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Deuil périnatal : l'hôpital de Bastia se mobilise pour accompagner les familles


Livia Santana le Mardi 15 Octobre 2019 à 17:10

A l'occasion de la journée de sensibilisation au deuil périnatal, étudiants en puériculture, sages femmes, spécialiste et association se sont réunis à l'hôpital de Bastia pour réfléchir à la façon de mieux accompagner les familles touchées par ce drame. CNI a rencontré Isabelle de Mezerac, présidente de l'association Spama, qui aide les familles endeuillées.



Isabelle de Mezerac, présidente de l'association Spama
Isabelle de Mezerac, présidente de l'association Spama
Chaque année en France, ce sont pas moins de 9 000 familles qui sont concernées par le deuil périnatal et pourtant en parler reste encore tabou. Pour Brigitte Rusjan, sage-femme à l'hôpital de Bastia, il était important d'informer et d'en débattre. 
Elle a ainsi invité Isabelle de Mezerac, présidente de l'association Spama (Soins Palliatifs et Accompagnement en Maternité) pour sensibiliser les futures puéricultrices et le personnel soignant de l'hôpital.
Nous l'avons rencontrée pour vous.

- Qu'est-ce que le deuil périnatal, pourquoi ce sujet est-il encore tabou ? 
- Le deuil périnatal c'est la perte d'un bébé pendant la grossesse ou dans les mois suivant l'accouchement. Cela fait très peu de temps que l'on parle de cela, il n'en était pas question dans les années 90. Cela fait seulement 10 ans que l’on en a pris conscience. Avant on ne le considérait pas vraiment comme un décès car l’enfant n’avait pas vécu. Cependant les familles le vivent comme la perte d'un être cher et il est important de le considérer. 

- Comment affronter une telle épreuve ? 
- Chacun vit différemment la perte d'un bébé mais comme tout deuil il faut beaucoup en parler. C'est un deuil particulièrement complexe.  Il est important de parler de la vie de ce bébé. La perte d'un enfant entraîne une grande souffrance chez les parents et souvent de la culpabilité. Le deuil arrive dans un contexte de grande fragilité. J'assimile souvent la situation à une maison intérieure qui explose. 

- Le personnel soignant a-t-il un rôle à jouer ? 
- Oui et il est très important. Les sages-femmes, puéricultrices doivent savoir accompagner les familles. Pour cela il faut qu'elle sache ce qu'est le deuil périnatal, comment les familles vivent le décès. L'important est de bien prendre en compte la singularité de chaque situation. Il est essentiel de savoir s'ajuster aux cas et de montrer aux jeunes soignants de quoi les parents ont besoin lors de cette période qui s'apparente à un sentiment de chaos. Il faut savoir laisser du temps aux familles. 

- Quelle est l'action de votre association ? 
- Nous faisons un véritable travail d'accompagnement avec les parents. Notre association dispose d'une ligne d'écoute nationale. Nous avons également un forum animé par des parents qui ont souffert d'un deuil périnatal et des groupes d'entre-aide. Nous mettons tout à disposition pour soulager les familles afin qu'elles puissent exprimer leurs émotions. Dans ce cadre nous avons créé des petits livres pour les ainés de la fratrie qui ne comprennent pas ce qu'il se passe au sein de leur foyer. 

- En Corse, l'association LeA V.I.E, portée par Céline Jubert, aide également les parents, pensez vous à collaborer avec eux ? 
- Oui c'est envisageable, nous allons discuter avec eux pour voir ce qui est possible de faire ensemble sur le terrain.

Le personnel soignant de l'hôpital s'est rendu à cette matinée consacrée au deuil périnatal
Le personnel soignant de l'hôpital s'est rendu à cette matinée consacrée au deuil périnatal