
Dans la villa qu'ils louent à Lecci, Sidonie et Jérôme, couple de vacanciers venus de Haute-Savoie, trouvent tout ce dont ils ont besoin pour passer des vacances reposantes, sans le stress découlant du handicap de Jérôme.
Vacances, j’oublie tout ? Facile à dire quand on a deux bras, deux jambes, en état de fonctionner. Beaucoup moins quand on est invalide, observe la Porto-Vecchiaise Périne Feron, qui gère à Lecci depuis 2018 avec son concubin Guillaume Godefroy, les Villas Lantana : « Quelqu’un qui n’est pas satisfait de son logement de vacances a toujours la possibilité de le quitter pour en trouver un autre. Pas les personnes handicapées, car l’offre en logements de tourisme adaptés est insuffisante. Or, si ça se passe mal, leur seule option, c’est de rentrer chez eux. »
"La Corse, c'était mon rêve"
Mariée à Jérôme, atteint d’une maladie génétique, Sidonie confirme : « On a eu tellement de déconvenues... » On les rencontre sur la terrasse de l’une des Villas Lantana. Voilà deux ans que ces vacanciers venus de Haute-Savoie y réservent une semaine de vacances et ils ont déjà posé une option pour l’année prochaine. « La Corse, c’était mon rêve », se replonge Jérôme. « Ca faisait vingt ans qu’on essayait de venir, mais on ne trouvait rien d’accessible, raconte son épouse. On s’y prenait pourtant un an à l’avance... » Et en 2024, miracle : sur le site internet de l’association Tourisme & Handicap - chargée par l’État de développer la visibilité des hébergements accessibles - un premier nom apparaît en Corse, celui des Villas Lantana à Lecci. Sidonie et Jérôme sautent le pas. Aujourd’hui, ils ne le regrettent pas : « On est comme à la maison, tous nos besoins sont pris en compte, salue Sidonie, qui ne tarit pas d’éloges sur les Villas Lantana. En général, les gens qui proposent ce genre de structure d’hébergement ont un proche qui est atteint d’un handicap, ils sont donc sensibilisés. Ce n’est pas le cas de Périne et Guillaume, donc c’est d’autant plus incroyable qu’ils arrivent à anticiper nos besoins à ce point là. »
"La Corse, c'était mon rêve"
Mariée à Jérôme, atteint d’une maladie génétique, Sidonie confirme : « On a eu tellement de déconvenues... » On les rencontre sur la terrasse de l’une des Villas Lantana. Voilà deux ans que ces vacanciers venus de Haute-Savoie y réservent une semaine de vacances et ils ont déjà posé une option pour l’année prochaine. « La Corse, c’était mon rêve », se replonge Jérôme. « Ca faisait vingt ans qu’on essayait de venir, mais on ne trouvait rien d’accessible, raconte son épouse. On s’y prenait pourtant un an à l’avance... » Et en 2024, miracle : sur le site internet de l’association Tourisme & Handicap - chargée par l’État de développer la visibilité des hébergements accessibles - un premier nom apparaît en Corse, celui des Villas Lantana à Lecci. Sidonie et Jérôme sautent le pas. Aujourd’hui, ils ne le regrettent pas : « On est comme à la maison, tous nos besoins sont pris en compte, salue Sidonie, qui ne tarit pas d’éloges sur les Villas Lantana. En général, les gens qui proposent ce genre de structure d’hébergement ont un proche qui est atteint d’un handicap, ils sont donc sensibilisés. Ce n’est pas le cas de Périne et Guillaume, donc c’est d’autant plus incroyable qu’ils arrivent à anticiper nos besoins à ce point là. »

Périne Féron et Guillaume Godefroy ont obtenu ce mercredi 4 juin le trophée Tourisme & Handicap, qui récompense leur investissement dans le projet des Villas Lantana.
Originaire de Porto-Vecchio, Périne Féron a vécu à Paris, où elle a exercé le métier d’expert immobilier. C’est là qu’elle est sensibilisée au sort des personnes en situation de handicap : « Quand je les voyais dans le métro, en fauteuil ou avec leur canne… Je trouvais leur quotidien tellement injuste et dur. » A la faveur d’une acquisition foncière familiale à Lecci, elle décide de rentrer vivre en Corse avec Guillaume. Le couple mûrit un projet de gestion locative saisonnière : « On voulait se spécialiser, mais pas dans le luxe, se remémore Périne. On a pensé à une formule d’hébergement mixte, pour personnes valides et handicapées. On s’est rapprochés de l’association Stella Zitellina, qui nous a aidés. On est aussi allé se renseigner auprès d’un centre de vacances spécialisé, près de Toulon. Ils avaient huit ou neuf hébergements qui étaient tous réservés sur deux ans ! » Convaincus qu’ils seront plus utiles, en Corse, auprès d’un public handicapé qu’au service de riches vacanciers, ils finalisent leur projet : « Faut pas croire, mais les touristes qui ont un handicap sont très exigeants aussi, glisse Périne. Mais ça concerne l’essentiel : manger, se laver et dormir. »

Dans la salle de bain, la bande foncée en haut n'est pas là pour la déco : elle sert de repère visuel aux personnes mal-voyantes.
