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La CCI de Corse propose un plan de relance de 2,5 milliards d’euros


Julia Sereni le Lundi 7 Septembre 2020 à 14:35

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse a présenté, ce lundi, une proposition de plan en faveur de l’économie insulaire : 70 mesures chiffrées à 2,5 milliards d’euros qu'elle entend bien faire adopter par le gouvernement. L’occasion aussi de faire le point sur les dispositifs d’aide mis en oeuvre pendant la crise.



Le président de la CCI de Corse, Jean Dominici. Photos Michel Luccioni
Le président de la CCI de Corse, Jean Dominici. Photos Michel Luccioni
« L’économie à tout prix, et surtout au prix de la santé des Corses, n’a jamais été notre credo ». La rentrée est l’occasion pour le président de la CCI de Corse, Jean Dominici, de revenir sur l’esprit qui a présidé au travail de ses équipes depuis le début de la crise sanitaire. Un esprit « toujours fondé sur la recherche de l’intérêt général », et un travail qui a débuté dès les premiers mois de la crise.
 
Des mesures d’urgence 
« Notre urgence a consisté à reconnecter la Corse aux réseaux d’échanges maritime et aérien » indique Jean Dominici, « car elle était, à la veille de la saison, coupée du reste du monde ». Aussi, pour éviter le scénario catastrophe de la saison blanche, la CCI a investi 1 million d’euros afin de sécuriser les flux dans les ports et aéroports, notamment via les contrôles thermiques. « Nous avons, par ailleurs, soutenu financièrement les compagnies qui [ont pris] avec nous le risque de la destination Corse », un soutien à hauteur de 5 millions € pour l’aérien et 1,5 million € pour le maritime. Un plan dont le président se satisfait « avec des résultats meilleurs qu’escomptés ».
 
Au-delà de ces mesures de reconnexion, la CCI insiste sur le travail mené avec la Collectivité de Corse et l’Agence de Développement Economique de la Corse (ADEC) en faveur du commerce de proximité : « Nous avons souhaité, en complément des dispositifs nationaux, une réponse locale » explique son vice-président Pierre Orsini. C’est le cas notamment du prêt de renforcement de trésorerie « Sustegnu ». Ce prêt, initié par la Collectivité de Corse, est plafonné à 100 000 € avec des échéances reportées à septembre 2021 avant d’être étalées sur 5 ans. Un dispositif « proche du prêt garanti par l’État, mais plus pertinent et plus adapté à la Corse ». 300 entreprises ont déjà pu en bénéficier pour un total de 23 millions d’euros.
 
« Nos choix doivent tourner le dos aux logiques destructrices d’emplois et de ressources » assure le vice-Président Paul Marcaggi. « Compru quì a été le mot d’ordre avec 280 000 € de bons d’achat à gagner et à utiliser dans le réseau des 1300 commerçants et artisans adhérents à l’opération ».
 
Un plan à 2,5 milliards
Pour autant, si ces mesures ont permis de « sauver l’essentiel de ce qui restait de la saison, cet été », pour Jean Dominici, « le compte n’y est pas et nous en sommes loin ». Selon les estimations de la CCI, les 30% du PIB (Produit intérieur brut) tirés du tourisme ne seront pas constitués cette année : « Nous estimons la partie préservée à 50% ou 60%, pas plus ».
 
Aussi, pour penser l’après crise, la CCI a commencé à travailler dès le mois d’avril sur un plan « élaboré sur la base d’un questionnaire rempli par 1 746 entreprises corses » comme l’explique Philippe Albertini, directeur général. Ces contributions, alliées à l’expertise du cabinet d’audit et de conseil EY ont permis de faire émerger 70 propositions de mesures pour un montant de 2,5 milliards d’euros : « 12 actions d’urgence et 58 de moyen terme » détaille Jean Dominici.
 
Un mur de dettes
Parmi les mesures prioritaires, le traitement du « mur de dettes » d’1 milliard d’euros constitué par les prêts garantis par l’Etat et les reports d’échéances. Pour Philippe Albertini, « Ce mur ne pourra pas être dépassé avec des mesures nationales, d’autant que la Corse est la région la plus impactée. Il faut repousser l’échéance à 2021 et la durée, de 4/5 ans à 9,11 ou 13 ans ».

Autre point, les 200 millions euros de charges fiscales et sociales, qui « doivent être recalculées au prorata des chiffres d’affaires ». Enfin, la CCI demande que le recours à l’activité partielle soit possible jusqu’en 2021.
 
Pour Philippe Albertini, il ne s’agit pas que de dotations : « On n’est pas dans une logique d’enveloppes, il y a un effort important à fournir pour accéder à ces mesures. L’avenir n’est plus aux enveloppes, mais aux projets » affirme t-il.  Pour ce faire, la feuille de route sera « d’identifier les filières et de mettre en place les moyens spécifiques ».
 

Un appel au Président de la République
Mais en attendant, la situation est critique : 10 000 entreprises corses sont en difficulté, ce qui représente la moitié des entreprises insulaires. « Un tiers ne surmontera pas ces difficultés, si des mesures ne sont pas prises ». 6 000 emplois CDI sont aujourd’hui menacés. 
 
Le Président de la CCI demande donc « l’ouverture urgente des discussions avec l’Etat et la Collectivité de Corse ». Il lance un « appel solennel au président Macron afin que cette crise ne condamne pas la Corse à la récession ». Car si la CCI assure vouloir prendre sa part dans le financement du plan, celle-ci ne pourra pas excéder 20 à 30%. Ce sont donc 70 à 80% qui doivent être débloqués au plan national. 
 
Le Président Jean Dominici entend, donc, bien profiter de la venue du Président de la République cette semaine à Ajaccio : « C’est une occasion que nous entendons saisir pour que la Corse prenne sa part et toute sa part aux efforts et mesures de relance européenne, méditerranéenne, nationale et locale ».