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Edmond Simeoni : Les juifs, la Corse et le "beauf"


le Lundi 19 Août 2013 à 22:13

"L’île supporte de plus en plus mal le racisme anti-corse qui sévit trop souvent dans de nombreux médias Français" estime le docteur Edmond Simeoni qui a décidé de réagir sur son blog dans un article intitulé "Les juifs, la Corse et le "beauf" ".



Edmond Simeoni :  Les juifs, la Corse et le "beauf"
Paul Giacobbi, président du conseil exécutif de l’Assemblée de Corse, a eu, conformément à sa mission, le bon sens d’enrichir et de prolonger le débat sur la notion de résidence pour tenter de contraindre la spéculation au reflux et limiter l’aliénation du sol insulaire ; cette attitude découle d’un constat de la situation réelle de la Corse, grave, préoccupant pour tous les gens sensés qui savent que si remède n’est pas porté rapidement - la résidence existe dans de grands pays démocratiques - à l’exclusion des Corses de leur terre, la situation deviendra irréversible et génèrera une violence très grave.
Imaginer aujourd’hui que l’on peut atermoyer, feindre, espérer que la démission populaire soit proche, relève de la cécité politique ; le peuple corse est chez lui, il n’agresse personne ; il vaut simplement exister, se développer, dans la justice, la démocratie et le strict respect des principes de l’humanisme. Des millénaires attestent - et les derniers siècles sont probants avec Gênes et la France - que la lutte pour la liberté, valeur fondamentale, universelle, incontestée, est une constante de l’histoire nationale du peuple corse.
Une certaine presse française, notamment le Figaro, l’Express avec le récidiviste Barbier et d’autres, se sont déchaînés sur un registre qui leur est coutumier : le racisme anti-corse. La palme revient incontestablement à un « beauf  »  français qui porte plainte contre Paul Giaccobi, pour « discrimination ». Il affirme : « les non-corses ne doivent pas être les nouveaux juifs de l’île de beauté ». Le propos est grotesque et ne respire pas la finesse. Et mérite quelques rappels historiques .
* La Corse a toujours été une terre d’accueil depuis des siècles ; elle a intégré sans restriction celles et ceux, de multiples nationalités,  venus d’ailleurs qui y ont fait souche et s’y sont enracinés naturellement et dans la paix.
* Lors de la dernière guerre mondiale, le peuple corse a protégé les juifs, persécutés par le nazisme. Il suffit d’écouter Serge Klarsfeld - la Corse est bien une ile des justes -, de voir les films récents de André Campana et d’Isabelle Balducchi, sur ce thème ; en outre,  « quand les rois de France expulsent les juifs, les Corses les invitent pour régénérer l’île » ( Echos Unir Juillet-Aout 2010 »). Pascal Paoli a fait venir, entre 1755 et 1769, pendant la courte période de l’indépendance nationale, plusieurs milliers de juifs du Nord de l’Italie, considérés comme des citoyens à part entière et pratiquant librement leur culte.
* Les Français ont reconnu et condamné en 1995, avec Jacques Chirac, président de la République, au Vel d’Hiv, la responsabilité de l’Etat dans la déportation des juifs français. Ce fait devrait inciter à la mesure et à la prudence certains détracteurs hexagonaux de la Corse.
* L’agression du « beauf », stupide certes, est quand même venimeuse ; elle s’inscrit dans la campagne anti-corse qui est chronique en France, surtout depuis 1870 ; mais, de surcroit, en dénaturant volontairement, contre toute réalité, les rapports entre les Corses et les Juifs, avec, à l’arrière plan, l’inévitable surimpression de la Shoah, elle suscite la répulsion.
La Corse a le droit et le devoir de défendre les intérêts matériels et moraux de son peuple, sans outrance mais avec fermeté ; elle n’y renoncera pas… Jamais. Elle s’y consacre actuellement, pacifiquement et dans un processus démocratique - Assemblée de corse, diaspora et société civile - pour construire une solution qui préserve son existence et respecte les intérêts légitimes des parties, dans le cadre euro-méditerranéen. La démarche, inscrite dans l’Histoire, est conforme au droit. Elle  réussira.

Edmond Simeoni :  Les juifs, la Corse et le "beauf"