Les plans de construction du domaine intègrent dès le départ la dimension « handicap » du projet, ce qui n’est pas un mince effort, étant donné le coût du m² dans l’Extrême-Sud : « Une villa de deux pièces, c’était 38 m². La même, mais en version accessible, on passait à 45 m², soit 17 000 € en plus à débourser », précise Périne. En effet, qui dit logement à rendre accessible, dit nécessairement plus d’espaces à prévoir : autour du lit pour pouvoir changer de direction en fauteuil, dans la salle d’eau où trône une douche à l’italienne sans bac, dès l’entrée qui se fait via une grande baie vitrée au seuil réduit de 20 mm en hauteur… Périne raconte comment elle a dû continuellement veiller au bon déroulement du chantier : « Dans le BTP en Corse, on est très en retard sur les normes de construction pour les personnes à mobilité réduite. Il m’est arrivé de dire à un ouvrier de refaire, car il avait laissé une pente trop importante. Il m’avait répondu que c’était les normes habituelles... » A l’arrivée, les Villas Lantana ont été conçues pour faire face aux handicaps moteur, mental, auditif et visuel. Pour pouvoir héberger des personnes non-voyantes, Périne et Guillaume ont par exemple dû équiper les plaques de cuisson à induction de molettes, pour qu’il soit aisé, au toucher, de s’en saisir. « J’ai eu un mal fou à en trouver, car c’est plus trop à la mode ! » rit la propriétaire gestionnaire.
"On ne voulait pas que ça fasse chambre d'hôpital"
Et s’il est indispensable de subvenir aux besoins de chacun des hôtes selon leur handicap, il faut aussi veiller à ce que le logement s’imprègne d’une atmosphère de vacances, souligne Guillaume : « On ne voulait pas acheter de lits médicalisés avec barrières, car on ne voulait pas que ça fasse chambre d’hôpital. Les gens sont en vacances, il ne faut pas l’oublier... » Mais quand le handicap le requiert, le couple peut être amené à remanier dans les grandes largeurs l’aménagement intérieur des ses villas, changeant le lit de place, ajoutant ici une chaise de douche, là une bouteille d’oxygène. Et en cas de soins à prévoir, ils contactent leur réseau d’infirmiers ou d’auxiliaires de vie.
"On ne voulait pas que ça fasse chambre d'hôpital"
Et s’il est indispensable de subvenir aux besoins de chacun des hôtes selon leur handicap, il faut aussi veiller à ce que le logement s’imprègne d’une atmosphère de vacances, souligne Guillaume : « On ne voulait pas acheter de lits médicalisés avec barrières, car on ne voulait pas que ça fasse chambre d’hôpital. Les gens sont en vacances, il ne faut pas l’oublier... » Mais quand le handicap le requiert, le couple peut être amené à remanier dans les grandes largeurs l’aménagement intérieur des ses villas, changeant le lit de place, ajoutant ici une chaise de douche, là une bouteille d’oxygène. Et en cas de soins à prévoir, ils contactent leur réseau d’infirmiers ou d’auxiliaires de vie.

Une cuisine adaptée , c'est pouvoir glisser le fauteuil roulant sous le plan de travail et disposer d'une plaque de cuisson à induction à molettes.
Une villa labellisée Tourisme & Handicap n’est en rien comparable à une place de stationnement qui serait réservée aux titulaires d’une carte de mobilité : ici, on est sur un domaine privé, et aussi empathique soit-elle, l’activité de Périne et Guillaume n’en reste pas moins leur gagne-pain. Ils peuvent donc tout aussi bien louer les logements à des personnes valides : « Mais ça arrive rarement, constate Périne, car les personnes handicapées réservent tellement longtemps à l’avance, qu’elles sont souvent les premières. » Du reste, quatre des neuf villas Lantana ne sont pas aux normes PMR : « On les propose en priorité aux touristes valides », complète Guillaume. Dans le même ordre d’idées, il y a deux piscines : une basique et une accessible, avec fauteuil adapté Tiralo et rampe d’entrée dans le bassin. Périne se souvient d’une anecdote : « Un jour, des gens valides qui louaient nous ont dit : "c’est super sympa d’avoir fait une rampe pour les enfants !" Ils n’avaient pas réalisé que c’était pour des personnes handicapées... » Cette mixité est assumée : « On ne voulait pas d’un ghetto pour handicapés », explique la Porto-Vecchiaise. Une conception de la société qui convient très bien à Jérôme, leur hôte haut-savoyard : « Ce qui est génial ici, c’est qu’on n’est pas seulement entre handicapés. »
Et les pouvoirs publics ?
