La destruction du pont de la Casaluna fait polémique

Sur les réseaux sociaux, photos et vidéos relaient, depuis le mardi 6 septembre, la même image : celle d’un engin de chantier jaune, détruisant un pont. Cet édifice, c’est celui, multiséculaire, de la Casaluna, dans le Rustinu. « Quelle honte », « Bien triste », « J’ai mal au coeur », s’émeuvent les internautes. Habitants comme élus, nombreux sont ceux à regretter la décision de la Collectivité de Corse (CdC).
 
« Nous nous sommes battus pendant 6 mois avec Carole, Jean-Pierre, Aurélien et tant d'autres dans le respect des règles techniques, professionnelles et d'ingénierie en proposant des solutions qui ont été analysées par le service des routes de la CdC, aucune n'a eu grâce a leurs yeux », se désole Jean-Baptiste Tafanelli, président de l'office de tourisme intercommunal de la communauté de communes Pasquale-Paoli sur sa page Facebook.

Le pont de Casaluna a été presque entièrement détruit par la crue du 24 novembre 2016. C’est pourquoi la CdC a fait le choix de reconstruire un nouvel ouvrage. Et donc, de détruire ce qu’il reste de l’ancien. Mais, depuis bien longtemps, la décision est loin de faire l’unanimité. Déjà, en 2020, de nombreux habitants de la microrégion, regroupés sous la bannière « Pè una Strada nova », s’étaient élevés contre « la destruction totale d’un élément du patrimoine historique routier de la Corse ». « Les fonds importants mobilisés pour sa destruction n’auraient-ils pas plus d’utilité dans sa préservation et sa valorisation ? », ajoutaient-ils.
 
Contactée, la Cdc n'a, pour l'heure, n'a pas répondu à nos sollicitations. Toutefois, dans un communiqué  publié le 26 février dernier, elle justifiait sa décision par le résultat des études hydrauliques menées en concertation avec les services de l’État. « Malgré la diversité des scenarii envisagés, il n’a pas été possible d’identifier une solution permettant de conserver les ruines du Pont de Casaluna, n’y même de le reconstruire pour des raisons uniquement patrimoniales, du fait de l’insuffisance hydraulique de ses arches multiples », écrivait alors le Conseil Exécutif.

Tout en indiquant « comprendre et partager l’émotion des élus et des habitants de la région », la Cdc insistait sur le danger potentiel que pouvait représenter l’édifice. « Toute nouvelle crue d’importance, dont la récurrence semble augmenter, créerait en effet un risque majeur (risque d’emportement de l’ouvrage et d’embâcles) et pour le nouveau pont, et pour les usagers de la route et de celui-ci », précisait le même communiqué.
 
Concernant le nouveau projet, la CdC ajoutait qu’elle avait fait le choix « d’un ouvrage nouveau, d’une largeur roulable de 5 mètres au lieu des 2,8 mètres antérieurs, d’un coût de 3,6 M€, aux fins de définir le meilleur projet possible au plan technique et architectural (rappel des voûtes de l’ancien pont ; traitement des abords, choix d’un tablier élancé, etc) ». Par ailleurs, selon Jean-Baptiste Tafanelli, la CdC se serait engagée « à construire un lieu de mémoire avec les pierres du pont qui ont été récupérées et stockées dans une carrière ». De quoi consoler les partisans de l’ancien pont ? Rien n'est moins sûr.