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« Fiere di Corsica » : la FFRAAC, 20 ans au service des producteurs et des territoires


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Lundi 16 Juin 2025 à 15:49

À l’occasion de la Fiera di u Pane, Jean-Marc Rocchi, président de la Fédération des Foires Rurales Agricoles et Artisanales de Corse (FFRAAC), revient sur la vocation de ce réseau unique. Derrière le label Fiere di Corsica, une ambition claire : garantir aux visiteurs une rencontre directe avec des producteurs et artisans authentiquement insulaires, tout en soutenant une économie locale enracinée dans les territoires.



Quel est le rôle fondamental de la FFRAAC aujourd’hui en Corse ?
La FFRAAC a été créée autour d’un socle : le label Fiere di Corsica. Il vise à garantir que les exposants soient des professionnels vivant et travaillant en Corse à l’année. Ce sont des artisans, des producteurs, jamais des revendeurs. Cette exigence était difficile à faire accepter au départ, notamment quand il a fallu refuser certaines présences sur les foires. Mais cette rigueur a été bien perçue par les producteurs, qui ont apprécié de pouvoir présenter leurs produits dans un cadre cohérent, sans revente.

En quoi ces foires sont-elles essentielles pour le territoire ?
Elles le sont parce qu’elles occupent à la fois l’espace et le temps. Nous sommes présents du nord au sud de l’île, d’avril à décembre, sur l’ensemble des territoires. Chaque foire met en avant une ou plusieurs filières, souvent en lien avec le patrimoine local. Et au-delà de l’événement lui-même, c’est une façon de valoriser les territoires dans leur ensemble, avec le soutien de partenaires comme la Collectivité, l’ATC, l’Odarc. L’ancrage local est au cœur de notre action.

Quelles sont les conditions pour intégrer le réseau Fiere di Corsica ?
L’entrée dans le réseau est volontaire. Les organisateurs doivent nous soumettre un dossier et accepter nos règles de sélection. Il y a une vérification administrative, une charte à respecter, notamment sur l’authenticité des productions. De nouvelles manifestations nous rejoignent chaque année, ce qui prouve que le modèle est solide et reconnu, autant par les visiteurs que par les artisans ou les institutions.

Quel avenir pour l’artisanat rural dans un monde globalisé ?
Malgré les défis, je crois fermement que l’avenir est là. La production corse reste dynamique, les marchés locaux et les foires fonctionnent. À l’extérieur aussi, certains producteurs insulaires parviennent à s’ouvrir des débouchés. En tout cas, chez nous, les gens jouent le jeu. Ils veulent savoir d’où viennent les produits, qui les fabrique. Ce n’est pas comme certaines foires du continent où l’on peut trouver des produits soi-disant régionaux mais sans traçabilité. Le label Fiere di Corsica garantit cette transparence.

Comment se transmettent aujourd’hui les savoir-faire traditionnels ?
La transmission fonctionne. On voit beaucoup de jeunes reprendre les activités de leurs aînés. Des exploitations agricoles, de l’artisanat, du travail de transformation. C’est visible sur les foires : la jeunesse est là, elle propose parfois de nouveaux produits, mais toujours dans le respect des savoir-faire. La relève est bien vivante.

Et comment la FFRAAC accompagne-t-elle ses membres, comme la foire de Lumiu ?
Nous intervenons surtout sur la partie qualitative : la sélection, le contrôle. Si un doute existe sur un exposant, nous pouvons faire les vérifications nécessaires. Ce n’est pas la manifestation en elle-même qui cherche les exposants, mais elle peut s’appuyer sur notre expertise. Il arrive qu’il y ait des écarts, mais nous les détectons. Chaque foire est évaluée, et nous faisons des retours. Actuellement, la FFRAAC regroupe 18 foires, avec trois nouvelles demandes en cours.

Quels sont vos chantiers prioritaires pour les années à venir ?
D’abord, faire vivre et renforcer notre label. C’est ce qui nous permet de travailler ensemble. Nous avons une convention triennale avec la Collectivité et l’ATC. Nous développons aussi des projets sur la langue corse : elle est présente sur les champs de foire, dans la signalétique, dans les échanges. Et nous travaillons sur les statistiques, pour mesurer l’impact des foires sur les artisans et sur les territoires. Ce sont des outils indispensables pour affiner notre action.