Mercredi, Périne Feron a abandonné un temps la gestion des Villas Lantana pour prendre l’avion, direction Paris. Un an après avoir obtenu le label – une première en Corse (*) - elle était nominée pour le Trophée Tourisme & Handicap aux côtés de deux autres finalistes, après étude préalable d’environ 150 dossiers de candidature envoyés de toute la France. Et ce trophée, ce sont bien Périne et Guillaume qui l’ont remporté : « C’est une reconnaissance de notre travail, se réjouit la Porto-Vecchiaise. Ca va nous donner encore plus de visibilité. » Membre du jury, la présidente de l’association Tourisme & Handicap, Annette Masson, motive son choix auprès de Corse Net Infos : « Ils ont travaillé pour offrir des possibilités d’hébergement fiables qui donnent envie d’aller chez eux. »
Et les pouvoirs publics ?
Mercredi, Périne Feron a abandonné un temps la gestion des Villas Lantana pour prendre l’avion, direction Paris. Un an après avoir obtenu le label – une première en Corse (*) - elle était nominée pour le Trophée Tourisme & Handicap aux côtés de deux autres finalistes, après étude préalable d’environ 150 dossiers de candidature envoyés de toute la France. Et ce trophée, ce sont bien Périne et Guillaume qui l’ont remporté : « C’est une reconnaissance de notre travail, se réjouit la Porto-Vecchiaise. Ca va nous donner encore plus de visibilité. » Membre du jury, la présidente de l’association Tourisme & Handicap, Annette Masson, motive son choix auprès de Corse Net Infos : « Ils ont travaillé pour offrir des possibilités d’hébergement fiables qui donnent envie d’aller chez eux. »

Périne et Guillaume ont investi dans un Tiralo, qu'ils mettent à disposition des personnes handicapées dans la piscine.
Etait-ce aussi une manière d’envoyer un message à la Corse, qui a dû attendre 2024 pour que l’un de ses logements touristiques soit enfin labellisé ? « Ca a joué un peu, pour être honnête », reconnaît Annette Masson, qui se tourne désormais en direction des pouvoirs publics : « Il a fallu quinze ans pour que les autorités, en Corse, commencent à travailler sur le sujet du handicap. J’attends désormais que l’ATC (l’Agence du tourisme de la Corse) mobilise les professionnels du tourisme, tous secteurs confondus, pour se mettre en conformité avec la loi Handicap du 11 février 2005. L’ATC, mais aussi les offices de tourisme, doivent plus communiquer autour de l’accessibilité. »
Faire évoluer les mentalités
Ca commence à bouger, puisque depuis 2022, l’ATC, en partenariat avec les intercommunalités, la Collectivité de Corse et l’association Cap Corse Handicap, met en place chaque été sur des dizaines de plages insulaires l’opération Una Piaghja per tutti, avec tapis d’accès et Tiralo. De leur côté, Périne et Guillaume tentent de faire évoluer les mentalités, discutant notamment avec des restaurateurs de la microrégion : « Certains nous disent : "je ne vais pas me mettre aux normes pour les personnes handicapées, car je n’en reçois pas !" Mais c’est justement parce qu’ils n’ont pas créé l’offre que ces gens ne viennent pas dans leurs restaurants. » Néanmoins en Corse, la solidarité envers cette clientèle hypothétique est bien présente, observent-ils : « Quand une personne handicapée arrive dans leur restaurant, ils vont se plier en quatre pour l’aider. »
(*) Après les Villas Lantana, l’Hôtel Campo Del'Oro d’Ajaccio a également été labellisé.
Faire évoluer les mentalités
Ca commence à bouger, puisque depuis 2022, l’ATC, en partenariat avec les intercommunalités, la Collectivité de Corse et l’association Cap Corse Handicap, met en place chaque été sur des dizaines de plages insulaires l’opération Una Piaghja per tutti, avec tapis d’accès et Tiralo. De leur côté, Périne et Guillaume tentent de faire évoluer les mentalités, discutant notamment avec des restaurateurs de la microrégion : « Certains nous disent : "je ne vais pas me mettre aux normes pour les personnes handicapées, car je n’en reçois pas !" Mais c’est justement parce qu’ils n’ont pas créé l’offre que ces gens ne viennent pas dans leurs restaurants. » Néanmoins en Corse, la solidarité envers cette clientèle hypothétique est bien présente, observent-ils : « Quand une personne handicapée arrive dans leur restaurant, ils vont se plier en quatre pour l’aider. »
(*) Après les Villas Lantana, l’Hôtel Campo Del'Oro d’Ajaccio a également été labellisé.