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« La Corse et ma guitare » de Jean Mattei


Jean-François Vinciguerra le Dimanche 3 Janvier 2016 à 17:55

Parlez-lui du riacquistu, il vous répondra que c’est la plus belle reconquête de l’identité culturelle corse. Ce fut son combat des décennies durant pour la conservation du patrimoine régional. Mais ne lui dite surtout pas que la « chansonnette » la chanson populaire ne fait pas partie de la culture insulaire. En musicien engagé il vous prouvera le contraire. D’ailleurs, le parcours atypique de Jean Mattei est certainement le plus intéressant de nos bardes, le plus complet avec 18 albums chantés et 8 instrumentaux. Excusez du peu



« La Corse et ma guitare » de Jean Mattei
Auteur, compositeur, interprète, la musique est son ADN incrusté depuis l’enfance et les chansons, les premières notes de musique sur un harmonica peu après relayé par la guitare. Jean est un féru de guitare. Un artiste quoi, avec des doigts de fée qui courent autant sur les cordes que sur un clavier. Il apprend vite et bien. Il aime et se passionne pour la chanson avec une voix qu’il tient de sa mère et qu’il distille avec talent.
 
Chez Paulo, au pavillon…
C’est vrai, Jean Mattei est né pour être chanteur, pour jouer, créer, animer et donner le ton de la fête partout où un instrument est disponible.
Comme au Pavillon Bleu de Paulo Quilici, son professeur de guitare chez qui il a passé de longues soirées estivales avec les Marco Guillaume, Lucien Bocognano, Michel Deida, Jean-Baptiste Scaglia et autre Roger Arrighi, Michel Marty et Tony Toga. Même chose dans l’autre temple de la chanson, le Son des Guitares d’Antoine Bonelli, son autre professeur avec l’inusable, l’inénarrable Jean Bozzi qui, il y a peu, nous a fait passer de formidables soirées avec son complice Bastien Armani.  

Libre, insoumis et rebelle !

Jean Mattei raconte, il évoque son enfance et la chanson, avec sa mère notamment :

 « Le terreau familial était fertile du côté maternel mais il l’était beaucoup moins côté paternel. Mon père était rétif à toute sorte de poésie. Il avait une sainte horreur de la musique et pour lui, seuls les études et le travail comptaient. Lors de ses crises de paludisme héritage de vingt ans de carrière coloniale, il chantait faux… »

Alors il chante, apprend la musique, les instruments, étudie les chanteurs, Tino Rossi, Cora Vaucaire, Lucienne Delyle et se forge une passion pour le chant dans son hameau de Peddi-Muredda à Cutuli e curtichjatu avec Cècè le berger et son harmonica. Il aime son village, son ambiance et se sent bien dans ce microcosme où il progresse. Cela va lui permettre de côtoyer les groupes musicaux et surtout A Sirinata Aiaccina et son répertoire folklorique.

La découverte de la guitare sera un grand moment de sa vie et l’entrée dans les deux grands cabarets de la ville, « Son des Guitares et « Pavillon bleu » avec les barons de la guitare Antoine Bonelli et Paulo Quilici, mais aussi Jean Bozzi, Marcel Aquaviva, François Giordani, les Frères Vincenti, Pierrot Pianelli, Alain Deliperi, Jeannot Armani etc.

Il aurait pu franchir le pas et « partir », céder au miroir aux alouettes comme beaucoup de compatriotes l’ont fait, certains avec succès, d’autres moins.

«   J’ai choisi de rester libre, insoumis et rebelle, sans concession, sans compromission, ne faisant que ce que mon cœur, mon esprit et mon ventre me dictaient.

Puis vient le temps des Muvrini, des orchestres et groupes de différentes musiques avant de créer Alta Voce, avec ses amis de toujours, Anto Cesari, Rosanna Cesari, Michel Frati et le succès, les tournées dans toute l’Europe.

Jean Mattei raconte tout cela avec une passion maîtrisée, sans forfanterie mais avec humilité, cette vie de musicien, cette vie consacrée à la chanson. Les images défilent. « Dans la Corse et ma guitare » son ouvrage paru aux éditions Privat, la seconde partie est consacrée aux chansons et poèmes qui ont marqué sa carrière, loin d’être achevée.
J.-F. V.