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Bastia : Dernier hommage à Roger Eymerie


Philippe Jammes le Jeudi 8 Juin 2017 à 15:40

Jeudi matin ont eu lieu à Bastia, les obsèques de Roger Eymerie, figure de la CGT et du Parti Communiste, syndicaliste, ancien membre de la direction fédérale du PCF, ancien adjoint au maire de Bastia, cadre des Chemins de fer de la Corse, décédé mardi. La crémation s’est déroulée à 12 heures au nouveau cimetière de Bastia (Ondina) où un hommage lui a été rendu par Michel Stéfani, secrétaire départemental du parti communiste.



Roger Eymerie, figure de la CGT et du Parti Communiste
Roger Eymerie, figure de la CGT et du Parti Communiste
« La disparition de Roger Eymerie, notre cher Roger, est un moment d’une grande tristesse qui affecte les communistes. Nous perdons aujourd’hui un camarade de grande qualité dont l’engagement militant fut exemplaire.
Roger est né à Paris en 1937 dans une modeste famille corrézienne au moment où déjà en Europe le ciel s’obscurcissait de la montée du fascisme annonciateur de la guerre.
Comme beaucoup d’enfants de sa génération il restera marqué par cette dure période pendant laquelle il sera séparé de son père emprisonné jusqu’à la Libération.
Enfant, il était un élève brillant, parfois turbulent mais prêt à affronter la vie avec l’énergie que nous lui connaissions. L’époque était celle de la reconstruction du pays et du programme du CNR : « les jours heureux ».
Roger entre à l’école des apprentis de la RATP, il est adolescent et c’est alors qu’il découvre la réalité du monde du travail dans une grande entreprise de service public.
C’est aussi son premier contact avec la classe ouvrière. Là il forge sa conscience politique avec une exigence professionnelle affirmée afin d’être inattaquable dans le combat revendicatif.
Aux côtés de son père il rencontre les communistes. C’était la période où la guerre froide et l’anticommunisme pesaient tellement qu’il fallait monter la garde au siège national du Parti au 44 rue Le Peletier.
Lorsqu’il parlait de ces moments si particuliers, Roger le faisait avec l’humilité militante qui le caractérisait et la volonté de transmettre cette belle histoire écrite par des générations de communistes.
Il y avait la Résistance mais aussi les grandes luttes pour améliorer le vie des travailleurs, les congés payés et 36, les services publics, la sécurité sociale, le statut de la fonction publique… toutes ces conquêtes arrachées par les luttes ouvrières pour garantir la dignité humaine.
Au cours du soir Roger apprendra le dessin industriel et il approchera ainsi le moment de l’appel sous les drapeaux en mars 1957 avant d’être envoyé en Algérie.
Rendu au civil deux ans et demi après il décide avec Josette de s’installer en Corse. Sa formation d’ajusteur lui ouvre les portes des ateliers du Chemin de fer de la Corse.
Rapidement il rejoint le service voie et bâtiments au bénéfice de sa formation de dessinateur industriel. Il retrace la voie et en connaîtra au fil des années tous les détours. Ses qualités professionnelles le conduiront jusqu’à l’encadrement et aux responsabilités de chef de service.
Entre temps en 1965 il adhère au Parti, parrainé par un autre cheminot ancien résistant Innocent Zuccarrelli. La Corse, à ce moment-là est en effervescence, entre le Mouvement du 29 novembre, le CAPCO, le MRI…
Le Parti communiste, dirigé par Albert Ferracci et Albert Stefanini, anime le mouvement populaire. Roger se trouvera à leurs côtés naturellement. Les luttes se développent avec les mineurs de Canari, contre les essais nucléaires dans l’Argentella, plus tard pour empêcher les rejets des boues rouge de la Montedison.
C’est aussi la forte mobilisation pour la sauvegarde du Chemin de fer arrachée en 1970 et dans laquelle Roger s’impliquera totalement avec la CGT de manière intelligente et déterminée pour obtenir le soutien de la population.
Comme dix ans auparavant, 15 000 personnes envahiront les rues de Bastia, d’Ajaccio et de Calvi. L’État désignera alors la CFTA comme administrateur de séquestre du réseau en 1971. La bataille se poursuivra jusqu’au rattachement à la SNCF qui interviendra en 1983 avec le ministre communiste des transports Charles Fiterman.
Roger était de toutes les luttes avec les travailleurs de Job Bastos, de Fémenia, plus tard en 1989 dans le plus grand mouvement social de l’histoire de la Corse contre la cherté de la vie.
Ces années de combats rapprocheront Roger d’Albert Stefanini dont il disait avec affection qu’il était son père spirituel. Ensemble ils traverseront la Corse pour assurer les réunions des sections du Parti, structurer son organisation, permettre son renforcement.
Dirigeant de la fédération, il évoquait avec bonheur ces belles années militantes.
En 1983 il sera élu au conseil municipal de Bastia jusqu’en 1995. Adjoint au maire, il sera chargé de la structuration du service incendie. Son action permettra la réalisation de la caserne de Bastia en 1994.
Son combat contre l’injustice sociale pour une autre société le conduira avec Ange Tomei à créer l’antenne bastiaise du Secours populaire.
Roger était apprécié pour sa franchise, sa manière de défendre avec esprit d’ouverture ses convictions, l’idéal humaniste auquel il a consacré l’essentiel de sa vie. Il était un homme, sensible et généreux, fidèle à ses idées aimant les gens humbles et appréciant l’humour dont il ne manquait pas.
Ceux qui l'ont côtoyé de près perdent un ami d'une grande fraternité.
C’est cette belle image de l’homme et du militant, de l’élu intègre qui restera gravée dans nos mémoires.
En ce moment douloureux à vous sa famille qu’il chérissait tant, à vous ses proches, je tiens à exprimer la fraternelle solidarité des communistes.
Au revoir Roger ».