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Après le feu de Chiatra-di-Verde : "Nous n'avons bénéficié d'aucune aide de l'Etat ou des collectivités"


le Mardi 13 Février 2018 à 22:17

Le 3 Janvier dernier la vie de la famille Martelli de Chiatra-di-Verde, a basculé. Ce soir là une véritable tempête de feu s'est abattue sur la commune. Avec dans son sillage le sinistre bilan que l'on sait. Aujourd'hui les stigmates du feu sont toujours visibles. Et ceux qui ont assisté impuissants à la destruction d'un pan de leur vie en parle toujours avec une grande émotion. Dominique Martelli, un jeune retraité de France 3, est de ceux là. Il était au cœur de la tourmente.



Dominique Martelli n'a rien oublié de la soirée du 3 Janvier
Dominique Martelli n'a rien oublié de la soirée du 3 Janvier
Mardi matin il a décidé de sortir du silence. Pour tout à la fois revenir sur cette soirée. Poser des questions. S'étonner du manque de retour d'expérience et de soutien ainsi que de l'isolement dans lequel se sont retrouvées les victimes des flammes

"J'ai pensé que nous allions y laisser la vie"
" A 20h15 une tempête de feu surgissant de derrière la montagne s'est subitement déchaînée. Alerté par la forte hausse de la température, j'ai alors découvert que notre maison était encerclée par les flammes. Quand j'ai constaté que les 200 mètres de chemin qui nous séparent de la route départementale étaient une fournaise aveuglante, j'ai pensé que nous allions y laisser la vie".

"Tous nos biens ont été détruits"
Tous nos biens ont été détruits sans que qui que ce soit ne tente d'éteindre le feu durant les heures qui ont suivi. Tout a été réduit en cendres, anéantissant la mémoire de nos vies. Nos photos d'enfance, celles de mes parents, de mes grands-parents et arrière grands-parents, sont parties en fumée. tous les meubles et objets qui ont accompagné durant des décennies notre existence ont disparu. Les murs de notre maison, que notre regretté père avait construite de ses propres mains, devront être rasés. Tous les biens que, durant des années, j'avais patiemment réunis dans la perspective de mon départ à la retraite le 1er Janvier, se sont consumés. Mais c'est pour ma maman que le choc a été le plus terrible."

"Personne ne nous a prévenus"
Le 3 Janvier au soi, personne ne nous a prévenus que le feu de Chiatra se dirigeait vers nous. L'incendie est parti en fin d'après-midi sous une ligne électrique reliant Chiatra à Petra-di-Verde, à plusieurs kilomètres de notre domicile. Il a d'abord détruit notre maison familiale du village de Chiatra, sans que nous le sachions, puis a descendu la vallée, caché de notre vue, jusqu'à la plaine où il a anéanti notre domicile ainsi que celui de ma sœur et, surtout, failli nous ôter la vie. Le hameau, d'une vingtaine de maisons, dans lequel nous résidons s'est trouvé livré à lui-même alors que le feu dévalait les pentes depuis des heures. Les circonstances m'ont amené à déposer plainte contre X à la gendarmerie de Cervoni.
 

"Relogés par nos propres moyens"
Nous nous sommes, ensuite, relogés par nos propres moyens et n'avons bénéficié, à ce jour, d'aucune aide que ce soit de l'Etat ou des collectivités, seule l'association de Cervioni nous a remis 1 000€ et quelques amis nous ont apporté leur soutien. De surcroît, des allégations calomnieuses circulent, qui prétendent que nos maisons n'auraient brûlé que parce que notre terrain aurait été mal entretenu. Ceci est un mensonge blessant. Un entretien long et soigneux de nos terrains a été réalisé depuis l'été jusqu'au mois d'Octobre par un professionnel qui m'a fourni, à chaque fois, des factures  assorties de photos des travaux réalisés que ce soit pour le village ou pour la plaine."

"Décalage"
"Il y a un décalage entre tout le ramdam que l'on a fait le lendemain tout autour de l'incendie et la réalité. Aujourd'hui nous sommes dans la quasi solitude. Pour le moindre fait divers on ouvre des cellules psychologiques. Ici rien. Pas de signe de la collectivité locale. Et pas davantage de l'Etat. Nous avons passé une semaine à l'hôtel et le seul contact que j'avais sollicité à la préfecture n'a jamais eu de prolongements."

"Pas de retour d'expérience"
"Après un tel désastre un retour d'expérience s'imposait mais je n'ai pas le sentiment qu'il y en aura un. Mais à mon avis les élus seraient bien inspirés s'ils exigeaient avec davantage de vigueur l'enfouissement des lignes électriques qui surplombent de véritables forêts emminement combustibles".