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Josiane Chevalier rappelle les trois points pour sortir de la crise agricole corse


Philippe Peraut le Jeudi 31 Octobre 2019 à 18:28

Josiane Chevalier, Préfète de Corse a donné une conférence de presse ce jeudi matin en préfecture de Région aux côtés de Sabine Hofferer, Directrice Régionale de l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt de Corse. Il a s’agit de faire le point à l’issue de la cellule d’urgence consacrée à la situation des agriculteurs, mardi à Paris. Les constats, les risques, les enjeux pour défendre, au mieux, la profession, ont été notamment évoqués. Trois points ont été annoncés par Didier Guillaume: la réouverture de la période contradictoire permettant de contester les contrôles photos, la nécessité d’augmenter le nombre de contrôleurs (de 10 à 21) et de les former à l’agriculture corse et la mise en place d’une cellule d’urgence pour accompagner les situations les plus délicates et d’une cellule de suivi…



Dans le sillage d’une réunion qui s’est tenue, mardi, à Paris en compagnie des différents acteurs concernés par la crise agricole actuelle (élus, professionnels, Chambres, Etat…), Josiane Chevalier, préfète de Corse avait convié la presse ce jeudi matin en Préfecture afin de se faire le relais de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture. À ses côtés, Sabine Hofferer, Directrice Régionale de l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt de Corse, nommée en septembre dernier.
« L’objectif, souligne en préambule la préfète de Région, consiste à comprendre pourquoi en est-on là aujourd’hui. La commission européenne a constaté un doublement des surfaces déclarées en Corse et un taux d’anomalie de l’ordre de 40% dans l’île alors qu’il est de 10% sur le Continent. Au vu de ces deux éléments et du fait que l’on a, en Corse, de par la configuration de l’île, plus de surfaces dites peu productives, elle a demandé qu’il y ait beaucoup plus de contrôles…J’insiste sur les risques encourus, le refus d’apurement pour la France d’1,4 Milliard d’euros et le retrait de l’agrément des organismes payeurs que sont l’ODARC et l’Agence des Services de Paiement (ASP). »


Une cellule d’urgence
Raison pour laquelle, quelque 650 contrôles supplémentaires ont été mis en place. Avec une conséquence tout de même majeure, le non-paiement des aides à de nombreux agriculteurs aujourd’hui en grande difficulté financière.  « On note une augmentation de 20 M d’euros (de 14M à 34M) de l’enveloppe corse pour ce qui est des aides surfaciques par rapport à 2018, précise, pour sa part Sabine Hofferer, sur les 2 150 agriculteurs déclarés en Corse,  1 236 ont été payés au titre du Droit au Paiement de Base (DPB) et 1 000 (qui peuvent cumuler les deux) en Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN). Mais la situation des paiements au 25 octobre 2019 par rapport à 2018 est inférieure de 1,5 M d’euros. Ce qui représente 340 dossiers. Nous en sommes à 12, 825 M d’euros au titre de la DPB et 5,7 M d’euros au titre de l’ICHN, pour un total de près de 18M d’euros, soit la moitié en tant qu’acomptes, le solde sera versé début 2020… »


Face à cette situation, le ministre de l’Agriculture propose trois mesures :
- la réouverture sans condition et jusqu’au 20 novembre, de la période contradictoire permettant de contester les contrôles photos (les photos satellites disparaîtront. Une mesure qui concerne pour l’heure 400 agriculteurs. « On constate qu’un tiers, seulement, des agriculteurs concernés, a demandé la réouverture de cette procédure contradictoire. C’est pourtant une phase essentielle, rappelle Josiane Chevalier…
- L’augmentation du nombre de contrôleurs, qui passera de onze à vingt et un et la nécessité de les former aux spécificités des parcours insulaires. Je vais demander encore d’autres contrôleurs pour accélérer les procédures. »
- la mise en place de deux instances : Une cellule d’urgence qui permet aux personnes en difficulté d’être accompagnées en sollicitant les services concernés par téléphone (04-95-51-86-73, 06-61-25-75-52) ou par mail ([cellule-accompagnement@.gouv.fr]mail:cellule-accompagnement@.gouv.fr ). Une cellule  de suivi, pilotée par la Préfète de Corse avec les différents services (ASP, DRAAFC) DDTM 2A et 2B, Préfecture de Haute-Corse, ODARC, Ministère).


Défendre l’agriculture corse
« C’est une période difficile, conclut Josiane Chevalier, mais elle va permettre de travailler sur le moyen et long terme pour une agriculture productive avec la structuration de certaines filières. On est dans une phase où il faut, ensemble, avec les partenaires et les agriculteurs eux-mêmes, que nous puissions défendre l’agriculture corse et les contrôles de qualité. L’’avenir de ces aides est indispensable, elles sont une compensation et seront renforcées par le travail de fond sur les filières, la nouvelle PAC avec, je l’espère, une reconnaissance du parcours spécifique de la Corse mais aussi une remise dans les critères du  lien entre les surfaces et l’activité pour éviter tout excès… »
Reste, désormais, à savoir si la profession, dont les représentants sont sortis déçus de la réunion de mardi, sera satisfaite de ces mesures. En tout cas, il y va de l’avenir d’une activité ancestrale qui constitue l’un des rouages essentiels de la société corse.