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Crash de la caravelle Ajaccio-Nice : les familles de victimes toujours en quête de vérité


Patrice Paquier Lorenzi le Lundi 11 Septembre 2023 à 18:13

Une messe de commémoration du 55e anniversaire de la catastrophe Ajaccio-Nice a été célébrée ce matin au cimetière matin d’Ajaccio. De nombreuses personnalités issues de la société politique, civile et militaire était présente en compagnie de familles des victimes. Sous l’égide de Mgr Bustillo, Evêque d’Ajaccio, les hommages se sont succédés, avec toujours en point d’orgue la quête de la vérité. Mathieu Paoli, président de l’association des victimes, a, dans un discours adressé également au Président de la République, Emmanuel Macron, demandé une nouvelle fois que la vérité puisse enfin être établie.



Une messe a été célébrée ce matin en hommage aux 95 victimes du crash de la caravelle le 11 septembre 1968
Une messe a été célébrée ce matin en hommage aux 95 victimes du crash de la caravelle le 11 septembre 1968
Les mines sont tristes, les visages sont fermés et l’émotion toujours vivace chaque année au cimetière marin d’Ajaccio lorsqu’est célébrée la messe anniversaire du crash Ajaccio-Nice du 11 septembre 1968. Stéphane Sbraggia, Mairie d’Ajaccio était présente aux côtés d’Alexandra Farina, Premier adjoint, Amaury de Saint-Quentin, Préfet de Corse ainsi que le général Jean-Luc Villeminey, Commandant de la Gendarmerie de Corse et du groupement de Corse-du-Sud, mais également des représentants de la Ville de Nice, qui a également commémoré cet anniversaire, ce samedi 9 septembre.

La Caravelle Ajaccio-Nice du vol Air France 1611 (AF1611), parti d'Ajaccio, s'abîmait en mer il y a 55 ans au large de Nice (Alpes-Maritimes) tuant les 95 personnes présentes à bord, dont 6 membres d'équipage. La Caravelle III de Béarn de la compagnie Air France avait décollé de l'aéroport d'Ajaccio-Campo dell'Oro vingt minutes plus tôt et descendait vers l'aéroport de Nice-Côte d'Azur quand l'équipage a signalé un incendie à bord, avant que le contact ne soit perdu.
Peu après, des débris de l'avion aperçus à la surface de la Méditerranée confirment l'accident. L'enquête technique conclut qu'un incendie survenu à l'intérieur de la cabine de la Caravelle — dans sa partie arrière, à proximité des toilettes — s'est propagé jusqu'à entraîner la perte de contrôle de l'appareil. Une théorie toujours contestée par les familles et des victimes et appuyé par des dizaines de témoignages allant dans le sens d'une l'hypothèse d'un tir de missile, depuis l'île du Levant, où l'Armée effectuait ce jour-là des essais balistiques.
 
Un discours adressé, une nouvelle fois, à Emmanuel Macron
Mathieu Paoli, le Président de l’association des victimes, a clôturé la Messe par un vibrant discours adressé aux personnalités publiques présentes, mais aussi à Emmanuel Macron, Président de la République française : « C’est avec beaucoup d’amertume que je vous rappelle que nous sommes toujours au même point concernant les raisons qui ont conduit au crash de la Caravelle Ajaccio-Nice. Selon plusieurs témoins, plusieurs dizaines que nous avons interrogés, cet aéronef aurait été heurté par un missile, tiré par erreur par l’Armée française, ce qui a entraîné sa chute en mer, à seulement trois minutes de l’aéroport de Nice, et qui gît toujours à 2300 mètres de profondeur. Je vous rappelle que c’est un avion civil. Pourtant, les autorités maritimes et militaires se sont empressées de venir au plus près et ont récupéré seules des débris de l’appareil. Je réitère les propos d’Emmanuel Macron de 2017, qui nous avaient assuré que tous les moyens devaient être mis en œuvre pour rétablir la vérité et qu’aucun obstacle ne devait entraver la quête de cette vérité. Le 10 septembre 2019, il avait été demandé la levée du secret défense et la déclassification des archives à la date du 10 mars 2021. Des promesses non tenues, pourquoi ? La justice, après d’innombrables recherches dans les archives déclassifiées, n’a rien trouvé sur le tir du missile et elle vient encore de confirmer qu’aucune autre possibilité que cette erreur ne pouvait être envisagée pour expliquer ce crash. Je rappelle que la boîte noire, pourtant retrouvée lors de cette catastrophe, demeure aujourd’hui introuvable. Nous souhaitons que l’État reconnaisse enfin sa faute commise. Aujourd’hui, les familles des victimes ne souhaitent qu’une chose : pouvoir faire enfin leur deuil tant espéré et désiré ».

Si la situation semble aujourd’hui dans l’impasse, Mathieu Paoli et l’ensemble, des familles des victimes espèrent toujours que la justice pourra conduire l’Armée à expliquer -enfin ce qu’il s’est vraiment passé ce 11 septembre 1968 au large du Cap d’Antibes. Au nom de la vérité.