C’est un peu par hasard, en tombant sur une carte postale datée de 1936 que l’architecte du patrimoine, Romuald Casier, s’est rendu compte que l’église Saint-Erasme de Bonifacio s’était éloignée, esthétiquement, de son style byzantin d’origine. Sept mois de travaux lui ont permis de « rouvrir une page de l’histoire oubliée de Bonifacio, qui était une zone d’influence des marins en Méditerranée, et notamment de ceux venus de sa partie la plus orientale ». Des fenêtres jumelées, une façade aux tons orangés façon brique pilée, un dôme arrondi qui rappelle Sainte-Sophie (en plus petit, évidemment)… les indices s’accumulent et l’architecte en est convaincu : en ce mois de juin 2023, l’église Saint-Erasme telle qu’elle se présente face à lui, constituée de roches couleur sable, évoque certes ô combien Bonifacio, mais ne rend paradoxalement pas hommage à son histoire, riche d’influences multiples. Le maire Jean-Charles Orsucci avait-il flairé la méprise architecturale ? « Nous avions tenu à faire appel à un architecte du patrimoine, pour ne pas risquer un contresens historique et patrimonial », relève-t-il, quand bien même l’église Sainte-Erasme « n’est ni inscrite, ni classée aux Monuments historiques ».
L'église Saint-Erasme, avant sa rénovation, et avec son entrée d'origine emmurée sur le côté droit. PHOTO ARCHIVES MAIRIE DE BONIFACIO
Jamais rénovée depuis sa construction au XIIIe siècle
Tout est parti du 2 juin 2023, au terme des célébrations de la Saint-Erasme à Bonifacio. Deux ans plus tard, jour pour jour, c’est Marc Disimone, le président de la confrérie intimement liée aux marins bonifaciens, qui a révélé l’anecdote : « A la suite de notre traditionnel spuntinu, une réflexion a eu lieu dans notre église, vers 23 heures, pour imaginer sa potentielle rénovation. » En effet, depuis sa construction au XIIIe siècle, l’église Saint-Erasme n’avait jamais bénéficié d’une véritable campagne de restauration. Avec le temps, l’édifice présentait de sérieux désordres structurels : effritement des matériaux, mauvaise gestion des eaux pluviales, toiture dégradée, réseau électrique obsolète. Ces pathologies, issues notamment de l’emploi de matériaux inadaptés ou vieillissants, menaçaient à terme l’intégrité de l’église et son usage par les fidèles. C’est fort de ce constat que Romuald Casier s’est emparé du dossier, quelques jours après le spuntinu décisif. Et ce qui devait s’apparenter à une simple réhabilitation de l’existant s’est mué en une quête du style byzantin perdu. Que s’est-il produit pour que, après 1936, l’église Saint-Erasme eut totalement changé d’apparence ? La guerre ? « Je ne sais pas », répond avec humilité l’architecte. Car si l'édifice n'avait jamais pu bénéficier d'une rénovation, il a en revanche dû subir plusieurs velléités de transformation, confirme Romuald Casier, qui a constaté ici et là "plusieurs réparations de fortune".
Tout est parti du 2 juin 2023, au terme des célébrations de la Saint-Erasme à Bonifacio. Deux ans plus tard, jour pour jour, c’est Marc Disimone, le président de la confrérie intimement liée aux marins bonifaciens, qui a révélé l’anecdote : « A la suite de notre traditionnel spuntinu, une réflexion a eu lieu dans notre église, vers 23 heures, pour imaginer sa potentielle rénovation. » En effet, depuis sa construction au XIIIe siècle, l’église Saint-Erasme n’avait jamais bénéficié d’une véritable campagne de restauration. Avec le temps, l’édifice présentait de sérieux désordres structurels : effritement des matériaux, mauvaise gestion des eaux pluviales, toiture dégradée, réseau électrique obsolète. Ces pathologies, issues notamment de l’emploi de matériaux inadaptés ou vieillissants, menaçaient à terme l’intégrité de l’église et son usage par les fidèles. C’est fort de ce constat que Romuald Casier s’est emparé du dossier, quelques jours après le spuntinu décisif. Et ce qui devait s’apparenter à une simple réhabilitation de l’existant s’est mué en une quête du style byzantin perdu. Que s’est-il produit pour que, après 1936, l’église Saint-Erasme eut totalement changé d’apparence ? La guerre ? « Je ne sais pas », répond avec humilité l’architecte. Car si l'édifice n'avait jamais pu bénéficier d'une rénovation, il a en revanche dû subir plusieurs velléités de transformation, confirme Romuald Casier, qui a constaté ici et là "plusieurs réparations de fortune".
