La passion selon Marie est un projet que porte Charlotte Arrighi de Casanova depuis quatre ans. Malgré la crise sanitaire, elle a réussi à monter sa pièce, notamment à travers une résidence à l’Alb’oru. Nous l’avons rencontré à cette occasion, quelques heures avant de présenter la générale* à un petit comité de professionnels.
Résidence
« On sort de cinq semaines de répétitions et de résidences, nous explique Charlotte. Des répétitions en temps réel. Sur Paris, on a commencé au TGP (Centre Dramatique National de Saint Denis) pendant cinq jours en octobre puis on a poursuivi ici, en Corse, pendant quatre semaines. Après, ça fait quatre ans que je suis sur ce projet, dont une bonne année de perdue à cause du Covid. Deux ans d’écriture, un an de montage de production et surtout une année de frustration. Et le pire, c’est qu’on ne sait toujours pas ce qui va se passer demain… »
Soutiens
Une situation forcément difficile à vivre au moment de monter un tel spectacle. « On avait une dizaine de dates de prévues en Corse. Tous les lieux de culture de l’île ont joué le jeu. Ils étaient prêts à nous recevoir et la plupart nous ont achetés le spectacle. Des dates pour le moment reportées, heureusement pas annulées » s’exclame Charlotte. « On a la chance d’avoir des partenaires très solides, souligne-t-elle. Bastia Cultura avec l’Alb’oru, L’espace Diamant à Ajaccio, L’Aria, le Centre culturel Voce, Una Volta et le TGP. Et si on n’avait pas ces gens solides qui se sont battus avec des tableaux Excel, des emplois du temps, des centaines de mail depuis un an pour que l’on puisse créer, pour aller au bout, on aurait pas pu y arriver. »
Le casting
S’il n’est pas toujours facile de rassembler une troupe, Charlotte a très peu hésité : « Dès l’écriture, j’avais en tête Anne-Laure Tondu qui joue Marie, une partenaire de jeu de plus de vingt ans et une amie surtout. Je pensais à Ombline aussi, dans l’écriture, dans le rythme de la voix. Et après on est passé par des lectures, de séances de travail avant de constituer l’équipe au complet. Cédric [Appietto] aussi, je l’ai eu très vite en tête. »
Le sujet
« C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Marie qui pour la première fois de sa vie, à 35 ans, fait un choix, nous raconte Charlotte. Elle décide de partir de chez elle et de quitter l’homme avec qui elle vivait depuis une quinzaine d’années. Marie est un personnage avec un problème de choix, qui s’est toujours laissé porter. Elle s’est d’ailleurs embarquée dans cette histoire d’amour un peu malgré elle. Même si c’est une vraie histoire d’amour passionnelle, passionnée et donc, forcément, passionnante. Le jour où elle décide de tout quitter, ça ne se passe pas comme elle aurait aimé. Elle se retrouve allongée sur le sol, le soir même. On comprend qu’il y a eu de la violence de la part de son conjoint même si c’est plutôt suggéré. La Vierge Marie apparaît soudainement et décide de l’accompagner sur ce qu’elle a vécu. Leur échange permet au spectateur de remonter le fil avant ce moment tragique… »
Cantat-Trintignant
Sur ce sujet, qui la touche particulièrement, Charlotte n’entends pourtant pas se positionner : « Je ne prétends pas savoir ni montrer, ni même dire où est la violence. Ni comment elle arrive. C’est très mystérieux. On essaye de faire un travail qui ne stigmatise pas mais qui évoque. » Elle poursuit : « Ça fait très longtemps que je veux travailler sur ce sujet des violences faites aux femmes et les violences en général. Cette forme précise que je développe dans la pièce m’est apparue à l’époque de l’affaire Cantat-Trintignant. Il y avait une forte identification à ce couple, du coup, ça a été très violent. Ça fait partie de nos vies. On s’est interrogé. Comment ça peut