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Autonomie de la Corse : “un projet nécessaire” selon le député Paul Molac


Léana Serve le Lundi 25 Août 2025 à 19:17

Ce lundi, en ouverture de l’université d’été de Régions et Peuples Solidaires qui se tient à Taglio-Isolaccio, au village des Isles, jusqu'à mercredi, un débat était consacré à l’évolution statutaire de la Corse, avant le débat parlementaire annoncé pour la rentrée. Présent sur place, le député breton Paul Molac a exprimé son soutien au processus d’autonomie, qu’il juge “nécessaire” pour l’île.



Le député Paul Molac s'est dit favorable à une autonomie de la Corse
Le député Paul Molac s'est dit favorable à une autonomie de la Corse

Trois jours consacrés à une série de débats politiques, économiques et sociétaux, rassemblant élus, militants et représentants associatifs venus de toute la France. Depuis ce lundi, Régions et Peuples Solidaires tient son Université d'été au village des Isles à Taglio-Isolaccio. Une édition 2025 marquée par le 30e anniversaire du mouvement et organisée dans un contexte de forte actualité institutionnelle en Corse. Ce lundi, les débats ont d'ailleurs débuté par un échange consacré à l’évolution statutaire de l’île, alors qu’un projet de loi constitutionnelle doit être examiné dès la rentrée au Parlement. Adopté en Conseil des ministres le 30 juillet dernier, le texte vise à ouvrir la voie à une autonomie de la Corse, suite au processus de Beauvau, né après  à la flambée de violence dans l'île qui avait suivi la mort d'Yvan Colonna au printemps 2022. 
 

Aux côtés de Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente de l'Assemblée de Corse, de Romain Colonna, le président du groupe Fà Populu à l'Assemblée de Corse, et de Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte à l'Assemblée de Corse, Paul Molac, député du Morbihan et membre du groupe parlementaire Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), et engagé de longue date sur les questions régionales, a dressé l'état des lieux et les perspectives de cette évolution institutionnelle durant près de 2 heures.
Après avoir participé à une mission d’information parlementaire en Corse en février dernier, le député estime aujourd'hui que l’accord sur le projet d’autonomie est largement partagé sur l’île. “Nous sommes venus rencontrer les différents acteurs de la société corse, comme les partis politiques, les chambres d’agriculture, les chambres consulaires, les syndicats, les associations… Il y a un consensus dans la société", a-t-il constaté. Un consensus qui dépasserait même les frontières de la Corse, alors que 51 % des Français se disent favorables à l’autonomie de l’île, selon un sondage publié par l’IFOP ce lundi.
 
L’élu breton voit de plus dans cette réforme une réponse à un dysfonctionnement structurel de l’organisation de l’État. Pour lui, le modèle actuel est aujourd’hui inadapté à la complexité et à la diversité des réalités locales. “Le problème que l’on rencontre souvent, c’est que les choses sont pensées dans les ministères à Paris, avec des gens qui ont certes beaucoup de compétences, mais qui n’ont pas celle de terrain, et ce qu’ils proposent est quand même assez hors-sol, parce que chaque région est différente : ce que vous pouvez penser à Paris ne s’appliquera pas de la même façon en Bretagne, en Occitanie, et bien évidemment en Corse.” Selon lui, les difficultés de la Corse sont renforcées par l’insularité et le relief, qui rendent certains dispositifs nationaux inefficaces. 
 

“Le seul projet capable de maintenir la paix sociale”
 

Pour Paul Molac, ce projet de loi constitutionnelle marque ainsi un tournant potentiel dans l’histoire institutionnelle de la France. “Le fonctionnement très centralisé de notre pays est une anomalie en Europe occidentale”, affirme-t-il. “Dans la plupart des pays d’Europe, les régions disposent de compétences réglementaires, voire même législatives. La France est l’un des derniers pays à ne pas avoir franchi ce cap sur son propre territoire métropolitain, et c’est quelque part cette vision différente que les Corses peuvent apporter au reste de l'Hexagone. Je vois bien que les conditions sont quand même plus difficiles que dans d'autres régions de France et qu'il y a un besoin d'adaptation absolument nécessaire, mais c'est quelque chose qui permet d'ouvrir une voie pour une efficacité de l'administration et une efficacité au service du citoyen, et c'est en ça que ce qui est proposé me semble particulièrement important, évidemment pour la Corse, mais au-delà, pour le reste de la France métropolitaine.”

Ainsi, le député breton se dit pleinement favorable à cette réforme constitutionnelle, qu’il juge à la fois légitime et cruciale pour l’avenir de l’île. “C’est un projet que je soutiendrai, et c’est un projet éminemment nécessaire pour la Corse, et à mon sens, le seul capable de maintenir la paix sociale.”
Le texte doit maintenant franchir plusieurs étapes : examen à l’Assemblée nationale et au Sénat, puis adoption par les trois cinquièmes du Congrès. Un chemin exigeant, mais indispensable selon Paul Molac, pour inscrire durablement l’autonomie de la Corse dans la Constitution. “C’est tout à fait faisable, il n’y a rien qui empêche la Constitution d’évoluer et qui condamne à la centralisation. Aujourd’hui, on a la chance d'avoir une jeunesse corse qui ne demande qu'une chose, c'est de participer à son développement. Il ne faut pas l'abîmer, il faut au contraire lui donner les moyens de le faire", estime Paul Molac.