L'entrée d'origine, qui avait disparu, a été recréée
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le lieu de culte des « marinaggi » bonifaciens occupa jusqu’au XIXe siècle une place centrale sur la marine, avant d’être victime de l’urbanisation galopante : « La façade principale de l’église a été complètement obturée par le palazzo construit à côté », montre Romuald Casier. A tel point que l’entrée principale de Saint-Erasme, pourtant située dans l’axe du choeur, finira par être... emmurée. Le chantier mené ces sept derniers mois a mis un terme à cette anomalie historique, puisque l’entrée d’origine a pu être recréée. De plus, dans un souci d’accessibilité, la commune a inclus dans le projet la création d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite, situé côté montée Rastello. Pour le reste, le bilan de santé s’est avéré complet : restauration du clos et du couvert, réfection des descentes d’eaux pluviales, réaménagement du parvis, remise aux normes de l’électricité, ainsi que restauration des sols, boiseries et enduits. Le tout pour un montant total de travaux proche « des 600 000 euros », a annoncé le maire de Bonifacio, « loin du prévisionnel des débuts, qui était à 30 000 ou 40 000 euros ». Dès la rentrée 2023, une collecte de dons s’était engagée sous l’impulsion des confrères de Saint-Erasme. Et grâce à cette mobilisation, puis à l’engagement du Cercle des grands mécènes de Bonifacio, la commune a pu financer l’intégralité du programme. « Ce n’était pas une mince affaire, note Jean-Charles Orsucci. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les mécènes, il a fallu les convaincre. »
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le lieu de culte des « marinaggi » bonifaciens occupa jusqu’au XIXe siècle une place centrale sur la marine, avant d’être victime de l’urbanisation galopante : « La façade principale de l’église a été complètement obturée par le palazzo construit à côté », montre Romuald Casier. A tel point que l’entrée principale de Saint-Erasme, pourtant située dans l’axe du choeur, finira par être... emmurée. Le chantier mené ces sept derniers mois a mis un terme à cette anomalie historique, puisque l’entrée d’origine a pu être recréée. De plus, dans un souci d’accessibilité, la commune a inclus dans le projet la création d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite, situé côté montée Rastello. Pour le reste, le bilan de santé s’est avéré complet : restauration du clos et du couvert, réfection des descentes d’eaux pluviales, réaménagement du parvis, remise aux normes de l’électricité, ainsi que restauration des sols, boiseries et enduits. Le tout pour un montant total de travaux proche « des 600 000 euros », a annoncé le maire de Bonifacio, « loin du prévisionnel des débuts, qui était à 30 000 ou 40 000 euros ». Dès la rentrée 2023, une collecte de dons s’était engagée sous l’impulsion des confrères de Saint-Erasme. Et grâce à cette mobilisation, puis à l’engagement du Cercle des grands mécènes de Bonifacio, la commune a pu financer l’intégralité du programme. « Ce n’était pas une mince affaire, note Jean-Charles Orsucci. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les mécènes, il a fallu les convaincre. »
Le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci, ici en compagnie du cardinal François Bustillo et des membres de la confrérie de Saint-Erasme.
"Habemus..."
Et s’il a salué l’investissement financier de ces derniers, le maire, tout comme le président de la confrérie, n’ont pas manqué de féliciter les entreprises ayant travaillé sur le chantier (*), lesquelles ont réussi à respecter le délai du 2 juin, jour de la Sainte-Erasme. Invité à dire quelques mots avant la messe ouvrant la cérémonie religieuse, le cardinal François Bustillo s’est réjoui, avec humour, du travail accompli : « Il y a un balcon ici. On peut dire "Habemus Ecclesia" ! »
(*) Ont travaillé sur ce chantier les entreprises Stéphane Franceschini, Joseph Antonelli, Nicolas Poli, Fabien Paoli et la SAS Giafferi.
Et s’il a salué l’investissement financier de ces derniers, le maire, tout comme le président de la confrérie, n’ont pas manqué de féliciter les entreprises ayant travaillé sur le chantier (*), lesquelles ont réussi à respecter le délai du 2 juin, jour de la Sainte-Erasme. Invité à dire quelques mots avant la messe ouvrant la cérémonie religieuse, le cardinal François Bustillo s’est réjoui, avec humour, du travail accompli : « Il y a un balcon ici. On peut dire "Habemus Ecclesia" ! »
(*) Ont travaillé sur ce chantier les entreprises Stéphane Franceschini, Joseph Antonelli, Nicolas Poli, Fabien Paoli et la SAS Giafferi.
Sous la protection de Saint-Erasme, le cardinal François Bustillo a lancé la messe dans l'église rénovée.
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