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Laurent Lokoli, vainqueur à Monastir : « j’ai la conviction que mon histoire avec le Tennis n’est pas terminée »


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 9 Février 2022 à 17:01

Il est toujours le meilleur joueur de l’histoire du Tennis corse. À 27 ans, Laurent Lokoli relève la tête après des années de galère, des désillusions et trois participations à Roland-Garros en 2014, 2016 et 2017.
Vainqueur du tournoi tunisien ATP de Monastir ce dimanche 6 février, il signe sa dixième victoire dans le monde professionnel et remonte aux portes du Top 300 ATP. Deux ans après son dernier succès à l’Open d’Ajaccio en 2019.
Ambitions, ressenti, humilité, projets, il s’est confié à CNI sur la suite de sa carrière.



Laurent Lokoli signe sa dixième victoire professionnelle en remportant le tournoi ATP de Monastir ce dimanche 6 février. Crédits Photo : Laurent Lokoli
Laurent Lokoli signe sa dixième victoire professionnelle en remportant le tournoi ATP de Monastir ce dimanche 6 février. Crédits Photo : Laurent Lokoli


 - À 27 ans, cette victoire à Monastir est-elle celle de la relance ?
 - Cette victoire est un peu l’histoire de ma vie. Dès le premier tour je suis en difficulté, je sauve quatre balles de match pour finalement m’imposer. En finale, après un set blanc, mon adversaire renvoie coup pour coup et le troisième set est très serré. J’ai finalement sauvé plusieurs balles de match avant de gagner.

Cela me permet de bien me lancer dans la saison. C’est important en début d’année pour prendre un bon rythme. C’est aussi un gain de confiance pour la suite. Le Tennis est un sport difficile où l’on joue souvent et où l’on peut enchaîner les victoires comme les défaites. L’important est de prendre le maximum de points ATP pour faire des bons au classement. À 27 ans on voit les choses différemment, avec plus de maturité. Ce tournoi de Monastir était une étape à franchir, c’est fait. Maintenant je me concentre sur la suite après deux années très calmes. Mais j’attaque 2022 très sereinement car j’ai beaucoup travaillé sur le plan du physique et du Tennis. Aujourd’hui je suis prêt même si je reste conscient que la saison est longue.

 - Vous remontez aux alentours de la 400e place ATP, bien loin du Top 200 que vous aviez approché en 2015. Avez-vous fixé un objectif pour les années à venir ?
- Cette victoire et la finale de la semaine passée me font grimper de 80 à 90 places. J’ai déjà franchi la barre du Top 400 à 5 ou 6 reprises et l’objectif est de continuer à monter, sans fixer de cibles sur telle ou telle place dans le classement. Cependant, je vise quand même les qualifications pour les tournois de Grand Chelem.

 - Vous aviez pourtant failli tout arrêter en 2018 …
 - J’ai eu deux périodes difficiles dans ma carrière. Fin 2018 où je suis allé en Espagne un peu à l’aveuglette et en 2020, pendant la pandémie. Malgré une bonne année 2019 où je suis passé de la 1 200e à la 350e place et une victoire à l’Open d’Ajaccio, la coupure des confinements a été un coup dur. Pendant huit mois les tournois ont été annulés, il n’y avait donc plus de rentrée d’argent mais pendant ce temps-là, la vie avance et d’autres envies arrivent. Je me suis posé beaucoup de questions. Est-ce que je devais continuer à jouer au Tennis ou passer à autre chose ? En octobre 2020 j’avais pris ma décision. Je voulais être plus présent auprès de ma famille, en finir avec la solitude sur le circuit. Pendant 6 mois je ne voulais plus entendre parler de reprendre le Tennis. Puis, un jour, la passion est revenue, d’un coup.

 - Quelle a été l’étincelle ?
 - Je voulais vraiment aller au bout de ce que je pouvais faire et ne pas me retourner dans 10 ans pour me rendre compte que je n’avais pas fait ce qu’il fallait. Je suis un passionné, je brûle pour ce sport. Je me suis demandé : qu’est-ce qui te rend heureux ? J’ai compris que c’était de jouer au Tennis. Je veux me battre pour mes rêves. Je suis extrêmement têtu et j’ai la conviction que mon histoire avec le Tennis n’est pas terminée alors j’irai au bout. Malgré les blessures et les coups de blues passés.

 - Les blessures et les problèmes de santé se sont enchaînés après 2015. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
 - Je suis bien ! J’ai retrouvé une deuxième jeunesse grâce aux personnes qui m’encadrent et ma façon de travailler à changer. Aujourd’hui je suis énormément dans la prévention. Avant de rentrer sur le terrain et juste après l’entraînement, je passe deux heures à faire des exercices d’étirement pour garder mon corps sain. Je suis aujourd’hui en paix avec lui et c’est important pour pouvoir enchaîner les matchs. J’ai appris à ne pas brûler les étapes.

 - Depuis votre prise d’indépendance par rapport à la Fédération Française de Tennis, comment menez-vous votre carrière ?
 - Beaucoup de joueurs sont dans mon cas. J’ai grandi avec la FFT et je pensais qu’elle serait toujours là. Quand on en sort, on prend conscience du soutien que c’est. On n’a pas les mêmes aides. Quand on est à la FFT on ne paie rien ou presque. L’entraîneur, le préparateur physique, le kiné et certains frais sont pris en charge. Maintenant je dois y arriver par mes propres moyens. Je dois en faire plus que les autres. Mais l’avantage c’est que je peux choisir mon entraîneur : Lionel Zimbler.
Ça a été difficile à une certaine époque mais aujourd’hui j’ai grandi, j’ai pris conscience que la FFT m’a beaucoup apporté et je trace ma route en dehors des sentiers battus. Et je m’y sens bien !

 - Comment se passe votre nouvelle vie dans la structure de Lionel Zimbler ?
 - Je vis à Marseille depuis avril dernier. J’ai réussi à créer un environnement favorable à ma réussite. Que ce soit Lionel, Martin Vaisse ou Ralph Boghossian, tous sont exceptionnels et à l’écoute. Nous avons vraiment créé une véritable relation de confiance.

 - Après trois participations à Roland Garros en 2014, 2016 et en 2017, le tournoi français est-il toujours dans votre ligne de mire ?
 - Bien sûr. Je ne m’en suis jamais caché, c’est mon tournoi préféré et j’ai une affection particulière pour le public de Roland Garros. Depuis 2014, je vis pour jouer ce tournoi chaque année. J’espère y retourner et y faire des choses encore plus belles qu’avant. Mon objectif c’est de briller un jour sur les grands tournois mais avant, il y a des étapes à franchir et il faut le faire en toute humilité.