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« La prière aux étoiles » : le film « perdu » de Marcel Pagnol, retrouvé par le Bastiais Valécien Bonnot-Gallucci, restauré et projeté pour la première fois


Christophe Giudicelli le Lundi 13 Octobre 2025 à 19:03

Après plus de 80 ans dans l’oubli, « La prière aux étoiles », le film perdu de Marcel Pagnol, retrouvé en 2023 par le Bastiais Valécien Bonnot-Gallucci, vient d’être restauré et projeté pour la première fois à Aubagne début octobre.



Marcel Pagnol lors du tournage de la "Prière aux Etoiles". 1941 (source: site internet "fond de dotation Marcel Pagnol)
Marcel Pagnol lors du tournage de la "Prière aux Etoiles". 1941 (source: site internet "fond de dotation Marcel Pagnol)
C’est un événement dans le monde du cinéma. « La prière aux étoiles », film réalisé par Marcel Pagnol en 1941, jamais diffusé en salle et dont les bobines avaient disparu, vient d’être restauré et projeté pour la toute première fois à Aubagne, plus de 80 ans après son tournage. Et cela est dû en partie au Bastiais Valécien Bonnot-Gallucci.

Fin 2023, le doctorant en histoire de l’art et du cinéma à la Sorbonne retrouve les bobines du film dans les archives du Centre national du cinéma (CNC) : « C’étaient des séquences prémontées dans lesquelles on identifiait clairement la trame narrative et le scénario », explique le jeune chercheur bastiais, qui, pour identifier le film, a pu s’appuyer sur le scénario qui, contrairement au film, était connu. « On en retrouve d’ailleurs des traces qui sont conservés à la Cinémathèque de Corse, car ils appartenaient à Robert Giordani et Jo Martinetti, qui travaillaient avec Marcel Pagnol. »

Enfin exhumée, « La prière aux étoiles »  débute sa seconde vie. « Ce film est une histoire d’amour avec un caractère autobiographique, qui aurait dû être une trilogie. C’est un film que Marcel Pagnol avait réalisé sous l’Occupation. Pour la petite histoire, le film a été tourné dans le château de la Buzine, acquis par Marcel Pagnol, qui deviendra plus tard “le château de ma mère”. Durant le tournage, il avait été confronté à d’importantes difficultés techniques. Il a été sollicité par la Continental Film, proche des nazis, ce que Marcel Pagnol, dans un acte de résistance et de contestation, a refusé, et il a détruit les bobines pour éviter leur exploitation par la société de production dirigée par Alfred Greven et fondée par Joseph Goebbels », contextualise Valécien Bonnot-Gallucci, avant d’évoquer le travail de restauration mené par Julien Ferrando, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, et par Nicolas Pagnol, le petit-fils de Marcel Pagnol, ayant droit de son œuvre, ainsi que par l’équipe de Serge Bromberg pour le son. Il détaille : « Il y a eu tout un travail pour nettoyer la pellicule. »

​"Marcel Pagnol a entretenu des liens personnels et professionnels avec la Corse"


« La restauration a été faite en respectant le scénario et en conservant l’effet d’archive, car il n’est jamais sorti. Et cela a été l’enjeu de la restauration », détaille-t-il encore. Pour Valécien Bonno- Gallucci, la restauration de ce film n’est toutefois pas la fin du parcours, mais plutôt une première étape : « Il y a sûrement d’autres images du film à retrouver, car le film n’est pas dans son intégralité. »

Pour Valécien Bonnot-Gallucci, cette découverte est aussi une madeleine de Proust : « Personnellement, il y a, au-delà de la démarche scientifique, quelque chose de l’enfance qui resurgit. Je me revois avec ma grand-mère regarder la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. »

Le Bastiais espère désormais que le film restauré sera diffusé en Corse : « Un film, ça doit être montré. Et puis Marcel Pagnol a entretenu des liens personnels et professionnels avec la Corse, et il y a toutes les similitudes entre la Provence et la Corse. »