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Autonomie de la Corse : soutien majoritaire des Français selon l'Ifop


La rédaction avec l'AFP le Lundi 25 Août 2025 à 07:56

Le projet de révision constitutionnelle consacrant l'autonomie de la Corse bénéficie d'un soutien majoritaire, quoique mesuré (51%) des Français, et recueille l'adhésion massive (70%) des moins de 25 ans selon une enquête Ifop publiée lundi.



Autonomie de la Corse : soutien majoritaire des Français selon l'Ifop
Les Français sont très majoritairement favorables à un renforcement de la décentralisation qui permettrait d'adapter les lois aux réalités locales, ainsi qu'à un redécoupage de certaines grandes régions, selon une enquête Ifop publiée lundi.
À l'occasion de l'Université d'été de Régions et Peuples Solidaires qui se tiendra à Folelli, et alors que la question de l’autonomie de la Corse est plus que jamais d’actualité avec un projet de loi constitutionnelle inscrit à l’agenda parlementaire, l'Ifop publie une vaste enquête sur l'état du régionalisme français et les aspirations décentralisatrices des citoyens.
Cette étude, menée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français et de 7 échantillons territoriaux spécifiques, révèle une France en quête d'autonomie territoriale et d'identité régionale, qui ne cache pas son soutien aux revendications des régionalistes sur le plan juridique, territorial ou linguistique. Loin d'être un phénomène marginal, le régionalisme français s'affirme comme une aspiration profonde à repenser l'organisation territoriale du pays et à valoriser ses diversités culturelles et historiques. Cette radioscopie met en lumière un paradoxe français : celui d'un pays historiquement centralisé où s'épanouit une demande croissante de reconnaissance des spécificités régionales.



Soutien des Corses et des autres
Le projet de révision constitutionnelle consacrant l'autonomie de la Corse bénéficie d'un soutien majoritaire quoique mesuré (51%), et recueille l'adhésion massive (70%) des moins de 25 ans.
76% des 504 Corses interrogés par l’Ifop sont favorables au projet de loi constitutionnelle qui consacre le statut d’autonomie de la Corse en lui octroyant des pouvoirs d’adaptation et de fixation des normes, et plus de la moitié se dit « tout à fait favorable ».
En Corse, ce soutien à un statut d’autonomie est particulièrement fort chez les jeunes corses (87% des moins de 25 ans y sont favorables, contre 70% des séniors), en milieu rural (81%) et chez les insulaires se positionnant politiquement à gauche (83%) ou ni à gauche, ni à droite (83%).
À noter que le mouvement lepéniste, qui n’a jamais caché son opposition à un statut particulier pour la Corse, apparaît en porte à faux sur ce sujet avec ses électeurs corses qui soutiennent massivement ce statut d’autonomie : 74% des électeurs RN aux dernières élections législatives (2024) y sont favorables, tout comme 75% des électeurs de Marine Le Pen à la dernière élection présidentielle (2022), selon le sondage IFOP.
 
A l’échelle nationale, le soutien à ce projet de loi qui doit être discuté au Sénat en octobre est plus mesuré mais il reste majoritaire : 51% des Français y sont favorables, soit une proportion très similaire à celle observée en avril 2022 (53%) par l’Ifop au moment des émeutes survenues en réponse à l’agression mortelle du militant nationaliste Yvan Colonna. Par ailleurs, ce taux « moyen » masque mal une adhésion massive des jeunes français à l’autonomie corse (70% des moins de 25 ans) et, plus largement, un large soutien des habitants des autres « régions » à forte identité comme l’Alsace (72%), la Catalogne (61%), la Bretagne historique (65%) ou le Pays Basque (59%). 
Ce sondage a été réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 25 juillet sur un échantillon de 2.000 Français représentatif de la population française de 18 ans et plus, pour la formation régionaliste "Régions et peuples Solidaires".

Autonomie de la Corse : soutien majoritaire des Français selon l'Ifop
Plus des deux tiers des Français interrogés (68%) estiment que les collectivités locales n'ont "pas assez de pouvoir par rapport à l'État", un chiffre en progression de 18 points par rapport à 2012.
Cette hausse s'observe dans toutes les catégories de population, mais elle est particulièrement marquée chez les seniors, les habitants des communes rurales et les électeurs de Marine Le Pen.
Longtemps tabou, le fédéralisme gagne par ailleurs en légitimité populaire, avec 71% de personnes favorables à ce que la France "devienne fédérale".
L'adaptation territoriale des lois recueille également un soutien "massif et transpartisan", analyse l'Ifop, avec 73% des Français favorables à ce que les régions puissent "adapter les lois nationales pour tenir compte des réalités locales".
"Loin d'être un phénomène marginal ou folklorique, le régionalisme français s'affirme comme une dynamique majoritaire incitant à repenser l'organisation territoriale du pays", souligne François Kraus, directeur du pôle politique de l'Ifop.
Pour lui, "la demande de décentralisation n'est plus l'apanage des seuls militants régionalistes, mais devient une revendication transpartisane et intergénérationnelle".
Interrogés sur le redécoupage régional de 2015, plus des deux tiers des Français (68%) plébiscitent un nouveau redécoupage de certaines grandes régions "afin de mieux tenir compte des réalités culturelles et historiques".
Les Français sont toujours très majoritairement favorables aux revendications culturelles des régionalistes, plus des trois quarts (77%) soutenant la reconnaissance officielle des langues régionales, un chiffre stable depuis 25 ans, tandis que 84% soutiennent l'enseignement de l'histoire régionale à l'école, en complément de l'histoire nationale.
Le centralisme français fait sans surprise l'objet d'un rejet quasi-unanime, 90% des citoyens considérant que l'État central est "trop déconnecté des réalités locales".
"Cette critique du jacobinisme rassemble aussi bien les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (93%) que ceux d'Éric Zemmour (95%), les urbains (89%) que les ruraux (95%), les jeunes (79%) que les seniors (95%)", note l'Ifop.
Le centralisme médiatique cristallise également les frustrations territoriales, 82% des Français estimant que l'activité des médias "se concentre trop sur Paris".