arriver ? » Il est difficile pour Charlotte Arrighi de Casanova d'apporter une réponse précise : « Je n’ai aucune explication. Je ne sais pas comment on peut arriver dans cette merde là. Je sais encore moins comment on peut en sortir. Au tout début, dans l’écriture, j’essayais de questionner son silence [elle nous précise qu’elle a écrit avant la Une des Inrocks consacrée à Cantat en octobre 2017, NDLR]. Après seulement quatre ans de prison, il s’exprime mais ne dit rien, il ne raconte pas comment ce drame a pu arriver, pourquoi il l’a laissée comme ça pendant 7 heures… »
Julie Douib
Ce silence, Charlotte l’évoque à la fin de sa pièce : « Ça peut être le silence de Dieu, celui des hommes. C’est celui du bourreau surtout… » En pleine écriture, elle a également été frappée de plein fouet par un autre drame : « Je connaissais Julie Douib (lire ici), nos enfants étaient dans la même école. Cette histoire m’a retournée. Et ce sentiment d’impuissance. Les flics, la justice mais nous aussi…on a tous merdé. Et à la fois, ça m’a donné encore plus la niaque pour monter ce projet et aller au bout. Je me suis demandé ce que je pouvais faire en tant qu’artiste, sur un plateau de théâtre. » Elle conclue, visiblement touchée : « Je sais que je n’empêcherai pas que ça arrive encore mais en tout cas on y va, on en parle en espérant que ça fasse des ricochets. Le spectacle lui est dédié, c’est la moindre et la seule chose que je peux faire… »
* La répétition "générale" est la dernière répétition avant la première représentation. Elle couvre la totalité de la pièce dans les conditions de mise en scène de la représentation publique (durée, costumes, décors, son, éclairage). Elle peut accueillir des amis, des invités, parfois la presse.
Résidence
« On sort de cinq semaines de répétitions et de résidences, nous explique Charlotte. Des répétitions en temps réel. Sur Paris, on a commencé au TGP (Centre Dramatique National de Saint Denis) pendant cinq jours en octobre puis on a poursuivi ici, en Corse, pendant quatre semaines. Après, ça fait quatre ans que je suis sur ce projet, dont une bonne année de perdue à cause du Covid. Deux ans d’écriture, un an de montage de production et surtout une année de frustration. Et le pire, c’est qu’on ne sait toujours pas ce qui va se passer demain… »
Soutiens
Une situation forcément difficile à vivre au moment de monter un tel spectacle. « On avait une dizaine de dates de prévues en Corse. Tous les lieux de culture de l’île ont joué le jeu. Ils étaient prêts à nous recevoir et la plupart nous ont achetés le spectacle. Des dates pour le moment reportées, heureusement pas annulées » s’exclame Charlotte. « On a la chance d’avoir des partenaires très solides, souligne-t-elle. Bastia Cultura avec l’Alb’oru, L’espace Diamant à Ajaccio, L’Aria, le Centre culturel Voce, Una Volta et le TGP. Et si on n’avait pas ces gens solides qui se sont battus avec des tableaux Excel, des emplois du temps, des centaines de mail depuis un an pour que l’on puisse créer, pour aller au bout, on aurait pas pu y arriver. »
Le casting
S’il n’est pas toujours facile de rassembler une troupe, Charlotte a très peu hésité : « Dès l’écriture, j’avais en tête Anne-Laure Tondu qui joue Marie, une partenaire de jeu de plus de vingt ans et une amie surtout. Je pensais à Ombline aussi, dans l’écriture, dans le rythme de la voix. Et après on est passé par des lectures, de séances de travail avant de constituer l’équipe au complet. Cédric [Appietto] aussi, je l’ai eu très vite en tête. »
Le sujet
