Pour l'auditoire déjà captivé, un tête-à-tête entre deux romanciers va se mettre en place. Marc Biancarelli, avec son dernier roman, Massacre des innocents, aux éditions Actes Sud, nous transporte au cœur du siècle d'or hollandais, le XVIIeme, dans une Europe en pleine mutation et aux confins du monde connu. Avec pour point de départ, le naufrage du Batavia, navire de la Compagnie des Indes, l'auteur construit un récit multiple et livre durant la rencontre quelques unes des clés du roman, l'importance du genre d'aventure, de l'Histoire comme source d'inspiration. La construction des personnages sera au cœur de son intervention, ils se révèlent au travers de la peinture, omniprésente dans le roman, car l'ouvrage est aussi une traversée de l'esthétique picturale de ce grand siècle.
Jean-Marc Olivesi, histoirien, Conservateur en chef de la Maison Bonaparte à Ajaccio, prolongera cette rencontre romanesque en présentant son roman Salomé aux Enfers (les carnets de Frania Mond), aux éditions Albiana. Également lié de manière étroite à une matière historique, ce texte est une plongée dans la réalité du ghetto de Varsovie, qui nous est décrit par le personnage principal, Frania Mond, une chanteuse lyrique hantée par la figure de Salomé, révélée dans l'opera de Strauss. Jean-Marc Olivesi parle longuement de ce personnage et de sa genèse, de l'abondante documentation qu'il a reunie sur le quotidien du ghetto, sur Auschwitz, et de l'importance de l'art à ce moment précis de l'histoire. L'écriture concentrationnaire a marqué l'écrivain et le ton du roman, qui se traverse à la fois comme un documentaire et comme le récit, à la première personne, d'un destin hors du commun.
Pour clôre cette rencontre, c'est le poète Stefanu Cesari qui présente son recueil Bartolomeo in cristu, aux éditions Eoliennes, un texte poétique né de la contemplation d'une fresque dans la chapelle de San pantaleu, à Gavignanu. Un saint parmi d'autres se détache, il s'agit de Bartolomeo, entièrement peint de la couleur de son sang. Cette silhouette fascinante va donner naissance à un texte, à la fois récit de voyage, méditation, incursion dans des terres anciennes faites de couleurs et de matières, de violence et de joie.
Des signatures et une dégustation des vins du clos d'Orlea viennent conclure cette rencontre, sous le signe conjugué de l'amitié et du soleil.