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En Corse les forces de l'ordre traquent les dépôts sauvages...et les fautifs


Naël Makhzoum le Vendredi 24 Mars 2023 à 19:02

A l'occasion d'une opération zonale de lutte contre les atteintes au patrimoine environnemental menée dans toute la Corse, les forces de l'ordre effectuent de nombreux contrôles du 20 au 26 mars. Mais toute l'année, une brigade de la police intercommunale du pays ajaccien est spécialisée dans les interventions liées à l'environnement. Ils nous ont embarqué dans une opération de lutte contre les dépôts sauvages.



En arrivant sur les lieux après quelques lacets sillonnés en périphérie ajaccienne, le terme de "dépôt sauvage" prend tout son sens. Ce ne sont pas les illustrations qui manquent : entre les gravats et les sacs plastiques vulgairement jetés dans le ravin, des canapés ou même des carcasses de voitures et de scooters sont visibles. "Ce sont essentiellement des professionnels qui encaissent les frais d'enlèvement qu'ils font payer aux clients, et au lieu d'aller à la déchetterie, jettent les retours de chantier en pleine nature, explique Romain Masi, le responsable du service en charge de la problématique à la police intercommunale de la CAPA. Ça se passe très souvent le soir tard ; ils viennent, se mettent en marche arrière et bennent."

Ces déchetteries au beau milieu des arbres se multiplient partout sur l'île. En bord de route, les dépôts sauvages se comptent par centaines. "D'un petit tas que les gens voient, ça incite tout le monde à venir et en rajouter, même des particuliers", regrette l'adjudante Pierre, de la gendarmerie de Peri. Souvent, ils sont découverts par initiative des forces de l'ordre ou grâce aux avertissements donnés par les élus locaux. Malheureusement, trop peu de civils osent composer le 17 ou prévenir les collectivités, alors que leur rôle est important dans cette lutte pour la protection de l'environnement. C'est justement la CAPA qui aura la lourde tâche de venir enlever les déchets amoncelés, dans des conditions difficiles pour sécuriser et réussir les enlèvements.


1500€ d'amende et autant de frais de la CAPA

L'une des techniques utilisées par la brigade la police intercommunale, consiste à dissimuler des caméras nomades dans la nature sur de brèves durées - généralement entre 48 et 72 heures - pour identifier les auteurs de délits. "Ça fonctionne avec une batterie et un panneau solaire", présente le brigadier-chef principal Laëtitia, en pointant le petit objet. "Ça permet d'avoir un visuel à 180°, complète son collègue Laurent depuis le haut de l'échelle, entre deux coups de visseuse. Le but est d'obtenir une plaque d'immatriculation."

Une fois l'enquête menée, les services de gendarmerie prennent le relais pour l'action judiciaire. C'est la raison pour laquelle deux membres de la brigade de la commune de Peri sont présents, au petit matin, sur les lieux de l'opération. "En plus de la procédure, on a un règlement de collecte que la CAPA a pris où la quantité est évaluée entre zéro et une tonne, précise le brigadier-chef principal Jérôme. Ça permet ensuite de donner un chiffrage comprenant la gestion des moyens et du personnel lorsque les services de la CAPA viendront tout ramasser, pour le facturer aux auteurs de délit. Ça peut atteindre 1500€ pour une tonne, en plus d'une amende qui peut aussi aller jusqu'à 1500€ avec saisie du véhicule."

Les unités mobilisées peuvent compter sur l'aide et le renfort de certains partenaires, selon les opérations, comme l'ONF, l'OFB, la PMI ou la DRAC, par exemple. Pour faire face aux atteintes à l'environnement, d'autres infractions sont traquées comme les vols de bois et de végétaux, les circulations interdites sur les chemins forestiers, les actions de braconnage ou les infractions à la pêche, entre autres.