« On est un petit territoire, mais on est aussi concernés par la question. » À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, qui se tient ce mercredi 10 septembre, les professionnels de santé mentale alertent sur un phénomène bien réel, qui touche chaque année plusieurs milliers de personnes en France. En Corse, le centre d’appel de prévention du suicide 3114 répond jour et nuit.
Selon les dernières estimations, environ 9 000 suicides sont recensés chaque année dans le pays, soit près de 25 décès par jour. En Corse, cette réalité dramatique est tout aussi présente, même si elle reste difficile à mesurer précisément. « Nous n’avons pas encore de chiffres exacts, nous oeuvrons avec Santé publique France pour améliorer toutes ces données et avoir une vraie base de travail », explique Marina Thibaut, chargée de missions territoriales au sein du centre 3114 et VigilanS Corse.
Entre 18 et 20 appels par jour au 3114
Au cœur de la prévention du suicide, la ligne téléphonique 3114 joue un rôle clé. Mise en place en 2022 en Corse, elle permet d’accueillir et d’accompagner une grande diversité d’appels. « On a vraiment tout type de cas : ça peut être une personne en détresse, avec des idées suicidaires, qui appelle pour la première fois, ou qui a pris l’habitude de nous joindre quand elle est en crise. Nous avons aussi des parents qui s’inquiètent pour leurs enfants, malheureusement l’inverse est aussi vrai. Des professionnels de santé se préoccupent encore pour l’un de leurs patients. Il peut arriver qu’une infirmière scolaire qui est avec un jeune qui émet des idées suicidaires et qui a la nécessité d’avoir un autre point de vue spécialisé rentre en contact avec nous. Nous écoutons aussi des individus endeuillés par le suicide, et qui se posent des questions. » Prévention du suicide : En Corse, des avancées qui sauvent des vies
Les répondants, des infirmiers ou des psychologues spécialisés dans la prise en charge par téléphone, ont pour mission d’évaluer la crise suicidaire et d’orienter les appelants en fonction de ses besoins spécifiques. « Leur mission est essentiellement axée sur ces deux domaines », précise-t-elle. « Ça peut être des idées suicidaires, ou une crise suicidaire, mais nous ne sommes pas sur les mêmes urgences. Pour évaluer la crise, ils vont toujours essayer d’avoir le numéro de la personne concernée, et ensuite, c’est du cas par cas. Parfois, il y a un déclenchement des secours, et parfois, il est suffit d'appeler une tierce personne, ou alerter les professionnels de santé et ramener l’appelant dans un cercle de soins. Le 3114, c’est un petit peu la porte d’entrée sur toutes les questions du suicide. » Le 3114 Corse, intégré à un réseau national de 18 centres, ne dispose pas encore de données assez solides pour identifier des tendances précises. Le service, qui peut répondre aux appels d’autres régions selon les horaires d’ouverture, reçoit en moyenne entre 18 et 20 appels par jour. Prévention du suicide : le centre hospitalier de Castelluccio au bout du téléphone
VigilanS : un suivi rapproché après une tentative de suicide
Complémentaire au 3114, le dispositif VigilanS vise à accompagner spécifiquement les personnes ayant fait une tentative de suicide. Ce programme, qui s’appuie sur un suivi téléphonique régulier, est mis en place dès la sortie des urgences. « C’est un numéro qu’ils peuvent joindre s’ils en ressentent le besoin », détaille Marina Thibaut. L’objectif est de créer un « filet de sécurité », pour ces personnes, en maintenant un contact régulier dix jours, trois mois et six mois après leur sortie de l’hôpital. Les appels ont pour but de vérifier l’état de la personne et de s’assurer qu’elle bénéficie d’un suivi adapté. « Ce n’est pas un soin à proprement parler, mais c’est une veille. Nous réalisons le lien avec les médecins psychiatres, les médecins généralistes et les centres médico-psychologiques pour échanger sur le suivi . » Le dispositif comprend aussi l’envoi de cartes postales, un geste symbolique pour rappeler à la personne qu’elle n’est pas seule.
L’année dernière, 282 personnes ont été intégrées au dispositif. Un chiffre en hausse, mais pas nécessairement lié à l’augmentation des tentatives de suicide. « On trouve petit à petit les bons liens avec les services d’urgence et les médecins pour avoir des entrées dans le dispositif », indique Marina Thibaut, avant de préciser que la réitération avait baissé de 38 % entre 2015 et 2017 dans les six premiers territoires ayant expérimenté VigilanS, selon des données de Santé publique France. Journée mondiale de prévention du suicide : « En Corse, jusqu’à dix appels d’urgence par jour »
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