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Corte : première journée de rodage pour le pass sanitaire


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 9 Août 2021 à 18:04

Ça y est, c'est fait. Un pass sanitaire valide est, désormais, obligatoire dans toute la France pour être client d'un bar, d'un restaurant et pour entrer dans un hôpital dès ce lundi 9 août et au moins jusqu'au 15 novembre 2021. Si la mesure dispose d'une semaine de tolérance observée par les autorités, à Corte, commerçants et clients sont partagés entre rigueur et adaptation.



Depuis ce lundi 9 août il faut présenter un pass sanitaire valide pour pouvoir boire son traditionnel café du matin en terrasse. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
Depuis ce lundi 9 août il faut présenter un pass sanitaire valide pour pouvoir boire son traditionnel café du matin en terrasse. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
« Bonjour, passe sanitaire s’il-vous-plait » résonne comme un écho sur toutes les terrasses cortenaises du cours Paoli ce lundi 9 août. Premier jour du passe sanitaire obligatoire dans les bars et les restaurants, et déjà la majorité des établissements ouverts ont l’air d’avoir fait ça toute leur vie.

Le geste est simple, rapide et assuré au café du Commerce sur le cours Paoli ce matin. À peine attablé, un serveur s’approche, téléphone en main prêt à scanner le précieux QR Code. Ce n’est qu’après avoir vérifié la validité du passe sanitaire que la commande peut se faire. « On contrôle tout le monde. Après on sait qu’il y a des clients habitués qui sont vaccinés et qui ont leur pass valide. Va-t-on leur demander tous les matins » s'interroge Dumè, au service, avant de repartir vers une autre table. Ici, tout le monde se connaît, chaque matin les mêmes visages attendent leur café, presque à la même place. Il n’y a pas de passe-droit pour autant. Pas question d’être hors-la-loi et de risquer une fermeture administrative d’une semaine en pleine saison.

Un père et sa fille s’assoient, aussitôt rejoints par Dumè, toujours téléphone en main : « ça va coco ? tu as ton pass ? » demande Dumè, « bien sûr, tiens » lui répond dans la foulée le client. Aussitôt montré, aussitôt validé, c’est parti pour le café et l’Orezza grenadine. Pour une première matinée, tout semble bien se dérouler. « Pour l’instant tout le monde joue le jeu et il n’y a aucun problème » constate Dumè.

Tolérance et pédagogie

Un peu plus loin, dans un autre bar, c’est le même cinéma mais déjà des anecdotes viennent agrémenter les histoires de comptoir, enfin plutôt de terrasse. « Ce matin, une vieille dame est venue, comme tous les matins à 8 heures, toujours la même » débute le propriétaire. « Je sais qu’elle est vaccinée deux fois et que son pass est valide mais, pas de chance elle a oublié son téléphone à la maison donc pas de QR Code » poursuit-il. Pour cette fois ça passe. Le temps que tout le monde s’y habitue. La tolérance est d’ailleurs prévue cette première semaine et les trois gendarmes qui se présentent à ce moment-là semble bien avoir compris les consignes. Des coups d’œil par-ci par-là, une présence marquée et des discussions avec les passants comme avec les gérants d’établissements pour s’assurer que tout va bien, mais rien de plus.

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Dans un troisième établissement cortenais, la consigne semble ne pas être totalement acquise. Le pass n’est pas vérifié et quand on demande si on doit le présenter, le serveur, dans un premier temps joue la carte de l’humour avec un « je repasserai pour le pass » avant de finalement avouer que ça lui était « totalement sorti de la tête ». Le propriétaire est conscient des conséquences mais avoue sa difficulté à jongler entre les clients qui arrivent perpétuellement et la vérification des pass : « si pendant que je sers un client à un bout de la terrasse un autre s’assoit à l’autre bout je n’ai pas le temps de tout contrôler. En espérant que les gendarmes ne passent pas à ce moment-là ». Même s’il l’avoue, tout est en période de rodage et sera bien respecté dans les jours à venir. L’enjeu est trop grand.

Des terrasses vides

La période est déjà incertaine pour ces commerçants qui sont restés fermés une bonne partie de l’année et qui pourraient être les premiers visés si la situation sanitaire venait à empirer. Hors de question de jouer les cow-boys. « Je ne vais pas risquer une fermeture pour un café » s’exclame Toussaint au café du Trésor.

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Ce lundi matin, sa terrasse est quasiment vide. Inhabituel pour ce café fréquenté par des locaux qui fait le plein tous les matins. « On voit déjà les conséquences de ce pass sanitaire et regardez, c’est pareil sur toutes les terrasses du cours Paoli » soupire Toussaint. Et il a raison. Il suffit d'un simple coup d'œil pour s'apercevoir que les terrasses sont presque désertes. Trois ou quatre clients pour chacune d'entre elles. Jamais plus. Souvent moins.

Pas de passe, pas de soins

Les bars et les restaurants ne sont pas les seuls concernés par cette extension du pass sanitaire. Depuis ce lundi 9 août, il est aussi obligatoire pour se rendre dans un établissement de santé, en dehors d’une urgence médicale. Une mesure qui avait fait débat dans les rangs des médecins français, fustigeant l’effet contre nature de cette interdiction d’accès, mettant en avant le serment d’Hippocrate.

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À Corte, il faudra montrer patte blanche pour rentrer à l’hôpital, que ce soit pour passer une radiographie programmée ou pour prendre un rendez-vous pour un examen futur. L’urgence prime. À l’entrée un vigile filtre les arrivants. « J’ai malheureusement dû refuser trois personnes ce matin. Au début les gens râlent un peu puis ils comprennent » raconte le jeune garde pour qui les ordres sont clairs même s’il l’avoue « c’est parfois compliqué de suivre les consignes qui changent souvent ».

C’est d’ailleurs cette incertitude que tous pointent du doigt, avec une seule question en tête : « ça va durer jusqu’à quand ? ». Une seule réponse possible pour l’instant : au moins jusqu’au 15 novembre 2021, comme le stipule la loi sur l’extension du passe sanitaire promulguée le 5 août dernier.