« C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Marie qui pour la première fois de sa vie, à 35 ans, fait un choix, nous raconte Charlotte. Elle décide de partir de chez elle et de quitter l’homme avec qui elle vivait depuis une quinzaine d’années. Marie est un personnage avec un problème de choix, qui s’est toujours laissé porter. Elle s’est d’ailleurs embarquée dans cette histoire d’amour un peu malgré elle. Même si c’est une vraie histoire d’amour passionnelle, passionnée et donc, forcément, passionnante. Le jour où elle décide de tout quitter, ça ne se passe pas comme elle aurait aimé. Elle se retrouve allongée sur le sol, le soir même. On comprend qu’il y a eu de la violence de la part de son conjoint même si c’est plutôt suggéré. La Vierge Marie apparaît soudainement et décide de l’accompagner sur ce qu’elle a vécu. Leur échange permet au spectateur de remonter le fil avant ce moment tragique… »
Cantat-Trintignant
Sur ce sujet, qui la touche particulièrement, Charlotte n’entends pourtant pas se positionner : « Je ne prétends pas savoir ni montrer, ni même dire où est la violence. Ni comment elle arrive. C’est très mystérieux. On essaye de faire un travail qui ne stigmatise pas mais qui évoque. » Elle poursuit : « Ça fait très longtemps que je veux travailler sur ce sujet des violences faites aux femmes et les violences en général. Cette forme précise que je développe dans la pièce m’est apparue à l’époque de l’affaire Cantat-Trintignant. Il y avait une forte identification à ce couple, du coup, ça a été très violent. Ça fait partie de nos vies. On s’est interrogé. Comment ça peut arriver ? » Il est difficile pour Charlotte Arrighi de Casanova d'apporter une réponse précise : « Je n’ai aucune explication. Je ne sais pas comment on peut arriver dans cette merde là. Je sais encore moins comment on peut en sortir. Au tout début, dans l’écriture, j’essayais de questionner son silence [elle nous précise qu’elle a écrit avant la Une des Inrocks consacrée à Cantat en octobre 2017, NDLR]. Après seulement quatre ans de prison, il s’exprime mais ne dit rien, il ne raconte pas comment ce drame a pu arriver, pourquoi il l’a laissée comme ça pendant 7 heures… »
Julie Douib
Ce silence, Charlotte l’évoque à la fin de sa pièce : « Ça peut être le silence de Dieu, celui des hommes. C’est celui du bourreau surtout… » En pleine écriture, elle a également été frappée de plein fouet par un autre drame : « Je connaissais Julie Douib (lire ici), nos enfants étaient dans la même école. Cette histoire m’a retournée. Et ce sentiment d’impuissance. Les flics, la justice mais nous aussi…on a tous merdé. Et à la fois, ça m’a donné encore plus la niaque pour monter ce projet et aller au bout. Je me suis demandé ce que je pouvais faire en tant qu’artiste, sur un plateau de théâtre. » Elle conclue, visiblement touchée : « Je sais que je n’empêcherai pas que ça arrive encore mais en tout cas on y va, on en parle en espérant que ça fasse des ricochets. Le spectacle lui est dédié, c’est la moindre et la seule chose que je peux faire… »
* La répétition "générale" est la dernière répétition avant la première représentation. Elle couvre la totalité de la pièce dans les conditions de mise en scène de la représentation publique (durée, costumes, décors, son, éclairage). Elle peut accueillir des amis, des invités, parfois la presse.
La Passion selon Marie
Écriture et mise en scène : Charlotte Arrighi de Casanova
Dramaturgie : Chloé Déchery
Création costumes : Thomas Marini
Lumières : Christine Bartoli
Musique : Zalfa Seurat
Avec : Axelle Bossard, Ombeline de la Teyssonnière, Zalfa Seurat, Anne-Laure Tondu et Cédric Appietto
Écriture et mise en scène : Charlotte Arrighi de Casanova
Dramaturgie : Chloé Déchery
Création costumes : Thomas Marini
Lumières : Christine Bartoli
Musique : Zalfa Seurat
Avec : Axelle Bossard, Ombeline de la Teyssonnière, Zalfa Seurat, Anne-Laure Tondu et Cédric Appietto