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L’inquiétude grandit en Corse face aux menaces sur la reconnaissance du statut de sapeur-pompier volontaire


le Mercredi 10 Septembre 2025 à 07:45

Dans un communiqué commun, les présidents des SIS de Corse-du-Sud et de Haute-Corse alertent sur les menaces qui pèsent sur le statut des pompiers volontaires, de la remise en cause de la prime de fidélisation au plafonnement des heures d’activité. Une inquiétude partagée par le président de l’Union départementale, qui redoute une fragilisation du modèle de secours insulaire.



L’inquiétude grandit en Corse face aux menaces sur la reconnaissance du statut de sapeur-pompier volontaire
L’engagement des pompiers volontaires est en péril ! C’est le cri d’alarme que poussent Véronique Arrighi et Hyacinthe Vanni, respectivement présidents des Services d’Incendie et de Secours (SIS) de Corse-du-Sud et de Haute-Corse dans un communiqué commun ce mardi. Alors que la Fédération nationale des sapeurs-pompiers alertait il y a quelques jours sur une possible remise en cause de la nouvelle prestation de fidélisation et de reconnaissance  (NPFR) - une prime que touchent annuellement les sapeurs-pompiers volontaires après 15 ans de service -, ils ont tenu à souligner les craintes et incompréhension que cette évolution suscite auprès des quelque 3000 sapeurs-pompiers volontaires insulaires « qui servent le territoire et protègent nos populations ». 
 
« Être sapeur-pompier volontaire est un engagement citoyen, altruiste au service d’un collectif, d’un vivre ensemble en parfaite cohérence avec les valeurs qui ont fait ce territoire corse et que nous voulons faire perdurer », écrivent-ils, marquant leur reconnaissance «envers ces femmes et ces hommes qui donnent de leur temps, bien souvent au détriment de leurs proches, pour que puisse continuer à vivre ce modèle de sécurité civile qui garantit une présence des secours en tout temps et tout lieu ». « Les SIS de Corse sont profondément attachés à ce modèle du secours reposant sur la conscience pleine et entière de s’engager au bénéfice d’un territoire et sur la complémentarité sapeurs-pompiers professionnels – sapeurs-pompiers volontaires, que cela soit dans la ruralité, face aux aléas climatiques, au cours des périodes d’accroissement des risques en saison estivale, ou dans la problématique des feux de forêt prégnante tout au long de l’année », insistent-ils. 
 
Dans ce droit fil, ils demandent à ce que les « promesses prises concernant la Nouvelle Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance des sapeurs-pompiers volontaires et les trimestres de cotisations supplémentaires soient tenues et ce au profit du service public du secours et de nos concitoyens, mais aussi que le plafonnement de l’activité des sapeurs-pompiers volontaires à 600 heures annuelles (gardes et formations) préconisé par la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises après le rapport de l’Inspection Générale de l'Administration, soit définitivement retiré ». « Il en va du bon fonctionnement et de la pérennité du modèle de secours en Corse construit sur l’équité et sur la garantie de pouvoir disposer dans le rural d’une réponse opérationnelle fiable et compatible avec la notion de secours d’urgence à personne », affirment-ils encore. 
 
De son côté, le président de l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers de Corse-du-Sud, le commandant Jean-Jacques Casalot, se dit « très inquiet face à la multiplication des attaques visant à diminuer la reconnaissance du statut de pompiers volontaires ». « Nous avons la désagréable impression que tout cela sert de petits ballons d'essai qui sont jetés pour essayer de grappiller un petit peu d'argent sur le dos de l'engagement des pompiers volontaires », fustige-t-il. Des remises en question d’ordre budgétaire, qui font jour à une époque où l’engagement est en perte de vitesse, la France ayant perdu près de 7000 volontaires au cours des vingt dernières années. Or dans le même temps, les pompiers volontaires représentent toujours 80% des effectifs dans les casernes, et environ 66% des interventions. Un chiffre qui peut monter à 100% dans le rural.
 
 « Nous sommes dans une société qui est de plus en plus individualiste, avec des valeurs, en Corse en particulier, qui se perdent malheureusement petit à petit. Aujourd’hui, on a beaucoup de mal à avoir de nouveaux engagements de pompiers volontaires », déplore le commandant Casalot, « Pour l’instant, on arrive à faire face car les services incendies font énormément d'efforts pour être derrière le statut de pompiers volontaires. Mais pendant combien de temps ? Nous savons que nous sommes vraiment sur le fil du rasoir et qu'il en faut peu pour que demain il n'y ait plus beaucoup de jeunes qui décident de s’engager ». 
 
Une perspective qui pourrait toucher la Corse encore plus durement que d’autres territoires. « Si on veut aujourd'hui apporter le même secours à tous les Corses, y compris dans les villages, il faut des sapeurs pompiers volontaires. Si demain, il n'y a plus de secours, est-ce que les gens vont rester vivre dans les villages ? Si nos villages peuvent continuer à vivre, c'est aussi parce qu'il y a les pompiers. C'est fondamental d'arriver à maintenir les secours dans les villages, et donc d'apporter cette reconnaissance aux gens qui s'engagent pour les autres », pose le président de l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers de Corse-du-Sud. « La Nouvelle prestation de fidélisation et de reconnaissance est indispensable pour qu'il y ait encore des volontaires qui s'engagent dans l'avenir. Cela fait partie d'une panoplie d'outils qu'on essaie de mettre en œuvre pour arriver à continuer à avoir des secours. Il y a aussi un combat qui est mené pour obtenir la valorisation de l'engagement par des trimestres de retraite. Ce sont des choses qui se rajoutent à des outils qui sont mis en place aussi par les SIS, comme la mise en place de conventions avec des mairies ou avec des entrepreneurs privés pour mettre à disposition des salariés afin qu'ils puissent s'engager. Il faut aujourd'hui mettre en place toute cette panoplie pour valoriser les pompiers volontaires et espérer en avoir toujours demain pour continuer à porter secours à la population corse », indique-t-il encore.
 
Vendredi dernier, dans une tribune transpartisane, près d'une centaine de députés et sénateurs de droite et du centre avaient appelé le gouvernement à pérenniser ce dispositif de prime accordée aux sapeurs-pompiers volontaires, malgré les contraintes budgétaires.