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Centre de surtri à Monte : soutien affirmé du RN et Forza Nova et critiques contre le système actuel


Léana Serve le Samedi 3 Mai 2025 à 18:41

À Monte, ce samedi, le Rassemblement National et Forza Nova ont pris position contre la stratégie actuelle de gestion des déchets menée par la majorité territoriale. En soutien au projet de centre de surtri porté par la commune, ils dénoncent un modèle qu’ils estiment à la fois coûteux et peu respectueux de l’environnement.



Le RN, Forza Nova et Reconquête soutiennent le projet de centre de surtri à Monte
Le RN, Forza Nova et Reconquête soutiennent le projet de centre de surtri à Monte

Réuni ce samedi à Monte avec d'autres membres  du Rassemblement National, ainsi que les dirigeants de Forza Nova et, François Filoni a dénoncé la gestion actuelle des déchets sur l’île. Selon lui, la Corse enfouit chaque année des volumes bien supérieurs à ceux autorisés par la réglementation. “Aujourd'hui, nous enfouissons entre 160 000 et 170 000 tonnes de déchets chaque année, alors que la loi limite à 90 000 tonnes, selon les normes en vigueur depuis le 1er janvier 2025”, a lancé le délégué territorial du Rassemblement National. Il a également souligné que “l’objectif fixé par la législation européenne est une réduction de 50 % de l’enfouissement par rapport aux volumes de 2010”.

Une règle qui vise à inciter les territoires à mieux valoriser leurs déchets et à adopter des solutions plus durables, comme le recyclage et le surtri. Selon lui, ce dépassement de quotas aurait des conséquences financières graves. “Si la Corse continue à enfouir au-delà des quotas autorisés, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) va s’envoler, pour passer de 30 à 175 euros”, a-t-il expliqué. Pour appuyer sa remarque, il a rappelé l’exemple de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), “condamnée à trois millions d’euros d’amende pour enfouissement illégal, puisqu’elle dépassait les taux qu’elle devait respecter.”


Des déchets valorisables encore enfouis

Autre point abordé par François Filoni : la nature des déchets enfouis. “Aujourd'hui, nous enfouissons 70 % de déchets qui pourraient être valorisés”, a-t-il indiqué. Rappelant que la loi de transition énergétique de 2015 impose de “valoriser, trier et recycler avant d’enfouir”, il précise que ce cheminement ne peut être fait par les citoyens. “Le tri, comme on pourrait le rêver, n'existe pas. Les gens travaillent, ils ont des journées très longues, et ils ne peuvent pas passer leur journée à trier les biodéchets, les cartons, le verre. Il faut préserver la matière première de la planète, mais on ne peut pas le faire en enfouissant les déchets.”

François Filoni a ensuite mis en lumière les conséquences environnementales de l'enfouissement. Il a rappelé qu'il est “l'option la plus polluante et dangereuse pour l'environnement”, soulignant que l’Union européenne le considère désormais, comme l’une des pratiques les plus nocives. “Au 1er janvier 2035, on ne pourra enfouir en Europe que 10 % dans les régions, parce qu’on pollue les sols et qu’il y a des risques pour les nappes phréatiques. L'Europe a tourné complètement le dos à cette pratique, mais on peut dire que la Corse est la région qui pollue le plus dans ce domaine-là. On est de très mauvais élèves.”


Le surtri, une solution écologique et économique

Face au constat “d’un enfouissement massif et d’un non-respect des règles de valorisation”, François Filoni et ses alliés ont défendu avec force le projet de centre de surtri prévu à Monte. Selon eux, ce type d’infrastructure représente la seule alternative pour aligner la Corse sur les normes européennes, préserver l’environnement, et réduire les coûts supportés par les collectivités. “On a un système moyenâgeux, et la seule solution pour aller de l’avant, c’est de faire ces usines de surtri qui vont permettre, de manière mécanique et moderne, de séparer tous les déchets. Elles ont fait leurs preuves partout. J'ai visité tout ce qui se fait en matière d'usines de ce type en Pologne, en Allemagne, en Italie, en Espagne, et je peux dire que c'est un bien pour la planète, et un bien pour notre portefeuille. En plus, on préserve nos matières essentielles.”
 

Au-delà de vanter leur efficacité, François Filoni a indiqué que ces centres permettent de produire du combustible solide de récupération (CSR), à partir de déchets non recyclables, comme certains papiers, cartons ou bois. “Dans les centres de surtri, on ne retient que cinq ou six produits pour faire le CSR. Quand il brûle, ce combustible est 40 % moins polluant que les combustibles fossiles classiques. On va dans le sens de l’environnement”, a-t-il affirmé.

Enfin, François Filoni a également souligné l’impact financier du retard pris par la Corse en matière de gestion des déchets. “Actuellement, le traitement des déchets coûte environ 340 euros sur l’île. Sur le continent, dans les territoires équipés d’usines de surtri, on est à 115 ou 120 euros. On paye donc plus cher pour polluer davantage nos terres. C’est pour toutes ces raisons qu’on soutient ce projet qui va de l’avant et qui permet de moins polluer, de valoriser, et de baisser notre facture en matière de déchets.”