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Biguglia : un jeune artiste autiste à expose au centre culturel Charles-Rocchi


Philippe Jammes le Vendredi 7 Avril 2023 à 18:33

Dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, la mairie de Biguglia avait invité un jeune artiste autiste à exposer au sein de son centre culturel Charles-Rocchi. Le jeune homme de 22 ans est aussi l’auteur d’un beau recueil de poèmes. Rencontre avec Thibault Sciacca.



Thierry Sciacca mis à l'honneur à Biguglia
Thierry Sciacca mis à l'honneur à Biguglia

Tous les ans, cette journée de l’autisme est l’occasion de sensibiliser le grand public et de rappeler l’importance de la prise en charge précoce des enfants susceptibles de développer un TND, Trouble du NeuroDéveloppement. Cette journée mondiale de l'autisme, célébrée chaque année le 2 avril, a été créée par l'Organisation des Nations Unies en 2007 pour sensibiliser le grand public au trouble du spectre. En France, ces troubles du spectre de l’autisme représentent 7 500 naissances chaque année soit entre 0,9% et 1,9% des naissances. Aujourd’hui 100 000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600 000 adultes sont autistes en France et la Corse ne fait pas exception.


« Dans le cadre de cette journée, nous avions programmé un spectacle pour les scolaires dans la salle du centre culturel, un extrait du spectacle de fin d’année de l’IME L’Eveil » indique Maria Garoby, adjoint au maire de Biguglia, en charge du social. « L’autisme est un sujet sur lequel notre municipalité est très sensible. Outre les classes ULIS, nous possédons depuis 2021 une classe de huit élèves âgés de 6 à 11 ans au sein de l'école élémentaire Simone-Peretti. Elle constitue la première de Haute-Corse à faire partie d'une unité d'enseignement élémentaire autisme. Cette année, outre le spectacle, nous avons aussi tenu à mettre à l’honneur Thierry Sciacca, un jeune autiste de 22 ans, pour qu’il expose 18 de ses toiles et présente son recueil de poèmes ».



Thierry, comment êtes-vous venu à la peinture ?
- Déjà tout petit, à l’âge de 7 ans je dessinais. C’était pour moi une façon de m’exprimer. Ma mère m’a tout de suite encouragé. Puis une amie m’a fait découvrir l’art abstrait. Il y a deux ans j’ai fait se rencontrer l’art graphique avec le digital et en 2021 la Galerie Noir et Blanc à Bastia m’a permis d’exposer pour la 1ère fois.


- Comment travaillez-vous ?
- C’est très intuitif. Je déconnecte mon cerveau de tout. Je n’ai alors plus de notion de temps, ni d’espace. Je suis devant ma toile et je peins à l’aide de bombes en associant univers abstrait et intuitif. Les gens qui les contemplent y voient selon leur sensibilité.


- Des couleurs plutôt sombres ?
- J’utilise 2 ou 3 couleurs : Noir, rouge et doré, sur les thèmes d’ombres et de lumières. On peut y voir tristesse, espoir, abondance, amour, introspection sur ces deux sortes de toiles, lumières et ombres. L’objectif étant qu’ombre et lumière fassent écho. Mes formats de toiles sont petits pour être abordables à la vente et c’est un pied à l’étrier pour un format plus grand que j’envisage ensuite.


- L’écriture ?
- J’y suis aussi venu très tôt car petit j’ai longtemps été harcelé. Là aussi ma mère m’a encouragé en me disant que cela m’aiderait. Pour moi écrire est vital, c’est une libération. C’est comme pour la peinture, si je ne crée pas, je me sens vide. Je mets des mots sur les maux.


- L’inspiration pour ce recueil de poésies « Histoire d’un amour comme tant d’autres « ?
- J’écris beaucoup de textes personnels mais où tout le monde peut se reconnaitre : l’amour, l’érotisme, la trahison, la reconstruction. Dans chaque page il y a une poésie, chaque poésie est un chapitre. Et tout ça fait une histoire, un parcours amoureux.


- Vos projets ?
- Avec mon éditeur on recherche des mécènes pour mes prochaines publications. Je suis sur le Sabbat poétique, sur la femme, la sexualité, la sorcellerie dans l’esprit corse. Cet ouvrage sera illustré par mes propres dessins.