont confirmé que même sans coofficialité, tout était possible pour la promotion de la langue corse



Le Collectif « Parlemu Corsu » hausse le ton : "Femu campà a lingua materna"
A la tête des manifestants, Micheli Leccia, porte-parole et militant de la première heure, ardent défenseur de notre langue. Il s’adresse aux militants, parle posément, explique les rebondissements après la visite de « Manuellu » qu’il qualifie de « manœuvre de marche arrière » d’un peuple qui veut avancer, s’émanciper et non pas régresser :
« Il est clair que le président de la République réfute catégoriquement la coofficialité mais est d’accord pour le bilinguisme ! Nous sommes aujourd’hui dans la rue pour lui demander que signifie ce refus et les mesures qui vont être prises au vu du comportement de tous ces ministres, du recteur de l’Académie de Corse, en clair ce n’est ni plus ni moins qu’un retour en arrière. Avant d’en venir à cette conclusion, quand on parle de bilinguisme, si on le veut dans toute la société sans la coofficialité, on sait très bien que rien ne sera possible si on veut entendre le corse aussi bien que le français dans la rue. Par contre, et de cela chacun en est conscient, sans la coofficialité, on peut faire un certain nombre de choses. Il suffit d’en avoir la volonté. Mais là, on s’aperçoit que l’on n’en prend pas le chemin mais bien au contraire, on régresse et cela nous n’en voulons pas ! »


- En clair, on vous empêche d’avancer, on vous barre le chemin ?
- « Sans pour autant demander une révision de la constitution, il est possible de laisser délibérer des conseils municipaux en langue corse, de laisser des chefs d’entreprise demander à ce qu’il y ait comme critère de recrutement la langue corse, donc, ce sont de faux arguments juridiques qui nous empêchent d’avancer. »


- Même au niveau de la fonction publique ?
- « Pour ce qui est de la fonction publique territoriale, notamment les concours, on pourrait faire en sorte que la langue corse soit comprise, mais ils ne veulent rien savoir. On voit parfaitement qu’ils empêchent que la société devienne bilingue. On sent qu’ils font barrage au développement et à la promotion de la langue corse. Même langage en ce qui concerne l’éducation alors que l’on n’a pas besoin de la coofficialité si ont veut généraliser le Corse de la sixième à la terminale. Si l’ont veut former les enseignants du secondaire qui sont dans les filières bilingues, il faut établir un grand plan de formation comme cela existe déjà dans le primaire, il n’y a pas besoin de réformer la constitution pour cela. En clair, il n’y a aucune volonté manifeste pour le réaliser. On constate néanmoins que pour ce qui est de l’éducation, le regroupement des filières bilingues par établissement, au lieu de la généraliser partout, mais la aussi, on constate qu’il n’y a aucun respect du plan 2020. L’Etat a signé avec la région pour avoir des objectifs de probabilité, de classes bilingues dans le primaire. Donc, on voit bien qu’on ne respecte pas les engagements et que l’on essaye de revenir en arrière. Nous sommes là pour dénoncer cet état de fait. Attention, ils jouent un jeu dangereux. On a l’impression que M. Macron fait celui qui ne comprend pas. Pare un ziteddu ch’un a mica crisciutu ! » Il a envie de jouer mais nous répondons que ce n’est pas un jeu. »


- Et le Recteur ?
- « Il est comme l’autre, il ne joue pas le jeu. On revient en arrière. C’est une personne au service de l’Etat, qui était déjà là à l’époque de François Hollande mais elle a complètement changé de politique. Avant, le recteur ne faisait pas grand-chose mais il n’obstruait pas. Il y a donc volonté de revenir en arrière. Le gouvernement de lâche rien et en plus il vaut faire perdre nos acquis et c’est cela que nous dénonçons aujourd’hui. »


- Vous ne lâcherez rien ?
- « Absolument rien ! Non seulement on ne lâchera rien mais nous sommes plus encore déterminés à aller de l’avant. Un jour ou l’autre on finira par s’énerver. Restons donc dans les actions symboliques mais qu’ils sachent que nous avons bien compris leur discours. »


- Et les politiques - toutes tendances confondues -   dans tout ça ?
- « Ce qui est gênant, c’est que tout le monde suivait jusqu’à présent, avant même la victoire des nationalistes, mais aujourd’hui il y a une volonté de s’appuyer sur des gens qui constituent une minorité et qui ont un discours rétrograde. L’Etat s’appuie sur ces gens là pour essayer de cliver les gens en Corse et notamment sur la langue, alors même qu’elles avaient fait un consensus. On retrouve des discours que l’on croyait oubliés comme si ça pouvait redevenir de nouveau conflictuel… »


L’obélisque recouvert d’une banderole !
Alors que la manifestation se disloquait, deux ou trois membres du collectif ont réussi à s’introduire dans les jardins de la préfecture à l’aide d’une échelle pour déployer une énorme banderole judicieusement placée, recouvrant intégralement l’obélisque dressé il y a quelques mois dans le jardin, en hommage à tous les présidents ayant dirigé le Conseil Départemental. Un geste fort qui en dit long sur la détermination du collectif « Parlemu Corsu. »
J. F.